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Tension russo-occidentale : Moscou entend mettre un terme à la suprématie US

Serguei Lavrov, chef de la diplomatie russe a regretté les déclarations faites par Josep Borell, son alter ego de l’Union Européenne, qui affirmait le soutien militaire à Kiev et la prédisposition de Bruxelles à accentuer davantage le train des sanctions contre Moscou. Pour le ministre russe des Affaires étrangères, rien ne changera au niveau de l’engagement de la Russie qui reste fermement décidée à mettre un terme à la domination américaine. Rejoignant en cela l’analyse faite par Sergei Naryshkin, chef du SVR (service russe de renseignement extérieur), sur la situation en Ukraine et dans le monde.

L’opération militaire spéciale de la Russie a été un véritable moment de vérité pour le monde russe, déclarant fermement qu’il était prêt à défendre pleinement son droit à une existence originale face au mondialisme agressif incarné par l’hégémonie américaine, l’élargissement de l’OTAN, la politique de « l’interventionnisme libéral » et la propagande LGBT, a indiqué S. Naryshkin.

« L’amertume de la confrontation indique clairement que nous parlons de quelque chose de bien plus vaste que le sort du régime de Kiev. En fait, l’architecture de tout l’ordre mondial est en jeu. Nous pouvons dire avec confiance : il n’y aura pas de retour à l’ancien monde », tranche le patron du SVR.

Pour ce patron du renseignement russe, « l’opération spéciale russe mettra définitivement fin aux tentatives de transformer l’Ukraine en un État fantoche russophobe, construisant son identité sur la base de la diabolisation de tout ce qui la relie objectivement à la Russie. » Affirmant en sus qu’ « au stade actuel, Washington considère que sa tâche principale est de prolonger le conflit autant que possible, de le rendre aussi coûteux que possible à la fois pour Moscou et Kiev, et en même temps d’empêcher l’escalade de se propager plus loin vers l’Occident. L’OTAN, comme le soulignent les « stratèges » américains, tente de transformer l’Ukraine « en une sorte d’Afghanistan ».

N’ayant « ni la force ni le courage de défier la Russie ouvertement et honnêtement, ajoute-t-il, l’Occident essaie d’organiser un blocus économique, informationnel et humanitaire pour notre pays, de créer une atmosphère de « toxicité » autour de lui qui y rendrait impossible la poursuite de la normalité la vie. » Et de rappeler que « tactiquement, l’Occident utilise le mécanisme de la « culture d’annulation » élaboré par les élites libérales de gauche américaines sur leurs concurrents de droite », pour l’étendre « désormais au niveau mondial. »

Une vie confortable et sécurisée, en particulier pour la classe moyenne, est depuis de nombreuses années l’un des piliers de la stabilité politique des pays occidentaux. Aujourd’hui, à cause de la « croisade » de Washington contre la Russie, la population des États-Unis et des pays de l’UE est confrontée à une hausse sans précédent des prix du carburant, de l’électricité et de la nourriture.

Pour le patron des services russes, les résidents d’Europe ont déjà commencé à se préparer mentalement aux perspectives d’introduire des cartes alimentaires et de couper les radiateurs, qui, il s’avère, « peuvent être facilement remplacés par des pulls ».  Les élites occidentales utilisent simplement la situation actuelle pour mettre en œuvre des plans longtemps caressés pour l’élimination de facto de la classe moyenne dans l’esprit du scénario bien connu proposé par le Forum économique mondial de Davos : « D’ici 2030, vous n’aurez rien et vous serez heureux ! »

S. Naryshkin considère que «la volonté de maintenir le rôle d’hégémon mondial pousse les États-Unis à de dangereuses aventures militaro-politiques. Le développement de la confrontation géopolitique sur le théâtre d’opérations européen est suivi de près par les dirigeants des pays du monde non occidental. Tous, y compris les alliés des États-Unis, ne sont pas opposés à tester la force de l’hégémonie qui s’affaiblit en élargissant les limites de ce qui est possible en matière de politique étrangère et intérieure. » Ajoutant qu’ « en ce moment, une étape fondamentalement nouvelle de l’histoire européenne et mondiale se déroule sous nos yeux. Son essence réside dans l’effondrement du monde unipolaire et du système de relations internationales fondé sur le droit du plus fort, c’est-à-dire les États-Unis, de détruire d’autres États afin d’empêcher la moindre possibilité de leur transformation en centres de pouvoir alternatifs. Aujourd’hui, la Russie conteste ouvertement ce système – créant un monde véritablement multipolaire qui n’a jamais existé auparavant et dont tout le monde bénéficiera à l’avenir, même nos adversaires actuels ».

Le chancelier autrichien à Moscou

Après s’est rendu en Ukraine où il a rencontré, duant le week-end, le président Volodymyr Zelensky et visité la ville de Boutcha, le chancelier autrichien Karl Nehammer est attendu à Moscou, pour discuter avec le Président Vladimir Poutine de la mise en place de couloirs humanitaires et d’un éventuel cessez-le-feu. K. Nehammer affirme aussi qu’il évoquera les « crimes de guerre » dont la Russie est accusée. Pour le chancelier autrichien, « ne rien faire » n’est pas une option, il veut être un médiateur dans ce conflit, un « bâtisseur de ponts », dit-il, et tout tenter pour que la guerre cesse. L’Autriche est militairement neutre, non membre de l’Otan mais il ne sera pas « moralement neutre » face à Vladimir Poutine a-t-il expliqué.

L’Autriche a condamné l’agression russe et a même, la semaine dernière, expulsé quatre diplomates russes de son sol. Mais K. Nehammer estime que son pays a toujours « des canaux de discussions ouverts » avec la Russie et souhaite les mettre à profit, même s’il reconnaît que ses chances de succès sont minces.

Il s’agit-là du premier déplacement d’un chef d’Etat européen à Moscou depuis le début de l’opération russe en Ukraine.  Une visite qui intervient au moment où le chef de la diplomatie de l’Union européenne a prôné une solution militaire et non diplomatique au conflit en Ukraine où déferlent depuis vendredi des dirigeants occidentaux qui cherchent les moyens d’augmenter l’aide militaire à l’Ukraine sur fonds de sanctions intensives.

Suite à sa visite en Ukraine le 8 avril, en compagnie de la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, J. Borrel a écrit sur sa page Twitter qu’il faut gagner cette guerre sur le champ de bataille.
« Cette guerre sera gagnée sur le champ de bataille. 500 millions d’euros supplémentaires de l’#EPF sont en cours. Les livraisons d’armes seront adaptées aux besoins ukrainiens», a-t-il tweeté.
« Il est très important que la Russie comprenne qu’une attaque contre l’Ukraine aura un coût économique très élevé et des conséquences politiques pour elle », avait averti le chef de la diplomatie européenne J. Borrell à l’issue de la réunion avec le président ukrainien. « Nous misons sur la dissuasion pour éviter une guerre, car une fois lancée, elle est très difficile à arrêter. Il faut se préparer au pire en espérant que le meilleur se produise », a-t-il expliqué.

U. Der Lyne a pour quant à elle proposé au président ukrainien de rejoindre l’Union européenne. « Mon message est clair, l’Ukraine appartient à la famille européenne, nous avons entendu votre demande haut et fort, et nous sommes ici aujourd’hui pour vous donner la première réponse positive », a-t-elle affirmé.

Le jour même, l’Allemagne a déclaré avoir quasiment épuisé ses possibilités d’approvisionner l’Ukraine, faute de stocks disponibles. Elle a toutefois proposé des livraisons effectuées directement avec l’industrie de l’armement.

« Pour les livraisons provenant des stocks de la Bundeswehr, je dois dire honnêtement que nous sommes entre-temps arrivés à une limite », a expliqué Christine Lambrecht, ministre allemande de la Defense au journal Augsburger Allgemeine. Mais « cela ne veut pas dire que nous ne pouvons pas faire plus pour l’Ukraine, c’est pourquoi nous avons clarifié ce que l’industrie peut fournir directement » à Kiev, poursuit la ministre. Berlin se concerte « continuellement avec l’Ukraine à ce sujet ».

La veille, Dmytro Kouleba, chef de la diplomatie ukrainienne, avait exhorté les membres de l’Otan à lui fournir rapidement plus de matériel militaire, notamment des armes lourdes. Il s’est spécifiquement adressé à l’Allemagne.
« Il est clair que l’Allemagne peut faire plus, compte tenu de ses réserves », a-t-il affirmé.

Les Ukrainiens ont notamment sollicité de Berlin la fourniture de cent blindés de type Marde fabriqués par l’entreprise allemande Rheinmetall.
Cette dernière a indiqué pouvoir préparer rapidement une vingtaine de blindés, actuellement en cours de maintenance, mais selon des médias allemands, la question d’une telle livraison est débattue par les experts en sécurité du gouvernement car elle pose des questions de faisabilité technique, de délais logistiques et de maintien à niveau de l’arsenal allemand.

Jusqu’à l’opération russe, le 24 février, l’Allemagne a rechigné, pour des raisons historiques, à envoyer des armes en Ukraine qui les réclamait face à la montée des tensions avec Moscou. Le chancelier Olaf Scholz a ensuite opéré une volte-face et les forces ukrainiennes ont déjà reçu de Berlin des armes antichar, des lance-missiles et des missiles sol-air.

Samedi 9 avril, c’est le Premier ministre britannique qui s’est rendu à Kiev. Plus tôt dans la journée, Boris Johnson a écrit sur les réseaux sociaux que Londres avait convenu avec Berlin d’«aller plus loin pour aider l’Ukraine».
«Le Royaume-Uni enverra davantage d’armes défensives à l’Ukraine et travaillera avec ses partenaires du G7 pour cibler tous les piliers de l’économie russe afin d’assurer l’échec de Poutine».

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