« Quelle que soit l’évolution future du conflit russo-ukrainien – cessez-le-feu, paix instable ou victoire décisive (pour l’un ou l’autre camp) – le crime organisé réagira rapidement pour tirer parti des nouvelles opportunités et des vulnérabilités actuelles, dont beaucoup se sont accumulées depuis des années », lit-on dans le rapport. Selon le même rapport, en plus des armes, des milliers de vétérans ukrainiens aguerris devraient poser une sérieuse menace de recrudescence de la criminalité, de la corruption, du trafic d’armes et de l’instabilité sur l’ensemble du continent européen.
À ce propos, le rapport explique que « la guerre russo-ukrainienne a permis à des centaines de milliers de personnes de perfectionner leurs compétences dans divers arts de la guerre, du tir au maniement des drones ». Ce « vivier de talents » qui ne seront plus nécessaires pour les besoins du front, risque « non seulement de renforcer le crime organisé, mais pourrait même transformer ses opérations et ses méthodes. L’expertise criminelle pourrait également devenir disponible sous forme de services », souligne la même source.
D’après l’Initiative mondiale, les gigantesques quantités de matériel militaire de tous types pourraient profiter au marché noir sur deux niveaux. Au niveau le plus bas, les équipements militaires devraient profiter à l’économie souterraine avec les surplus militaires de voitures, de vêtements et d’équipements à double usage. À un niveau plus élevé et plus inquiétant, la cessation des combats pourrait déclencher une déferlante d’armes issues du trafic en provenance de la zone de conflit. Mais d’après le rapport, le phénomène « pourrait ne pas se manifester immédiatement : les criminels pourraient profiter de la confusion engendrée par la transition après la loi martiale pour acquérir des stocks, puis attendre que les conditions du marché (et la baisse de vigilance des forces de l’ordre) soient optimales avant d’exploiter les opportunités commerciales ».
Dans une autre perspective, la corruption en Ukraine constitue une autre préoccupation majeure. Selon les estimations les plus récentes, citées par le rapport, l’Ukraine aurait besoin de 524 milliards de dollars pour réparer les dommages causés par la guerre. Selon la même source, il existe un risque réel d’exploitation de la reconstruction par les réseaux criminels pour blanchir de l’argent et gagner en influence.
« Compte tenu du passé de l’Ukraine, de nombreuses inquiétudes ont été exprimées quant aux risques de corruption entourant ces fonds », préviennent les auteurs du rapport. Malgré les préoccupations croissantes concernant le trafic d’armes et la fraude, certaines institutions européennes continuent de faire pression pour l’adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne. Selon les analystes, cela pourrait affaiblir davantage les contrôles aux frontières et les mécanismes de surveillance.
Le rapport avertit enfin que sans une stratégie coordonnée à long terme, les pays occidentaux risquent de subir les conséquences d’un conflit qu’ils ont contribué à alimenter, mais qu’ils peinent désormais à contrôler.