Mustafa Suleyman, PDG de Microsoft AI, a été apostrophé par l’ingénieure marocaine alors qu’il présentait Copilot, assistant IA mis en service par Microsoft. Ibtihal Abousaad a dénoncé avec force les liens de l’entreprise avec l’occupant israélien. Dans une vidéo partagée en ligne devenue virale, I. Abousaad a accusé Microsoft d’utiliser « l’IA pour le génocide », en référence au conflit israélo-palestinien à Gaza. Pour la collaboratrice marocaine qui rejoint ainsi d’autres salariés de l’entreprise qui avaient osé dénoncer les liens entre Microsoft et Israël, le P-DG du géant US, d’origine syrienne, a les mains souillés de sang palestinien.
« Vous êtes un profiteur de guerre. Arrêtez d’utiliser l’IA pour le génocide», a-t-elle lancé lors de l’événement à Redmond, Washington, en présence de figures emblématiques comme Bill Gates, cofondateur de Microsoft, et Steve Ballmer ancien PDG. « Mustafa, honte à toi !», a-t-elle crié en se dirigeant vers la scène où M. Suleyman faisait son « speech ». « Vous prétendez vouloir utiliser l’IA pour le bien, mais Microsoft vend des technologies IA à l’armée israélienne. Cinquante mille personnes sont mortes, et Microsoft alimente ce génocide dans notre région », a encore rappelé l’ingénieure marocaine.
À cela, M. Suleyman a simplement répondu : « J’entends votre protestation, merci ». Escortée hors de la salle, I. Abousaad a accusé le P-DG et « tout Microsoft » d’avoir du sang sur les mains, tout en jetant un keffieh sur la scène, symbole de soutien à la cause palestinienne.
La protestation d’I. Abousaad a rapidement fait le tour du monde. Dans une interview publiée sur Instagram, la marocaine a affirmé ne pas craindre de « représailles » de la part de Microsoft. « Ils pourraient s’en prendre à moi, mais la peur de ces représailles ne pèse pas plus lourd que celle de travailler sur une technologie qui bombarde des innocents », a-t-elle déclaré. « Ma plus grande crainte est de me réveiller pour mon neuf à cinq (horaires de travail, ndlr) et de réaliser que mon code pourrait tuer des enfants aujourd’hui ». « C’est pourquoi j’ai parlé, malgré les possibles conséquences », a-t-elle ajouté.
A signaler que l’Associated Press a rapporté qu’I. Abousaad et un autre employé protestataire ont perdu l’accès à leurs comptes de travail après l’incident. Les comptes LinkedIn et Facebook de l’ingénieure marocaine ont également été suspendus. De nombreux utilisateurs sur LinkedIn ont utilisé le hashtag # JusticeForIbtihal pour demander la réactivation de ses comptes, partageant des captures d’écran de son profil « suspendu ».
Samedi, le Hamas a tenu à marquer le coup en saluant « la position héroïque de l’ingénieure Ibtihal Abousaad, qui, avec un rare courage, a mis en lumière la complicité des grandes entreprises technologiques internationales avec la machine de guerre sioniste ». L’acte d’Abousaad « incarne la pureté de la conscience humaine, la force du principe moral et la détermination à exposer le visage sanglant de ces institutions et leur rôle dans les opérations de génocide contre des civils innocents à Gaza, quelles que soient les conséquences de ces positions héroïques », a-t-il ajouté en appelant « tous les travailleurs des institutions soutenant l’occupation à suivre l’exemple héroïque de l’ingénieure Ibtihal Abousaad ».
La protestation d’I. Abousaad survient après des révélations selon lesquelles des applications d’IA développés par Microsoft et OpenAI équipent un programme militaire israélien pour sélectionner des cibles de bombardement à Gaza et au Liban, selon une enquête de Associated Press.
Avant de rejoindre Microsoft, la Marocaine qui travaillait chez Microsoft AI depuis Toronto, au Canada, avait quitté le Maroc en 2017 grâce à une bourse complète pour étudier l’informatique et la psychologie à l’Université Harvard. Dans un ancien post Facebook, elle a exprimé que sa passion pour la technologie et l’impact social avait commencé après avoir reçu une subvention du Département d’État américain pour participer au programme TechGirls en 2016. Depuis, elle a promu l’alphabétisation numérique parmi les filles et les communautés défavorisées à travers diverses initiatives. Elle a également cofondé Recentibus, organisation à but non lucratif développant des dossiers médicaux numériques pour les réfugiés.