Les combats qui impliquent des groupes druzes et des factions liées au pouvoir, selon l’OSDH, ont été déclenchés après la diffusion sur les réseaux sociaux d’un message audio attribué à un druze et jugé blasphématoire à l’égard du prophète Mohammad. Ces violences ont réveillé le spectre des massacres qui ont fait plus de 1.700 morts, en grande majorité parmi la minorité alaouite dont était issu le président déchu Bachar al-Assad, renversé en décembre par la coalition islamiste à présent au pouvoir. 

Une source du ministère de la Santé selon laquelle 11 personnes ont été tuées et d’autres blessées imputent les tirs à des « groupes hors-la-loi qui ont pris pour cible les civils et les forces de sécurité dans la région de Sahnaya ». Selon l’agence Sana, il s’agit de 5 membres des forces de sécurité qui ont été visés par des francs-tireurs relevant de groupes armés et de six autres personnes qui se trouvaient dans une voiture prise pour cible par ces groupes, a précisé Ali al-Rifaï, directeur des relations publiques du ministère de l’Information. 

Dans l’après-midi de mercredi, « les forces de la Sûreté générale sont entrées dans la plupart des quartiers de Sahnaya où elles ont opéré des opérations de ratissage contre des sites contrôlés par des hors-la-loi », a rapporté la Direction de sécurité de la province de Damas. Des sources locales ont révélé que les mosquées de la Ghouta orientale à l’est de Damas ont lancé des appels à ceux qui peuvent porter des armes pour se rendre aux fronts de combat à Jaramana et Sahnaya. Des convois des factions armées ont été envoyés depuis les gouvernorats de Hama et d’Idleb dans le nord syrien vers ces deux villes, selon ces sources.  

Tel-Aviv s’implique 

Fait marquant, Israël est intervenu mercredi dans ces violences confessionnelles au motif de protéger la communauté druze. Benjamin Netanyahu, Premier ministre israélien, et Israël Katz, son ministre de la Défense, ont annoncé conjointement que l’armée avait mené « une action d’avertissement » contre un « groupe extrémiste qui se préparait à attaquer la population druze de la ville de Sahnaya ». 

« Dans le même temps, un message ferme a été adressé au régime syrien: Israël attend de lui qu’il agisse pour protéger la communauté druze », a ajouté le texte. 

L’attaque israélienne a été menée au moyen de drones, a précisé l’Organisation de radiodiffusion israélienne. Le ministère syrien de l’Intérieur a fait état de deux raids aux drones israéliens qui ont pilonné un rassemblement des forces de sécurité aux périphéries de Sahnaya, causant la mort d’un élément. 

Dès la chute d’Assad le 8 décembre, après plus de 13 ans de guerre civile, Israël occupe et contrôle de larges pans dans les trois gouvernorats du sud, Quneitra, Souweida et Deraa. Ses dirigeants ont multiplié les gestes d’ouverture envers la communauté druze. Début mars, à la suite d’escarmouches à Jaramana, ils ont menacé d’une intervention militaire si les nouvelles autorités syriennes, qui se sont engagées à protéger les minorités, s’en prenaient aux druzes. 

Les dignitaires druzes avaient immédiatement rejeté ces propos, réaffirmant leur attachement à l’unité du pays multiconfessionnel et mettant en garde contre « des velléités israéliennes de semer la sédition ». Leurs représentants négocient actuellement avec le pouvoir central à Damas un accord qui permettrait l’intégration de leurs groupes armés dans la future armée nationale. 

Selon la télévision d’information libanaise al-Mayadeen, des druzes du Golan syrien occupé ont franchi mercredi la bande frontalière pour exprimer leur solidarité avec les druzes de Sahnaya. Leur guide spirituel en Israël, cheikh Mwafaq Tarif avait réclamé « une intervention immédiate de la part de l’armée israélienne pour empêcher un massacre imminent à l’encontre des villages druzes syriens ». 

A Souweida, une manifestation protestant contre les agressions à Jaramana et Sahnaya a eu lieu dans la place de la ville. Les manifestants ont scandé des slogans qui imputent au gouvernement syrien la responsabilité de l’escalade. 

Le Conseil militaire du gouvernorat de Souweida a affirmé que « l’escalade terroriste » à Sahnaya et Jaramana relèvent de la responsabilité de « l’autorité de fait accompli à laquelle nous nous opposons ». « La complicité et le silence de ces parties constituent un partenariat clair dans l’incitation et la perpétration des crimes dirigés contre nous, les druzes, en particulier, ce qui menace l’unité du tissu national syrien dans son ensemble », a déploré son communiqué. 

Un autre groupe de Souweida, « la brigade de la montagne » a averti que « l’administration à Damas prône le double standard et a intérêt à permettre les conflits sectaires ». « Son incapacité à arrêter les attaques des takfiris et des terroristes qui lui sont fidèles sur Achrafieh Sahnaya la tiendra entièrement responsable de tout ce qui se passera ensuite », a-t-il déploré. 

Pendant les obsèques de sept combattants druzes tués à Jaramana mercredi, des participants brandissaient le drapeau druze aux cinq couleurs, ont constaté des journalistes de l’AFP

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