La mobilisation des avocats est alimentée par l’adoption récente de projets de loi touchant la profession, alors que d’autres textes tout aussi décriés sont en préparation. La nouvelle architecture législative que l’Exécutif entend faire passer englobe des mesures controversées en tête desquelles figurent les réformes proposées dans le cadre du projet de loi sur la procédure civile et le projet de loi sur la procédure pénale, sans oublier d’autres lois régissant la profession d’avocat.
A la tête de l’Association des barreaux du Maroc, Houcine Ziani a appelé les acteurs politiques à assumer pleinement leurs responsabilités et à effectuer une analyse constitutionnelle rigoureuse des nouvelles lois. Il a plaidé l’importance de préserver l’intégrité de la profession d’avocat. « Nos revendications ne sont ni corporatistes ni personnelles », a-t-il déclaré puisqu’ « elles représentent une défense de l’État de droit et de la légalité. La justice ne peut être complète sans la présence des avocats, qui ne doivent pas être perçus comme de simples auxiliaires du système judiciaire, comme certains semblent le penser ». H. Ziani a rappelé que la situation actuelle découle de politiques cherchant à restreindre et à asservir la justice. « Il est inacceptable que notre pays développe des programmes tout en laissant la profession d’avocat de côté, sans réforme, alors que les attentes pour moderniser notre métier sont ignorées », a-t-il entonné. « Assez de perte de temps stratégique pour les Marocains dans la transition démocratique. Les législations actuelles ne constituent pas un saut qualitatif ; elles représentent un obstacle sérieux et dangereux au développement et à la construction du Maroc moderne, un Maroc beau qui inclut tout le monde », a-t-il encore fait valoir.
Reda Boukmazi, autre acteur influent du barreau, a dénoncé les décisions du gouvernement concernant des législations cruciales qui, assure-t-il, ne concernent pas seulement les avocats en tant que professionnels, mais touchent également aux droits et libertés fondamentaux garantis par la Constitution de 2011. R. Boukmazi a souligné que le Maroc avait fait des progrès dans ce domaine, des avancées qui méritent d’être poursuivies. « Ce qui se passe aujourd’hui est un projet régressif », a-t-il ajouté.
Succédant à ses confrères, Aziz Roubij, bâtonnier de l’Ordre des avocats de Rabat et membre actif de l’Association des barreaux du Maroc, a fait valoir que le projet de loi sur la procédure civile, ainsi que d’autres législations en cours, ne respectent pas la Constitution sur de nombreux points.
Mobilisés de la sorte, le corps de l’avocature donne de la voix contre les nouvelles dispositions promues par l’Exécutif qui mettent à mal une profession noble tout en déstabilisant les valeurs fondamentales de justice et d’équité au Maroc.