Alimentant les messes basses et les fuites, mais aussi tout un marathon de réunions dans les salles feutrées des palaces de la capitale, l’imminence du remaniement ministériel attendu depuis des mois alors que la majorité entame, sous le poids des critiques incessantes quant à son rendement socio-économique, la deuxième partie de son mandat, aura enfin livré ses secrets « bien gardés ». La tradition aura donc été respectée de bout en bout. Les titulaires des ministères régaliens restent en place. Abdelouafi Laftit est toujours aux commandes de l’Intérieur, Nasser Bourita aux Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l’Étranger, Abdellatif Ouahbi ( Pamiste qui traine bien des casseroles !) à la Justice, et Ahmed Toufiq aux Habous et des Affaires islamiques. On relèvera aussi que Mohamed Hajoui, est maintenu dans son poste de Secrétaire général du gouvernement, et Abdellatif Loudiyi, ministre délégué auprès du Chef du gouvernement, chargé de l’Administration de la Défense nationale. Pas de surprises donc à relever à ce niveau-là, même si le succédané de scandales liés à la gestion chaotique des affaires locales, mettant sur la sellette nombre de représentants de l’autorité centrale, n’ont pas affecté le titulaire de ce que les Marocains appellent « mère des ministères ». Outre la tension persistante dans les arcanes de la justice qui laissera des cicatrices indélébiles dans un département des plus stratégiques dans la construction démocratique. A. Laftit gardera la « vielle maison » de l’Intérieur et A. Ouhabi plaidera encore en faveur de ses bonnes intentions et autres boniments.
Autre remarque non moins intéressante à relever, les grands départements ministériels n’ont pas été affectés par ce remaniement ministériel. Dans ses habits de Rniste, Nadia Fettah Alaoui reste aux commandes de l’Économie et des Finances, secondée en cela par l’inamovible Faouzi Lakjaa, et l’Istiqlalien Nizar Baraka trônera encore à la tête de l’Équipement et de l’Eau.
La générosité de l’offre d’A. Akhannouch aura été particulièrement palpable au regard de la mise en orbite de six secrétaires d’État. Ainsi, Zakia Driouich, Rniste de circonstance, est chargée de la Pêche maritime auprès du ministre de l’Agriculture, du Développement rural et des Eaux et forêts; outre Lahcen Essaadi (feu-follet du RNI), chargé de l’Artisanat et de l’Économie sociale et solidaire auprès de la ministre du Tourisme, de l’Artisanat et de l’Économie sociale et solidaire.
Omar Hejira, Istiqlalien de pur jus, a intégré, lui, le Commerce extérieur auprès du ministre de l’Industrie et du Commerce; alors qu’Abdeljebbar Rachidi, son acolyte du même parti, hérite de l’Insertion sociale auprès de la ministre de la Solidarité, de l’Insertion sociale et de la Famille.
Le PAM n’aura nullement été oublié puisque Adib Benbrahim a été chargé de l’Habitat auprès de la ministre de l’Aménagement du Territoire national, de l’Urbanisme, de l’Habitat et de la Politique de la Ville et Hicham Sabiry, propulsé à l’Emploi auprès du ministre de l’Inclusion économique, de la petite entreprise, de l’emploi et des compétences. En somme, chacun des secrétaires d’État s’activera sous la tutelle d’un ministre de son parti. La quête d’harmonie aura-telle présidé à cette redistribution des cartes ?
On laissera au temps le loisir de conforter ou non pareille supputation. Toujours est-il opportun de rappeler que ce remaniement a sonné le glas pour certains ministres. Mohamed Sadiki, Rniste de circonstance qui a fait ses armes aux côtés d’A. Akhannouch, a été expurgé du ministère de l’Agriculture qui revient désormais à Ahmed Bouari. Abdellatif Miraoui qui a couru aux couleurs du PAM a été remplacé par Azzedine El Midaoui au ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l’Innovation. Même le « technicien » Khalid Aït Taleb a dû quitter le département de la Santé qui revient désormais à Amine Tahraoui. Enfin, « la perle » personnifiée par Mohcine Jazouli qui a trusté le département de l’Investissement, de la Convergence et de l’Évaluation des politiques publiques, a cédé son cocon à Karim Zidane. Et pour conclure, c’est bel et bien l’entrée lice d’un autre homme d’affaires qui soulève bien des interrogations quant à la pertinence du tour de table réalisé par A. Alkhannouch. Mohamed Saad Berrada, proche du chef du gouvernement, a été nommé ministre de l’Education nationale, du Préscolaire et des Sports après le parachutage de Chakib Benmoussa, la semaine dernière, à la tête du Haut-Commissariat au Plan (HCP).