Le président serbe a rencontré les ambassadeurs de cinq pays occidentaux, parrains de Pristina : Etats-Unis, Grande-Bretagne, France, Italie et Allemagne. La veille au soir, le chef d’Etat avait appelé les pays dits du Quint à « raisonner leur enfant ». La situation s’était tendue mardi et des manifestants serbes continuaient d’affluer devant la municipalité de Zvecan. La veille, en fin de journée, de violents affrontements ont éclaté dans le nord de la province du Kosovo, entre la police kosovare et les soldats de la force emmenée par l’OTAN (KFOR) d’une part, et des Serbes d’autre part. Ces derniers étaient venus manifester contre l’intronisation de nouveaux maires à l’issue d’élections anticipées très largement boycottées par la population serbe, encore majoritaire dans ces localités du nord de l’entité séparatiste du Kosovo, non reconnue par Belgrade, ce qui a abouti à l’élection de maires albanais avec une participation de moins de 3,5%. Quelque 120 000 Serbes vivent au Kosovo (qui compte 1,8 million d’habitants), dont un tiers environ dans le nord.
Au moins 52 Serbes ont été blessés dans ces incidents, dont trois grièvement, a précisé depuis Belgrade A. Vucic, accusant « les forces spéciales » de la police de Pristina d’avoir blessé par balles un homme de 50 ans. Côté KFOR, selon le ministère hongrois de la Défense, plus de 20 soldats hongrois figurent parmi les blessés, dont sept grièvement atteints. Dans un tweet, le ministre italien des Affaires étrangères Antonio Tajani a fait part de 11 soldats italiens blessés. « Nous ne tolérerons pas de nouvelles attaques contre la KFOR », a mis en garde Giorgia Meloni, Première ministre italienne. Pristina a ignoré les mises en garde occidentales. « Il est fondamental d’éviter de nouvelles actions unilatérales de la part des autorités kosovares et que toutes les parties fassent immédiatement un pas en arrière pour faire baisser les tensions », a-t-elle ajouté dans un communiqué.
L’OTAN a qualifié ces violences de « totalement inacceptables ». La tension était montée d’un cran le 26 mai, lorsque Pristina a décidé d’imposer par la force les nouveaux édiles, faisant fi des appels à la retenue des chancelleries occidentales. La veille de ces violents affrontements, le 28 mai, les ambassades de France, d’Allemagne, d’Italie, de Grande-Bretagne, des États-Unis ainsi que de l’Union européenne au Kosovo avaient enjoint Pristina a n’entreprendre « aucune nouvelle mesure pour forcer l’accès aux bâtiments municipaux de Leposavic, Zubin Potok et Zvecan ». Jens Stoltenberg, secrétaire général de l’OTAN, avait appelé Pristina à « ne pas prendre de mesures unilatérales et déstabilisatrices ». Les autorités autoproclamées kosovares avaient annoncé la tenue d’élections anticipées dans ces localités majoritairement peuplées de Serbes après la vague de démissions, fin 2022, d’élus et de fonctionnaires afin de protester contre la volonté de Pristina de faire interdire les plaques minéralogiques serbes. Des élections boycottées par les Serbes, qui n’ont totalisé que 3% de participation, et ainsi dépourvues de légitimité selon eux.
Au cours d’une visite au Kenya Sergueï Lavrov, ministre russe des Affaires étrangères, a estimé lundi 29 mai, que « les Serbes combattaient pour leurs droits dans le nord du Kosovo ». « Une grande explosion menace (de se produire) au cœur de l’Europe, où l’Otan s’est livrée en 1999 à une agression contre la Yougoslavie », a-t-il prévenu, évoquant l’intervention de l’Alliance atlantique contre Belgrade qui a de facto mis fin à la guerre entre les forces serbes et les combattants indépendantistes albanais.
Les tensions sont fréquentes dans le nord du Kosovo. Quelque 120 000 Serbes vivent dans ce pays d’1,8 million d’habitants très majoritairement albanais. Les États-Unis, la France, le Royaume-Uni, l’Italie et l’Allemagne avaient exhorté dès le vendredi les autorités du Kosovo « à immédiatement revenir sur leur décision » de déployer leurs forces spéciales. Ces puissances occidentales se disent également « préoccupés par la décision de la Serbie de relever le niveau de préparation » de son armée.