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Retour de la Syrie à la Ligue arabe : Pékin salue et Washington menace

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Le chef de la diplomatie syrienne a pris part à une réunion de la Ligue arabe en Arabie saoudite, une première depuis l’amorce du retour de Dams dans le giron arabe. Fayçal Moqdad a salué ce premier pas vers la concorde interarabe. Pour sa part, la diplomatie chinoise a affirmé lundi que le retour de la Syrie dans la Ligue arabe montre une fois de plus que « lorsque l’ombre des USA se rétrécit, la lumière de la paix se répand ». A Washington, on fulmine.
Retour de la Syrie à la Ligue arabe

Wang Wenbin, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, a assuré lors d’une conférence de presse que « les USA et une poignée de pays qualifient leur façon de manier le jeu des règles et de renverser les régimes dans d’autres pays comme lors du printemps arabe », ajoutant que « cette correction politique tordue ne les mènera plus nulle part. »

Le diplomate s’est déclaré convaincu qu’avec les « efforts concertés de toutes les parties, les pays arabes parviendront certainement à la solidarité et à la revitalisation ».

Il y a quelques jours, la Chine a salué le retour de la Syrie dans la Ligue arabe, considérant cette décision comme une étape vers la promotion de la stabilité et de la paix au Moyen-Orient.

Il convient de noter que, le 7 mai, la Ligue arabe a annoncé son approbation du retour de la Syrie à occuper son siège après avoir suspendu son adhésion pendant 12 ans à la suite de la guerre dans le pays. La Syrie a mis fin à plus d’une décennie d’isolement diplomatique au sein de la Ligue arabe, des responsables ayant participé lundi à une session préparatoire avant le sommet de vendredi en Arabie saoudite.

« Bienvenue à la République arabe syrienne au sein de la Ligue des Etats arabes », a déclaré le ministre saoudien des Finances, Mohammed Al-Jadaan, lors de la réunion à Jeddah, retransmise en direct par la chaîne de télévision publique Al-Ekhbariya. C’est la première fois que des responsables syriens participent à une réunion de la Ligue arabe depuis novembre 2011, lorsque l’organisation panarabe avait suspendu la Syrie lors de l’éclatement de manifestations qui vont dégénérer en un conflit armé auxquels participeront des centaines de groupes locaux armés financés par des pays arabes.

Dans un contexte régional de rapprochements diplomatiques, la Ligue a réintégré la Syrie le 7 mai. Le prince héritier saoudien, Mohammed ben Salmane, avait invité le 10 mai le président syrien à participer au sommet annuel qui se tiendra vendredi dans la ville côtière de Jeddah, sur la mer Rouge. Il s’agit de sa première participation depuis 2010, lorsque le sommet avait eu lieu en Libye.

Ces dernières années, les capitales régionales se sont peu à peu rapprochées de B. al-Assad, qui s’est maintenu au pouvoir et a récupéré des territoires perdus avec le soutien crucial de l’Iran et de la Russie, bien que de vastes régions du nord de la Syrie échappent toujours au contrôle du gouvernement.

Les Emirats arabes unis ont rétabli leurs liens avec la Syrie en 2018 et ont récemment pris la tête des efforts visant à réintégrer Damas. L’activité diplomatique a notamment repris après le séisme meurtrier qui a frappé la Syrie et la Turquie le 6 février. Ryad, qui a coupé les liens avec le gouvernement syrien en 2012, a confirmé la semaine dernière que le travail reprendrait dans les missions diplomatiques en Syrie et en Arabie saoudite.

Toutefois, certains pays se sont montrés réticents à renouer des liens avec B. al-Assad, comme le Qatar, qui a indiqué qu’il ne normaliserait pas ses relations avec le gouvernement syrien.

Washington souffle la chaud et le froid

A signaler que le revirement des capitales arabes à l’égard de Damas n’est guère apprécié à Washington. Des législateurs républicains et démocrates ont même proposé une loi pour s’opposer au retour d’al-Assad au sein de la Ligue arabe. Intitulé l’Assad Anti-Normalization Act, ce texte coercitif menace les « gouvernements qui envisagent une normalisation avec le régime Assad », selon un communiqué de presse du bureau du représentant américain Joe Wilson, co-auteur du document. « Les États-Unis doivent utiliser tous leurs moyens de pression pour mettre fin à la normalisation avec Assad », a également insisté Michael McCaul, président de la commission des affaires étrangères, à propos du projet de loi, qu’il a co-signé. Cette initiative prévoit notamment « de nouvelles sanctions contre toute forme d’investissement dans les territoires contrôlés par le régime d’Assad », les élus américains restant « déterminés à faire en sorte que le peuple syrien reçoive justice ».

Cette proposition de loi vise de surcroît à surveiller les relations diplomatiques entre certains Etats et la Syrie. Pour aller encore plus loin dans la coercition, si la loi est appliquée, le gouvernement US devrait mettre en place une stratégie visant à isoler Damas pour une durée minimum de cinq ans.  Enfin, les législateurs américains souhaitent garder un œil sur les avancements législatifs de l’ONU pour faciliter l’acheminement de l’aide humanitaire aux régions syriennes tenues par les opposants à Damas.

Depuis le début du conflit qui a ravagé la Syrie, Washington a tout fait pour chasser le régime de Damas. Via l’opération clandestine Timber Sycamore, les Etats-Unis ont financé et armé des mouvances djihadistes en Syrie pour renverser le gouvernement. Ils se sont notamment appuyés sur les subsides des pétromonarchies. Depuis juin 2020, la Maison Blanche est allée encore plus loin en imposant une série de sanctions économiques visant à isoler le pays. Cette mesure, le Ceasar Act, empêche de facto les entreprises syriennes de commercer avec l’extérieur.

Les troupes US sont également présentes à l’est de l’Euphrate et empêchent le gouvernement syrien de mettre la main sur les ressources pétrolières de son pays, dans la région d’Al Tanf.

A la suite des succès militaires de la Syrie avec le soutien russe et iranien, les pays arabes ont néanmoins commencé à reprendre la route de Damas. Plusieurs capitales, notamment Alger, Mascate, Abou Dhabi, ont commencé à militer pour un retour de la Syrie dans le giron de la Ligue arabe.  Le terrible séisme qui a ravagé une partie de la Syrie en février 2023 a vu un vent de solidarité panarabe, qui a accéléré une reprise des contacts diplomatiques. Le 7 mai dernier, Damas a été officiellement réintégré au sein de l’organisation régionale et participera au prochain sommet le 19 mai à Riyad.

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