Recep Tayyip Erdogan espère avancer sur le dossier des céréales. Cela avec une conviction, qu’il répète à toutes les parties : aux yeux d’Ankara, il n’y a pas d’alternative viable à cet accord. En clair : il faut s’entendre avec Moscou pour que les livraisons de céréales ukrainiennes via la mer Noire reprennent de la façon la plus sûre et la moins coûteuse possible.
De la même manière, si Moscou espère alléger les obstacles qui pèsent sur ses propres exportations, alors il faudra renouer avec ledit accord. Sauf que l’on prête à R. T. Erdogan un accueil des plus réservés à la proposition russe d’envoyer un million de tonnes de céréales à prix réduits aux pays africains qui en ont le plus besoin, le tout via la Turquie et grâce à l’aide financière du Qatar.
L’ambition du président turc est d’organiser de nouvelles négociations russo-ukrainiennes sous l’égide de son pays et des Nations unies.
Pour la Turquie, le sauvetage de l’accord représente un enjeu économique, son le pays est l’un des principaux importateurs de céréales ukrainiennes, mais aussi un vecteur de soft power turc sur la scène internationale.
A Moscou, on ne se berce plus d’illusions. C’est la raison pour laquelle la partie russe a laissé entendre, à la veille du déplacement de l’hôte turc à Sotchi, que sans la prise en charge des revendications russes, il serait illusoire de presser le Kremlin à faire la moindre des concessions.
Mais au-delà de la confrontation russo-atlantiste qui se déroule en Ukraine, nombre d’autres sujets conflictuels opposent Moscou à Ankara. En tête desquels figure, en bonne place, le dossier syrien. Ces derniers jours, dans la région de Deir Ez-Zor et d’Alep, la tension est vive. Aux combats qui opposent les tribus arabes aux FDS, ennemis jurés d’Ankara, s’ajoute l’effervescence qui s’est saisie des groupes djihadistes appuyés par la Turquie dans le nord de la Syrie. Ces derniers qui ont tenté de franchir les lignes de l’armée syrienne sur plusieurs fronts ont subi aussi les raids des bombardiers russes.