Après un lancement avorté le 31 mai dernier – la réunion du F24 avait été empêchée par les forces de l’ordre -, le dialogue « du peuple » de la plateforme a bel et bien débuté mardi 20 juin. Deux thèmes sont à l’ordre du jour : la justice, et le 3ᵉ mandat. Le dialogue se déroule à l’heure où le président Macky Sall ne s’est toujours pas prononcé sur une éventuelle nouvelle candidature.
Dr Abdourahmane Diouf préside cet atelier. « Aujourd’hui, nous vivons dans un pays bloqué, les universités sont saccagées, on s’attaque à l’économie de façon générale. Et tout ce bouillonnement a une seule explication, c’est le fait générateur : c’est parce que nous avons un président qui a décidé que quoi qu’il advienne, il va essayer de briguer une 3ᵉ candidature. »
C’est un dialogue « ouvert à tous » selon ses organisateurs, qui se déroule également en ligne. « Ce que nous attendons, c’est de renouveler les fondamentaux de la République démocratique, explique Fatou Ndiaye Diop Blondin, membre du F24. Beaucoup d’institutions sont discréditées du fait de leur utilisation à des fins politiques, en particulier la justice. Donc, remettre à jour ces institutions et ces notions pour que le Sénégal avance après avoir traversé les crises de ces derniers jours. »
Les conclusions sont attendues vendredi. Une deuxième phase de ce « dialogue parallèle » devrait notamment être consacrée à l’« hyper-présidentialisme », après la fête musulmane de la Tabaski.
A signaler aussi que le Pastef revient, dans un document de 36 pages et 22 annexes, sur les procédures judiciaires contre Ousmane Sonko, « la traque des militants du parti », ou encore le recours par le pouvoir à des hommes de main, des nervis, pendant les manifestations.
« Vous me permettrez de citer in extenso le président Ousmane Sonko, lance le député, Birame Soulèye Diop : « Face aux événements tragiques qui ont suivi le harcèlement judiciaire et la décision dont j’ai été l’objet dans l’affaire m’ayant opposé à une citoyenne sénégalaise, qui m’a injustement accusé de viol, je voudrais porter à l’attention de l’opinion nationale et internationale ma part de vérité. » »
O. Sonko est toujours bloqué à son domicile de Dakar. « Séquestré » depuis 20 jours, selon le Pastef. Il demande une enquête indépendante sous l’égide de l’ONU et de l’Union africaine. « Plus de 80% de ces victimes-là ont été tuées par balles. J’accuse le gouvernement du Sénégal d’avoir été l’auteur de ripostes disproportionnées. Ils ont acheté énormément d’armes et nous disent que les terroristes sont entrés au Sénégal. »
Le parti d’O. Sonko a également annoncé une saisine de la CPI, la Cour pénale internationale, via l’avocat français Juan Branco. « C’est de la fanfaronnade », avait lancé Sidiki Kaba, ministre des Forces armées, jeudi dernier.
Dans ce contexte de tension politique, les journalistes Pape Ndiaye et Serigne Saliou Guèye ont été libérés mardi et placés sous contrôle judiciaire. Ils étaient en détention notamment pour « diffusion de fausses nouvelles ». La Coordination des associations de presse a renoncé à sa « journée sans presse » annoncée pour vendredi.