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Tension maximale entre Berlin et Moscou : La diplomatie russe convoque l’ambassadeur d’Allemagne

Dmitri Peskov a dénoncé lundi le rôle de l'Occident en Ukraine. L'ambassadeur d'Allemagne a aussi été convoqué au ministère russe des Affaires étrangères, à la suite de la révélation par Margarita Simonian d'une discussion entre des officiers supérieurs allemands sur une attaque du pont de Crimée avec des missiles Taurus.
Tension maximale entre Berlin et Moscou : La diplomatie russe convoque l’ambassadeur d’Allemagne

Le Kremlin a dénoncé ce 4 mars « l’implication directe » de l’Occident en Ukraine, après les révélations par M. Simonian d’une discussion entre des officiers supérieurs allemands évoquant des frappes de missiles allemands par l’Ukraine sur le territoire russe. « L’enregistrement lui-même témoigne qu’au sein de la Bundeswehr, on discute de manière détaillée et concrète de projets d’effectuer des frappes contre le territoire russe », a-t-il estimé. « Si tout ce dont parlent les officiers fait partie de la politique de l’État, alors c’est mauvais. Dans le cas contraire, la question se pose de savoir dans quelle mesure la Bundeswehr est contrôlée par les autorités », a-t-il poursuivi, avant d’ajouter que le Kremlin attendait « de connaître les résultats de l’inspection promise par Scholz ». Le chancelier allemand a en effet demandé une enquête approfondie, Berlin ayant admis que la discussion avait été interceptée.

« Pas de commentaire, laissez-moi entrer dans le ministère », a quant à lui déclaré l’ambassadeur allemand Alexander Graf Lambsdorff, essayant de se frayer un chemin à travers les journalistes en arrivant au pied du ministère russe des Affaires étrangères, où il était convoqué lundi. Le diplomate a quitté sans plus de commentaire le bâtiment du ministère russe, a ensuite rapporté le correspondant de l’agence TASS.

Depuis le 1er mars, les révélations de la discussion, impliquant le chef de la Luftwaffe allemande, ont plongé Berlin dans l’embarras, les officiers ayant de surcroît révélé des secrets franco-britanniques sur l’aide apportée par Paris et Londres dans l’usage des missiles Scalp fournis à Kiev.

Depuis la Turquie, où il assiste à la troisième édition du Forum de la diplomatie d’Antalya, le ministre russe des Affaires étrangères est revenu lors d’une conférence de presse sur la dégradation progressive des relations bilatérales entre Moscou et l’Allemagne. Dernier épisode en date, qui a fait l’objet d’une question d’un journaliste : la récente publication d’un enregistrement audio qui embarrasse Berlin.
Dans cet enregistrement d’une quarantaine de minutes publié le 1er mars par la rédactrice en chef de RT, quatre personnes présentées comme des officiers allemands discutent de l’utilisation possible de missiles Taurus contre le pont de Crimée en cas de feu vert de l’Allemagne à la livraison au régime de Kiev de ces armes à longue portée. Les quatre interlocuteurs évoquaient la prudence à conserver afin que Berlin ne puisse être considéré comme un belligérant. Dénonçant « des plans sournois de la Bundeswehr », Sergueï Lavrov a estimé que « le camp militariste » face à la Russie demeurait « très fort » en Europe. Une « révélation criante » que le ministre russe a inscrite dans un contexte plus global, renvoyant aux récentes déclarations du président français Emmanuel Macron. Ce dernier avait estimé, le 26 février, à l’issue d’une conférence de soutien à l’Ukraine, que l’envoi de troupes occidentales en Ukraine ne pouvait « être exclu ».

S. Lavrov rappelle également les aveux d’Angela Merkel et de François Hollande, concernant le non-respect des accords de Minsk. En décembre 2022, dans un entretien à Die Zeit, l’ancienne chancelière allemande avait affirmé que les accords de Minsk avaient été une « tentative de donner du temps à l’Ukraine » pour se renforcer militairement en vue d’une confrontation future avec la Russie. Position sur laquelle s’était aligné l’ancien président français, quelques semaines plus tard, lors d’une interview au Kyiv Independent.

« Oui, Angela Merkel a raison sur ce point. Les accords de Minsk arrêtèrent l’offensive russe pour un temps. Ce qui était important était de savoir comment l’Occident utiliserait ce répit pour prévenir toute tentative russe ultérieure », avait déclaré l’ancien chef de l’exécutif tricolore. Celui-ci avait ajouté que c’était « le mérite des accords de Minsk » d’avoir donné à l’armée ukrainienne l’« opportunité » de s’entraîner et de s’équiper.

Autres déclarations de responsables occidentaux dénoncées par Moscou : celles du chef du Pentagone Llyod Austin. Lors d’une audition au Congrès, le responsable américain avait déclaré croire « sincèrement » qu’en cas de défaite militaire de l’Ukraine « l’OTAN combattra la Russie». « Une déclaration extrêmement irresponsable de plus », avait jugé le porte-parole du Kremlin D. Peskov, dénonçant une attitude en Occident qui ne faisait qu’« augmenter encore les tensions » avec la Russie.

Le média allemand a vivement réagi à la publication de l’enregistrement d’une conversation entre officiers de la Bundeswehr sur des attaques contre le pont de Crimée

Le quotidien Berliner Zeitung prédit « des nuits blanches et pas seulement pour l’armée allemande » car l’enregistrement de près de 40 minutes représente « la plus haute explosivité militaire et politique ».

« Les généraux discutent des questions internes les plus explosives comme s’ils n’avaient jamais entendu parler d’écoutes téléphoniques », déplore le journal. Un autre constat est tout aussi affligeant : « Ce qui est vraiment délicat dans les discussions des généraux, c’est l’étendue de la coopération occidentale. Aujourd’hui, le monde sait enfin que des techniciens d’armement britanniques sont déployés derrière le front et qu’il y a de nombreux ‘civils à l’accent américain’ ».

« Les généraux ne planifient pas la guerre. Ils ne font que mettre en œuvre des intentions politiques », conclut le média.

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