Plus d’un an et demi après le séisme cataclysmique qui a ravagé la région d’Al Haouz, la colère gronde encore chez les sinistrés. Réunis vendredi à Casablanca au siège du Parti socialiste unifié (PSU), des membres de ladite Coordination ont tiré la sonnette d’alarme sur ce qu’ils qualifient de « drame humanitaire prolongé ». La conférence a mis en lumière la précarité extrême dans laquelle vivent encore de nombreuses familles, vivant toujours sous des tentes de fortune, dans des conditions climatiques et sanitaires alarmantes.

Jaouad Belhaj, représentant de la coordination à Chichaoua, a dénoncé une « distribution arbitraire » de l’aide financière allouée aux victimes. « Certaines familles aisées ont bénéficié des aides, pendant que des foyers en grande détresse ont été écartés », a-t-il regretté, appelant le chef du gouvernement à se pencher d’urgence sur cette situation qui, selon lui, suscite l’indignation à l’échelle nationale et internationale. Il a également mis en question l’utilisation des 120 milliards de dirhams annoncés pour la reconstruction, évoquant un « flou total » autour de la traçabilité de ces fonds. « L’absence de responsabilité et de sens humanitaire chez les décideurs est flagrante », a-t-il ajouté.

Abderrahim Ait El Kadi, autre membre de la coordination, a accusé les autorités de tourner le dos aux discours royaux appelant à une prise en charge rapide et équitable des sinistrés. « La réalité sur le terrain est dramatique. Les promesses officielles sont restées sans suite », a-t-il martelé. Il a appelé à l’envoi d’une commission d’enquête relevant du ministère de l’Intérieur pour examiner de près les dysfonctionnements signalés. « Les autorités locales passent plus de temps à surveiller les militants de notre cause qu’à chercher des solutions concrètes », a-t-il lancé. Pire, il a évoqué des pressions exercées sur les sinistrés pour démonter leurs tentes et retourner dans des habitations inachevées, mettant en danger leur sécurité. « Le séisme a révélé un système défaillant et une gestion opaque des crises », a-t-il conclu.

Nabila Mounib, députée, a confirmé les graves irrégularités ayant entaché ce dossier. « Le Maroc a contracté des milliards de dirhams pour la reconstruction, mais aucune avancée tangible n’a été constatée sur le terrain. Il est inadmissible que des familles vivent encore sous des bâches en plein hiver », a-t-elle dénoncé. Elle a insisté sur la nécessité d’un plan national transparent et équitable pour la reconstruction des zones sinistrées, soulignant que « le gouvernement a l’obligation morale et politique d’assurer un suivi rigoureux des projets engagés, et de garantir que les aides atteignent véritablement ceux qui en ont besoin ». Nul besoin d’épiloguer dès lors sur l’Etat social…

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