Le Parlement européen a adopté mercredi sa position au sujet de l’IA lors d’un vote en séance plénière à Strasbourg. Des négociations doivent commencer avec les États membres pour finaliser la législation au plus vite. À l’issue de ce vote, Roberta Metsola, présidente de l’assemblée, a salué ce qui sera la première loi d’envergure au monde pour limiter les risques de l’intelligence artificielle mais aussi permettre l’innovation. « Je pense que nous pouvons tous être fiers de nous. L’Europe est à la pointe et continuera de l’être en matière de législation sur l’IA », a-t-elle déclaré.
Le Parlement européen a réclamé de nouvelles interdictions, comme celle des systèmes automatiques de reconnaissance faciale dans les lieux publics. La Commission voudrait autoriser son usage par les forces de l’ordre dans la lutte contre la criminalité et le terrorisme. Le sujet devrait nourrir les débats avec les États membres qui refusent l’interdiction de cette technologie controversée. L’Union européenne espère conclure avant la fin de l’année le premier règlement au monde visant à encadrer et à protéger l’innovation dans l’intelligence artificielle, un secteur stratégique dans la compétition économique.
« La technologie évolue. L’innovation nous fait avancer et ouvre de nouvelles possibilités. En tant que législateurs, nous devons saisir cette opportunité. Il s’agit de comprendre que nous ne pouvons pas nous permettre de rester immobiles et il ne faut pas avoir peur de l’avenir, a estimé R. Metsola. Deuxièmement, il faudra poser des frontières et des limites fermes et claires à l’intelligence artificielle. Nous ne ferons pas de compromis. Chaque fois que la technologie progresse, elle doit aller de pair avec nos droits fondamentaux et nos valeurs démocratiques. »
L’UE a proposé il y a deux ans un projet ambitieux, dont l’examen a traîné en longueur et qui a encore été retardé ces derniers mois par les controverses sur les dangers des IA génératives capables de créer des textes ou des images. Le commissaire Thierry Breton, qui a porté le texte avec sa collègue Margrethe Vestager, a appelé à conclure le processus dans « les prochains mois ». « L’IA soulève de nombreuses questions – sur le plan social, éthique et économique […]. Il s’agit d’agir vite et de prendre ses responsabilités », a-t-il déclaré mercredi. Mais le règlement n’entrera pas en application avant 2026, dans le meilleur des cas. Estimant qu’il y avait urgence, T. Breton et M.Vestager ont annoncé leur intention d’obtenir des engagements volontaires des entreprises aussi vite que possible.
« Nous devons reconsidérer notre façon de légiférer et de concevoir le domaine de l’intelligence artificielle parce qu’une nouvelle ère de contrôle est arrivée, a appuyé de son côté R. Metsola, la présidente du Parlement européen. Il y a beaucoup de choses qui ne peuvent pas être numérisées. Les émotions, la volonté et le jugement… Tout cela nous appartient, appartient à cette Assemblée qui a la capacité de décider. Et de donner le ton dans le monde entier. Il s’agit pour l’Europe de prendre les devants, et nous le faisons à notre manière, c’est-à-dire de façon responsable. »
D’une grande complexité technique, les systèmes IA fascinent autant qu’ils inquiètent. S’ils peuvent sauver des vies en permettant un bond en avant des diagnostics médicaux, ils sont aussi exploités par des régimes autoritaires pour exercer une surveillance de masse des citoyens. Le grand public a découvert leur potentiel immense à la fin de l’année dernière avec la sortie du générateur de contenus rédactionnels ChatGPT de la société californienne OpenAI, qui peut rédiger des dissertations originales, des poèmes ou des traductions en quelques secondes.