La lune de miel entre Ankara et Moscou s’achève en eau de boudin. Le chef de l’Etat turc a souligné la position de son pays sur la Crimée, en insistant sur le fait que sa restitution à l’Ukraine s’aligne sur les normes juridiques internationales. Plus, il s’est également déclaré confiant dans la poursuite des actions de soutien aux Turcs tatars de Crimée. « Je pense que des mesures supplémentaires continueront d’être prises dans la période à venir pour consolider les droits des Turcs tatars de Crimée », a-t-il spécifié.
Le président turc a remercié le président ukrainien et Mustafa Abdulcemil Kirimoglu, leader des Tatars de Crimée, pour leur rôle dans l’organisation du sommet, qui marque le 80e anniversaire de l’expulsion des Tatars de Crimée. Il a également souligné que la Turquie n’a jamais reconnu l’annexion de la Crimée, laquelle a exacerbé les souffrances des habitants de la région. R.T. Erdogan a souligné le droit des Turcs tatars de Crimée à vivre « librement, en toute sécurité et pacifiquement dans leur propre patrie ». Il a également noté l’évolution positive qu’a constituée la libération de Nariman Celal et a exprimé l’espoir de voir libérer tous ses compatriotes Tatars de Crimée, notamment Hasan Ahmedov et Aziz Ahmedov.
En conclusion de son message, le président turc a fait part des aspirations plus larges d’Ankara en ce qui concerne le règlement du conflit. « Notre souhait sincère est que la guerre s’achève par une paix juste et durable fondée sur l’intégrité territoriale, la souveraineté et l’indépendance de l’Ukraine », a-t-il noté.
Les forces russes sont entrées dans la péninsule de Crimée en février 2014. Le président russe Vladimir Poutine a officiellement divisé la région, le mois suivant, en deux entités fédérales distinctes de la Fédération de Russie.
L’enjeu de la mer Noire
A signaler que la Défense russe a annoncé mercredi qu’une tentative des forces de Kiev de s’emparer d’une plateforme de forage en mer Noire avait été repoussée. L’armée russe revendique l’élimination d’environ 80 assaillants au cours de cette tentative survenue juste avant l’arrivée à Kiev des chefs des diplomaties américaine et britannique.
« La nuit dernière, la tentative du régime de Kiev de s’emparer de la plateforme de forage autoélévatrice russe « Crimée 2 » dans la mer Noire a été contrecarrée », a déclaré ce 11 septembre sur sa chaîne Telegram le ministère russe de la Défense. Celui-ci évoque l’assaut d’une force « amphibie composée de 14 bateaux américains Willard « Sea Force »» avec à leur bord des éléments de la marine ukrainienne. « Au cours de la bataille, les forces de la flotte de la mer Noire et les militaires russes chargés de garder et de défendre la plateforme de forage ont coulé huit bateaux […] et tué jusqu’à 80 membres des forces d’opérations spéciales ukrainiennes », relate le ministère russe. Les forces de Kiev, bien que privées de leur flotte au début du conflit l’opposant à la Russie, tentent régulièrement des opérations maritimes. Début août, alors que l’Ukraine lançait son offensive contre la région de Koursk, Vladimir Saldo, gouverneur de Kherson, avait rapporté que « des saboteurs ukrainiens » avaient tenté de débarquer le 5 août au soir sur l’isthme de Tendra, étroite bande de terre sur la mer Noire, à l’aide de 12 vedettes soutenues par des drones explosifs. Mi-avril, dans le même secteur, le FSB avait annoncé avoir empêché un « débarquement de groupes de sabotage des forces spéciales des forces armées ukrainiennes », diffusant la photo de cadavres criblés de balles dans une embarcation pneumatique. Quant aux plateformes de forage, celles-ci ont déjà été ciblées par les forces ukrainiennes.
Dès les premiers mois du conflit, le 20 juin 2022, Sergueï Axionov, chef de la Crimée, avait rapporté que plusieurs plateformes de Tchernomorneftegaz, société exploitant des gisements pétroliers et gaziers au large de la Crimée et dans la mer d’Azov, avaient été la cible de tirs d’artillerie faisant trois blessés sur l’une d’elles.
Cette tentative ukrainienne est survenue quelques heures avant l’arrivée à Kiev, ce 11 septembre, du chef de la diplomatie américaine Antony Blinken et de son nouvel homologue britannique, David Lammy. La veille, lors d’une conférence de presse commune à Londres, le secrétaire d’État américain avait déclaré que Washington envisageait d’autoriser Kiev à tirer des missiles à longue portée plus profondément dans le territoire russe. Dmitri Peskov, porte-parole du Kremlin, a promis mercredi une réponse « appropriée » de la Russie si un tel feu vert était octroyé à Kiev.
D. Lammy a annoncé mercredi que le Royaume-Uni allait livrer en 2024 « des centaines » de missiles antiaériens supplémentaires à l’Ukraine pour lui permettre de repousser l’armée russe. « Nous enverrons également des centaines de missiles de défense antiaérienne supplémentaires, des dizaines de milliers de munitions d’artillerie supplémentaires et davantage de véhicules blindés à l’Ukraine d’ici à la fin de l’année », a déclaré D. Lammy lors d’une conférence de presse à Kiev avec ses homologues américain et ukrainien. Le secrétaire d’État américain a rechéri en annonçant une nouvelle aide économique de 717 millions de dollars à l’Ukraine. Dans ce paquet, 325 millions de dollars vont à l’énergie, 290 millions à l’aide humanitaire qui comprendra la fourniture d’eau potable et 102 millions pour les travaux de déminage.
Washington travaille également « d’urgence » sur les demandes militaires de l’Ukraine, promet A. Blinken à Kiev. « Nous travaillons d’urgence pour continuer à garantir que l’Ukraine dispose de ce dont elle a besoin pour se défendre efficacement », a déclaré le secrétaire d’État américain, précisant que le président américain Joe Biden et le Premier ministre britannique Keir Starmer discuteraient ensemble vendredi 13 septembre de ces demandes.
Les Nations Unies ont annoncé que 11 700 civils avaient perdu la vie dans la guerre en Ukraine et ont appelé les dirigeants de ses États membres à « saisir toutes les opportunités pour mettre fin à la guerre en Ukraine ».
Joyce Msuya, vice-secrétaire générale de l’ONU aux affaires humanitaires, a déclaré mardi dans un communiqué que la situation en Ukraine « s’aggrave avec le temps ». elle a expliqué que le nombre de morts a augmenté et que les souffrances de la population ont atteint des « niveaux insupportables », indiquant que 11 700 civils ont été tués et 24 600 autres ont été blessés jusqu’à présent.
Elle a noté que 10 millions de personnes ont été déplacées de force en Ukraine et que le conflit s’est étendu à de nouvelles zones à la frontière ukraino-russe, exprimant sa « profonde préoccupation » à ce sujet. Elle a souligné que 130 000 personnes ont été déplacées à la suite des opérations militaires ukrainiennes dans la région de Koursk en Russie. Le 6 août, les forces ukrainiennes ont lancé une opération à grande échelle à la frontière de Koursk, qui a entraîné le déclenchement de violents affrontements avec l’armée russe.