L’Observatoire des droits de l’Homme du Nord a confirmé que la situation était actuellement stable dans la région de Fnideq, malgré l’état d’alerte des agents et la présence d’un groupe de jeunes « prêts à une tentative à tout moment, notamment avec l’émergence de nouveaux appels sur les réseaux sociaux appelant régulièrement à l’immigration ». L’Espace marocain des droits humains a quant à lui condamné les violences à Fnideq, soulignant la responsabilité de l’Etat « face aux tentatives de migration collective de milliers de jeunes à cause de la pauvreté, de la marginalisation, du chômage et autres crises résultant de l’échec des politiques publiques ». Cette instance a appelé les autorités marocaines à libérer les détenus en lien avec ces événements, « dans le respect des droits civils garantis par la Constitution, les lois nationales et les dispositions internationales, y compris le droit à la libre circulation ». Elle a également appelé « les autorités compétentes à accélérer la publication des résultats de l’enquête sur les photos virales », tout en envisageant les effets juridiques en conséquence, lit-on dans un communiqué ad hoc.
Le ministère public avait saisi la Cour d’appel de Tétouan qui a ordonné une information judiciaire sur les images diffusées via les réseaux sociaux pour s’assurer de leur véracité et des motifs de leur publication.
Les autorités ont précédemment annoncé l’arrestation de 60 personnes, dont des mineurs, pour leur implication présumée dans la fabrication et la diffusion de fausses informations sur les réseaux sociaux incitant à l’organisation d’opérations de migration irrégulière. 47 mis en cause ont été arrêtés immédiatement à leur arrivée dans la ville par train et via la gare routière, en réponse aux appels incriminés.
Selon les estimations, les autorités marocaines ont arrêté au total 4 455 personnes soupçonnées d’avoir participé à la tentative de traversée, dont 3 795 adultes de nationalité marocaine et 141 mineurs, outre 519 autres de diverses nationalités.
Affirmant sa mobilisation pour la protection des droits humains à travers son antenne régionale à Tanger-Tétouan- Al Hoceïma, dans le contexte des appels aux tentatives de migration depuis M’diq-Fnideq, le Conseil national des droits de l’Homme (CNDH) a appelé jeudi « toutes les personnes, adultes ou mineures ou leurs tuteurs, susceptibles d’avoir fait l’objet d’une violation de l’un de leurs droits », à prendre attache avec l’institution. En tant que mécanisme de recours et de protection, l’instance a ainsi invité les concernés à être écoutés dans le cadre des prérogatives centrales et régionales du Conseil.
Le CNDH a également assuré suivre la situation sur le terrain, ainsi que dans l’espace numérique et les réseaux sociaux, au sujet des précédentes tentatives de migration irrégulière ou des nouveaux appels dans ce sens, depuis le 15 septembre, notamment à les contenus erronés, trompeurs ou viraux sur ces plateformes.
Par ailleurs, le CNDH a affirmé son appui à la CRDH de Tanger-Tétouan Al Hoceïma pour suivre le procès des personnes déférées devant les juges et poursuivies en état d’arrestation.
« Nous regrettons ces incidents », a déclaré, le même jour, Mustapha Baïtas, ministre délégué chargé des Relations avec le parlement, Porte-parole du gouvernement. « La problématique de l’immigration est un phénomène présent dans différents pays. Comme nous constatons, c’est un sujet récurrent dans plusieurs pays », a-t-il expliqué aux médias. « Malheureusement, certains jeunes ont été incités par des parties inconnues » à l’exode, et ce « à travers les réseaux sociaux pour les mobiliser ». Et d’affirmer que « dans le cadre de la lutte contre les appels à l’incitation à l’immigration clandestine ou irrégulière, 152 personnes ont été traduites devant la justice et toutes les tentatives d’incitation ont été déjouées». Et de préciser que «3.000 individus ont tenté » d’atteindre le Préside de Sebta.
Le ministre a loué « la sagesse » et « le grand professionnalisme » des interventions des forces de l’ordre. « Elles ont agi dans le plein respect des dispositions légales ». Le porte-parole s’est félicité qu’« aucun décès n’a été enregistré dans leurs rangs ». Enfin, sur les images de jeunes ayant scandalisé l’opinion publique, le ministre a assuré que « cette photo fait l’objet d’une enquête des services compétents. »