Dans le premier article du décret présidentiel, il est précisé que les États-Unis s’engagent à soutenir « une Syrie stable, unie et en paix » avec elle-même et ses voisins. À la lumière des développements des six derniers mois, « y compris les actions positives entreprises par le nouveau gouvernement syrien sous le président Ahmad Charaa », la décision a été prise de lever les sanctions du pays.
L’ordre permettra un assouplissement de la supervision des exportations et autres restrictions sur la Syrie, ainsi que d’autres actions qui seront entreprises par le Secrétaire d’État, le Secrétaire au Trésor et le Secrétaire au Commerce, ainsi que par d’autres départements et agences d’exécution des États-Unis. La section 8 du décret utilise un langage plus vague concernant le traitement futur d’ « al-Nosra » (Hayat Tahrir al-Cham) et du président syrien Ahmad Charaa (alias Joulani), qui figurent actuellement sur les listes noires américaines en raison de leur passé terroriste actif. En fait, il est sous-entendu qu’ils sont soumis à un « test » qui déterminera finalement leur sort.
La levée des sanctions américaines survient alors que Gideon Saar, ministre israélien des Affaires étrangères, a affirmé lundi qu’Israël était « intéressé » par une normalisation de ses relations avec la Syrie dans le cadre des accords d’Abraham de 2020.
Parrainés par le président américain lors de son premier mandat à la Maison Blanche, ces accords ont vu le Bahreïn, les Emirats arabes unis, le Maroc et le Soudan établir des liens formels avec l’entité sioniste.
A signaler qu’un haut responsable américain a déclaré à Axios que des « discussions préliminaires très discrètes se déroulent entre la Syrie et Israël sous les auspices des États-Unis », soulignant que « les avancées diplomatiques sont comme éplucher un oignon ».
Du côté israélien, un haut responsable a déclaré au même site américain « qu’Israël cherche à obtenir l’assurance que toute négociation aboutirait finalement à une normalisation et à un accord de paix complet », notant « qu’un accord n’est pas à l’horizon immédiat et qu’il faudra du temps pour réaliser des progrès tangibles ». Le responsable israélien a ajouté que « Netanyahu vise un ensemble d’accords avec Damas, par étapes, à commencer par une version actualisée de l’accord de désengagement de 1974 et se terminant finalement par un accord de paix total et une normalisation des relations ».
Des responsables israéliens et américains ont déclaré au site que « l’envoyé américain Tom Barrack était en contact avec des responsables syriens depuis sa visite en Israël au début du mois pour explorer la possibilité de lancer des pourparlers formels entre Tel-Aviv et Damas ». Dans ce contexte, les responsables israéliens ont demandé à Washington « de jouer un rôle plus actif dans la médiation de la situation, ce qui donnerait au nouveau gouvernement syrien une motivation plus forte pour s’engager sérieusement dans des négociations », selon Axios.
« Israël communique avec la Syrie par au moins quatre canaux différents, notamment le conseiller à la sécurité nationale de Netanyahu, Tzachi Hanegbi, le directeur du Mossad, David Barnea, le ministre des Affaires étrangères Gideon Saar et l’armée israélienne par le biais d’une coordination militaire quotidienne », selon Axios.
Un responsable américain a ajouté que « les discussions sont actuellement limitées à des responsables « en dessous du niveau du président syrien Ahmad al-Charaa (Golani) » et « qu’il n’y a pas encore eu de discussion sur la tenue d’un sommet entre al-Charaa et Netanyahu ».
Le 26 juin, les médias israéliens ont rapporté « qu’il y a une communication quotidienne directe entre le nouveau régime syrien et Israël ». Axios a précédemment rapporté que « Netanyahu est intéressé par la négociation d’un accord de sécurité comme étape intermédiaire vers un accord de paix global avec Damas ».
En Israël, les déclarations de responsables israéliens évoquent de plus en plus ces tractations. Bezalel Smotrich, ministre israélien des Finances, a déclaré que « la Syrie, qui rêvait autrefois d’effacer Israël de la carte, nous envoie aujourd’hui des émissaires pour parler de normalisation et de paix. » Gideon Saar, ministre israélien des Affaires étrangères, a annoncé lundi qu’« Israël souhaitait établir des relations diplomatiques officielles avec la Syrie et le Liban » tout en spécifiant que « nous ne discuterons pas du plateau du Golan dans aucun accord de paix. »
Des sources politiques libanaises ont fait état de pressions énormes exercées sur le Liban afin qu’il avance avec la Syrie vers la normalisation avec l’entité sioniste, a rapporté le quotidien libanais ad-Diar. « La signature d’un accord de paix avec Israël par le président syrien Ahmad al-Charaa est tranchée et n’est qu’une question de quelques semaines ou mois », selon ces sources.