En parallèle, Riyad réagit. Ainsi, le roi Salmane et son fils, le prince héritier et dirigeant de facto de l’Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane, ont félicité le même jour Ahmad al-Charaa pour sa nomination comme président par intérim de la Syrie, a rapporté l’agence de presse officielle saoudienne SPA. Le nouvel homme fort de Damas espère l’aide de l’Arabie saoudite pour la reconstruction de la Syrie. Y aura-t-il droit lorsqu’on sait qu’entre Riyad et Doha, il n’y a pas eu de « lune de miel » en dépit de la réconciliation entre les deux pays.
La veille mercredi, l’administration des opérations militaires syriennes a annoncé la nomination de A. al-Charaa, alis Mohamed al-Joulani, en tant que président de transition du pays, l’abrogation de la Constitution de 2012 et la dissolution du parlement, de l’armée et des agences de sécurité de l’ancien régime, tombé en décembre dernier. De plus, toutes les factions militaires ainsi que les organismes politiques et civils révolutionnaires seront dissous et intégrés aux institutions de l’État, selon un communiqué proclamant la « Victoire de la Révolution », d’après l’agence de presse officielle SANA.
Le communiqué prévoit également la dissolution du Parti Baas, qui dirigeait l’ère Assad, du Front Progressiste National, ainsi que de toutes les organisations, institutions et comités affiliés, avec une interdiction de leur reformation sous quelque nom que ce soit.
L’administration a également autorisé A. al-Charaa à choisir un conseil législatif provisoire pour superviser la gouvernance jusqu’à l’adoption et la mise en œuvre d’une constitution permanente.
Autre renaissance :
Le Parti Baas arabe socialiste syrien, fondé en 1947 par Michel Aflaq, Salah al-Din al-Bitar et Zaki al-Arsuzi, est une organisation politique panarabe ayant pour objectif l’unité et le renouveau des pays arabes, basés sur le nationalisme arabe, le socialisme et la lutte contre le colonialisme. Le « Baas » qui signifie « renaissance » en arabe, entendait redonner aux Arabes leur dignité et leur puissance face à l’Occident. Le parti a pris le pouvoir en Syrie en 1963, après un coup d’État, puis avec celui de Hafez al-Assad, qui, en 1970, a consolidé son autorité. Sous la famille Assad, père et fils, le Baas est devenu l’ossature idéologique de la Syrie.
Le nationalisme arabe est au cœur du mouvement. Le Baas considère le monde arabe comme une entité unifiée, avec une culture et une histoire communes. Le parti défend également une version du socialisme, mais spécifiquement adaptée au contexte arabe. Ce socialisme inclut une économie planifiée et une redistribution des richesses, tout en mettant l’accent sur la justice sociale et la lutte contre les inégalités économiques. Cependant, ce modèle n’a pas toujours été mis en œuvre de manière strictement marxiste ; il a plutôt pris la forme d’un socialisme nationaliste, favorisant une forte intervention de l’État dans l’économie, notamment dans les secteurs stratégiques.
Au niveau de ses relations avec l’étranger, très rapidement le parti baas a fait le choix d’un alignement sur l’Union soviétique et après sur la Russie au lendemain de la Guerre froide. Moscou a d’ailleurs joué un rôle central pour protéger le gouvernement de Bachar el-Assad en luttant activement contre les groupes djihadistes. De surcroît, le parti baas syrien, contrairement au mouvement baas irakien, a privilégié des liens stratégiques avec l’Iran dès l’avènement de la République islamique iranienne en 1979.