Pour A. J. Kyelem de Tambela, la refondation de la société burkinabè commence par doter le pays « d’une Constitution qui soit le reflet des aspirations de la population » : « Nul ne peut réellement s’émanciper à partir des valeurs et des références d’autrui. Le mimétisme constitutionnel a pour corollaire non seulement le déficit démocratique, mais aussi le mimétisme de gouvernance qui entraîne un dysfonctionnement entre le peuple et son administration. Le tout constituant un incubateur de troubles sociaux. »
Pour modifier le texte, le Premier ministre entend s’appuyer sur des Comités de veille et de développement (Coved). Créés en avril, par décret présidentiel, ces organisations civiles et apolitiques doivent remplacer les conseils villageois. Ils seront les premiers à se pencher sur la Constitution. Une fois la refondation de la nation lancée, le Premier ministre entend s’atteler à la réconciliation nationale. Un comité ministériel planche déjà sur le financement d’indemnités pour les victimes de violences politiques.
Le responsable a aussi affirmé qu’il ne pourrait y avoir d’élections « sans sécurité », alors que deux nouvelles attaques terroristes ont tué le week-end dernier une quarantaine de personnes. « On ne peut pas faire des élections sans la sécurité. Si vous avez une baguette magique qui peut nous assurer la sécurité le plus tôt possible, on organise les élections ».
Le Premier ministre burkinabè a rappelé que le Burkina Faso refuse de négocier avec des terroristes. Il revendique des succès militaires, un recul des groupes armés qui a permis selon lui à plus de 120 000 déplacés internes de rentrer dans leurs villages. Une reconquête, selon le Premier ministre qui aurait pu aller plus vite, si le Burkina n’avait pas été abandonné par ses anciens partenaires, notamment sur la question de la fourniture d’armes. « Des partenaires qui pourtant font des affaires au Burkina Faso ont refusé de nous vendre des armes. Pire, certains partenaires ont même dissuadé d’autres de le faire. Sous d’autres cieux, ces mêmes partenaires qui nous ont tourné le dos, ont du jour au lendemain, convoyé des quantités considérables d’armes pour voler au secours de certains pays. Cela nous a conduits au renforcement de nos relations avec la Russie, la Chine, la Turquie, l’Iran, la Corée du Nord et le Venezuela […]. Actuellement, grâce à l’entregent du président Traoré, chaque soldat peut avoir son arme et ses munitions. Nous avons pu, avec nos nouveaux partenariats, acquérir en toute transparence des armes performantes 5 à 10 fois moins cher », a-t-il soulevé.
Un communiqué des autorités régionales de la boucle du Mouhoun témoigne d’une double attaque le week-end dernier dans cette zone de l’ouest du pays. D’abord, un convoi sécurisé a été attaqué, alors qu’il transportait plusieurs candidats au recrutement de gardes forestiers, une vingtaine de personnes ont été tuées, principalement des VDP. Puis le lendemain, une autre attaque dans la même région a fait là aussi une vingtaine de victimes. Des recherches contre les groupes armés responsables de ce double assaut ont été lancées.