Cette hausse est principalement urbaine, puisque 77,3% des UPI sont localisées en milieu urbain, avec une forte concentration dans la région de Casablanca-Settat (22,7%), précise le HCP, notant que le commerce constitue la principale activité, avec 47% des UPI, bien que sa part ait diminué au profit d’une progression des services (28,3%) et du BTP (11,6%). Les UPI sont majoritairement de très petite taille, 85,5% sont constituées d’une seule personne, relève la même source. Ladite enquête révèle aussi que plus de la moitié des UPI (55,3%) n’ont pas de local professionnel fixe, et une proportion de 4,6% exerce à domicile.
L’industrie se distingue avec 56,5% d’UPI disposant d’un local professionnel et compte également 22,5% d’unités travaillant à domicile. Le BTP est le secteur qui abrite la proportion la plus élevée d’activités sans local professionnel fixe (90,2%) majoritairement exercées chez le client. Selon le HCP, l’exercice de l’activité informelle hors local professionnel est souvent lié à des contraintes financières (42,9%) ou par la nature même de l’activité exercée (42,5%), notamment dans les secteurs du transport et de la construction.
L’accès aux infrastructures de base est très inégal, souligne-t-il, faisant remarquer que bien que 94% des unités disposant d’un local professionnel aient accès à l’électricité, seulement 46% ont l’eau potable, 43% un assainissement et 41% un accès à Internet. Les unités de plus grande taille (quatre emplois ou plus) bénéficient d’un meilleur accès aux infrastructures de base, tandis que les micro-unités (un seul emploi) font face à un déficit important en la matière.
Par ailleurs, l’enregistrement administratif des UPI demeure limité, malgré quelques signes d’amélioration. Les taux d’enregistrement administratif restent globalement faibles, puisque seuls 14,2% des UPI sont inscrites à la taxe professionnelle, 9,8% sont affiliées à la CNSS (Caisse nationale de sécurité sociale), 7,5% sont enregistrées au registre du commerce, 6,2% sont affiliées au régime de la contribution professionnelle unique (CPU) et à peine 1,7% bénéficient du statut d’auto-entrepreneur. Ce faible taux d’enregistrement administratif est en grande partie lié aux conditions d’exercice. En effet, les UPI disposant d’un local professionnel sont significativement plus nombreuses à entreprendre des démarches d’enregistrement que celles exerçant à domicile ou sans local fixe.
Le HCP met l’accent également sur les disparités sectorielles. Le commerce et l’industrie présentent les taux d’enregistrement les plus élevés, alors que le secteur du BTP reste particulièrement en retrait sur ce plan. Entre 2014 et 2023, la présence féminine dans la direction des UPI demeure marginale et en recul, passant de 8,8% à 7,6%, malgré une présence significative relative dans l’industrie (20,9% en 2023 contre 22,3% en 2014). L’âge moyen des chefs d’UPI est passé de 42,5 à 45 ans. Leur niveau d’instruction s’est amélioré. La part des sans niveau scolaire a baissé de 34,3% à 18,6%, tandis que celle des chefs ayant un niveau scolaire du secondaire a progressé de 28,8% à 40,5%.
Repli de la contribution à la production nationale
Pour ce qui est de la contribution du secteur informel à la production nationale hors agriculture et administration publique, elle a reculé à 10,9% en 2023, contre 15% en 2014. “La production informelle a progressé, atteignant 226,3 Mrds DH en 2023, soit une augmentation globale de 22,3%. Or, malgré cette augmentation en valeur absolue, la part du secteur informel dans la production nationale hors agriculture et administration publique est passée de 15% en 2014 à 10,9% en 2023”, précise le HCP.
Entre 2014 et 2023, le chiffre d’affaires annuel du secteur informel est passé de 409,4 Mrds DH à 526,9 Mrds DH, soit une progression de 28,7%, fait savoir la même source, relevant que cette hausse reste modérée avec un taux de croissance annuel moyen de 2,6%.
Le HCP indique également que le commerce demeure le secteur principal dans la structure de la production du secteur informel, bien que sa part ait légèrement diminué, passant de 34,7% en 2014 à 30% en 2023. En revanche, les services affichent une progression significative, atteignant 24% en 2023 contre 18,6% en 2014. Le secteur du BTP se maintient de manière stable autour de 18,4%, tandis que la part de l’industrie dans la production du secteur informel a légèrement reculé de 28,6% à 27,7%.
Dans l’industrie, l’alimentaire gagne en poids (49,2% en 2023 contre 36,2% en 2014), au détriment du textile et habillement (16% contre 27,7%). Les services sont dominés par le transport (37,2%) et la restauration/hôtellerie (29,4%), alors que le commerce reste centré sur le commerce de détail (63,9%) et les travaux de finition renforcent leur place dans le BTP (57,1%). En termes de valeur ajoutée, le secteur informel a généré 138,97 Mrds DH en 2023, en hausse par rapport à 2014 (103,34 Mrds DH), avec un taux de croissance annuel moyen de 3,06%. Sa contribution à la valeur ajoutée nationale hors agriculture et administration publique est passée de 16,6% en 2014 à 13,6% en 2023. Le commerce reste le principal secteur contributeur (38,9%), en recul, au profit des services (25,6%) et du BTP (14,8%). L’industrie, quant à elle, voit sa part diminuer de 22,8% à 20,8%.
Le HCP souligne aussi que la valeur ajoutée moyenne du secteur informel par UPI est de 68.499 DH, avec de fortes disparités, puisque les 20 % les plus productives concentrent 65,4% de la valeur ajoutée totale. La productivité par actif occupé atteint 54.930 DH, avec des niveaux supérieurs dans l’industrie (75.707 DH) et le BTP (66.199 DH), contre 48.368 DH dans le commerce et 48.727 DH dans les services.
Par ailleurs, l’enquête révèle qu’en 2023, 57% des approvisionnements du secteur informel proviennent du secteur informel lui-même, contre 70,9% en 2014. Parallèlement, le recours au secteur formel a fortement augmenté (33,7% en 2023 contre 18,2% en 2014). En aval, la majorité de la production informelle (79,5%) est destinée à la consommation des ménages, en hausse par rapport à 2014 (77,8%). Les ventes au secteur formel, bien que modestes, ont progressé (2,4% en 2023 contre 0,5% en 2014), tandis que les ventes destinées au secteur informel diminuent à 17,7% contre 21,3%.
Cette enquête nationale réalisée en 2023/2024 vise à actualiser les informations sur les unités de production opérant dans le secteur informel, son mode d’insertion dans l’économie nationale et sa contribution à la création de la richesse et de l’emploi. Il est à rappeler que cette enquête concerne toutes les unités de production non agricoles ne disposant pas d’une comptabilité conformément à la réglementation comptable en vigueur au Maroc. Elles sont ainsi une partie de l’économie non observée.
Ladite enquête, à l’instar de celle de 2014, n’inclut pas les activités illicites ou illégales, ni la production volontairement non déclarée pour éviter les obligations fiscales ou administratives, au sein d’unités de production opérant dans le secteur formel.
La réalisation de l’enquête a nécessité une approche en deux phases pour l’identification des unités informelles et ce, en raison de l’absence d’une base de sondage qui couvre toutes les composantes de ce secteur (unités localisées, unités sans local et unités exerçant à domicile). Cette approche a consisté d’abord à identifier un échantillon des unités de production informelles à partir de l’enquête nationale sur l’emploi et d’enquêter dans une deuxième phase, les unités identifiées.
Au total un échantillon de 12.391 unités de production informelles a été enquêté. Pour tenir compte des variations saisonnières, la collecte des données sur le terrain s’est étalée sur une période d’une année, d’avril 2023 à mars 2024.