« De fait, les accords de la mer Noire cessent d’être valides aujourd’hui », a déclaré lundi le porte-parole du Kremlin. « Malheureusement, la partie concernant la Russie de ces accords de la mer Noire n’a pas été mise en œuvre jusqu’à présent, sa validité est donc résiliée », a-t-il ajouté. « La partie russe reviendra immédiatement à la mise en œuvre de cet accord » à l’avenir « dès que la partie russe des accords sera remplie », a-t-il néanmoins précisé.
Le dernier cargo validé par les inspecteurs des quatre signataires, le vraquier turc TQ Samsun, a quitté le port ukrainien d’Odessa le 16 juillet et se dirige vers Istanbul, selon le site Marine Traffic, cité par l’AFP.
« Je pense que malgré la déclaration d’aujourd’hui, mon ami Monsieur Poutine veut poursuivre l’accord humanitaire » qui permet l’exportation des céréales d’Ukraine en mer Noire qui expire le 17 juillet à minuit (21H00 GMT). « Mon ministre des Affaires étrangères doit s’entretenir par téléphone (avec le ministre russe) et je parlerai à Monsieur Poutine dès mon retour », a poursuivi R.T. Erdogan qui s’exprimait devant la presse avant de s’envoler pour l’Arabie saoudite. Il a de nouveau annoncé qu’il recevrait le président russe « en août » en Turquie. « Nous aurons l’occasion de rediscuter de toutes ces questions », a-t-il ajouté.
Jusqu’à présent, la Russie avait consenti à la prolongation, tous les 60 jours, de cet accord signé à l’été 2022 sous l’égide de la Turquie et de l’ONU, malgré le non-respect des clauses concernant les exportations des produits alimentaires et engrais russes, qui devaient accompagner celles des produits ukrainiens. Cette fois-ci, Moscou exige le respect de sa partie des accords, avant de parapher toute nouvelle reconduction. « Seulement un peu plus de 3% » des céréales ont été livrées aux pays pauvres, a par ailleurs régulièrement répété Vladimir Poutine.
La décision de Moscou de se retirer de l’Initiative de la mer Noire permettra aux pays amis de la Russie d’augmenter leurs achats de céréales russes, a déclaré Dmitri Leonov, vice-président du conseil d’administration de l’Association russe des producteurs et fournisseurs de produits alimentaires (Rusprodsoyouz), au micro de Sputnik. « Le retrait de la Russie de l’accord céréalier n’affectera pas notre marché de manière significative, car la Russie n’a rien reçu de cet accord […]. Les pays favorables à la Russie, y compris la Chine, l’Égypte et d’autres, pourraient augmenter leurs achats de blé russe », a-t-il indiqué.
Selon D. Leonov, rien n’empêche les agriculteurs russes d’augmenter les exportations de céréales vers la Turquie pour remplacer le blé ukrainien, d’autant plus qu’en raison du coût de la logistique, les livraisons de produits russes finiront par être moins chères que celles d’autres pays.
La Russie qui était favorable à l’accord céréalier de 2022, bien qu’elle n’en tirait pas de bénéfices, avait posé quelques conditions « non discutables » pour une nouvelle prolongation de l’initiative.
Elle souhaitait que sa banque agricole Rosselkhozbank soit reconnectée au réseau SWIFT. Moscou insistait en outre sur la relance des exportations de machines agricoles, l’annulation des restrictions à l’assurance des navires ainsi que la levée de l’interdiction d’accès aux ports.
De plus, la Russie appelait à débloquer les activités financières des producteurs et transporteurs russes d’engrais et de produits agricoles et à rétablir le fonctionnement du pipeline d’ammoniac Togliatti-Odessa, reliant la Russie à l’Ukraine.
Moscou a donc notifié lundi à Ankara, à Kiev et à l’Onu son opposition à l’extension de l’accord sur les céréales, suspendant ainsi l’initiative de la mer Noire à partir du 18 juillet. L’accord avait été prolongé de 240 jours depuis le 18 novembre 2022.