Les experts de l’IRES préconisent une gestion plus rationnelle et efficace des ressources en eau. Cela inclut l’optimisation des systèmes d’irrigation, en favorisant des technologies économes en eau comme le goutte-à-goutte et la promotion de pratiques agricoles durables. Le recours à des cultures moins gourmandes en eau et l’amélioration de la gestion des bassins versants sont également au cœur de ces recommandations.
L’IRES souligne l’importance de développer des infrastructures pour réutiliser les eaux usées traitées dans l’agriculture. Cette approche permettrait non seulement de réduire la pression sur les ressources en eau douce, mais aussi, de fournir une source d’eau supplémentaire pour l’irrigation. Le renforcement des infrastructures de stockage de l’eau, telles que les barrages et les réservoirs, est une priorité. Ces structures sont cruciales pour garantir une disponibilité continue de l’eau, surtout pendant les périodes de sécheresse. L’IRES insiste sur la nécessité d’améliorer l’entretien et la gestion de ces infrastructures pour maximiser leur efficacité.
Pour renforcer la souveraineté alimentaire, l’Institut recommande de diversifier les cultures agricoles. Cela implique de réduire la dépendance aux cultures d’exportation et de privilégier celles qui répondent aux besoins alimentaires locaux. Une telle diversification créerait un système agricole plus résilient face aux fluctuations climatiques et économiques. La promotion de l’agriculture locale et biologique est également mise en avant. Encourager les petits agriculteurs à adopter des pratiques écologiques et soutenir les circuits courts de distribution contribuerait à améliorer la sécurité alimentaire et à réduire l’empreinte carbone de l’agriculture marocaine.
L’IRES appelle à une augmentation des investissements dans la recherche et l’innovation agricoles. Le développement de nouvelles variétés de cultures résistantes à la sécheresse, ainsi que l’utilisation de technologies avancées pour améliorer la productivité et la durabilité, sont essentiels. La formation des agriculteurs aux nouvelles techniques agricoles doit être intensifiée pour assurer une mise en œuvre efficace de ces innovations. Dans sa feuille de route, l’importance d’une meilleure coordination entre les différents acteurs du secteur agricole, est mise en avant. La mise en place d’un cadre de gouvernance intégré optimiserait les ressources et de renforcer les synergies entre les initiatives publiques et privées. Une telle approche garantirait une mise en œuvre cohérente et efficace des politiques agricoles.
Les experts recommandent l’adoption de politiques de subventions et d’incitations financières pour encourager les pratiques agricoles durables et la gestion efficace de l’eau. Ces mesures pourraient inclure des subventions pour l’achat de matériel d’irrigation économe en eau ou des incitations fiscales pour les agriculteurs adoptant des techniques de conservation des ressources.
Enfin, l’IRES insiste sur la nécessité de sensibiliser la population aux enjeux de la rareté de l’eau et de la sécurité alimentaire. Des campagnes de sensibilisation et des programmes éducatifs peuvent jouer un rôle crucial dans la promotion des pratiques durables et la mobilisation de l’ensemble des acteurs autour de cette cause nationale.
Face à des défis environnementaux et climatiques sans précédent, l’agriculture marocaine doit se réinventer pour garantir sa durabilité et sa résilience. Depuis plusieurs décennies, l’agriculture au Maroc consomme environ 85% de ses ressources en eau renouvelables. Ce qui était autrefois une situation de stress hydrique a progressivement évolué vers une rareté structurelle préoccupante. Cette transition s’est accélérée en raison des effets conjugués du changement climatique et des politiques publiques. La feuille de route proposée par les experts de l’IRES offre une vision stratégique et pragmatique pour naviguer ces défis. En adoptant ces mesures, le Maroc pourrait non seulement renforcer sa souveraineté alimentaire, mais également devenir un modèle de gestion durable des ressources agricoles dans la région.