Comme il l’avait promis, K. Kilçdaroglu a utilisé le tribunal comme une tribune pour répéter les accusations qui lui valent ce procès. L’ancien rival de Recep Tayyip Erdogan à dernière la présidentielle est poursuivi pour « insulte au chef de l’État » en raison de propos qui datent d’une dizaine d’années, à l’époque où R.T. Erdogan était encore Premier ministre. Ils concernaient un vaste scandale de corruption impliquant, fin 2013, des proches du dirigeant turc – une affaire que le pouvoir avait rapidement étouffée.
Devant les juges, K. Kılıçdaroğlu a qualifié plusieurs fois le président de « voleur », et même de « chef des voleurs ». Visiblement, l’ancien dirigeant du Parti républicain du peuple (CHP) n’a pas été intimidé par le ministre de la Justice qui avait estimé la veille que ce procès devait servir « d’exemple » à ceux qui « insultent » le chef de l’État.
Le principal parti d’opposition turc voit aussi ce procès comme une occasion de resserrer les rangs. Depuis la défaite à la présidentielle de l’an dernier, le CHP donne l’image d’un parti très divisé, notamment entre partisans de K. Kiliçdaroglu et ceux de son successeur, Özgür Özel.
L’actuel chef du CHP assistait ainsi à l’audience aux côtés de nombreux députés, maires et membres du parti. K. Kiliçdaroglu n’est d’ailleurs pas le seul membre du CHP à être poursuivi par R.T. Erdogan pour « insulte envers le chef de l’État ». Une autre accusation vise Ö. Özel, le président du CHP, et le président turc a porté plainte début novembre contre le maire d’opposition d’Istanbul Ekrem Imamoglu pour des propos diffamatoires qu’il aurait tenus la veille lors d’un rassemblement, selon l’agence de presse gouvernementale Anadolu.