Depuis deux jours, la machine répressive israélienne s’est déployée dans la mosquée d’Al-Aqsa. Les Palestiniens rassemblés pour prier en ce mois de ramadan ont été la cible d’agressions physiques de la part des soldats israéliens qui escortaient les colons sionistes vers la mosquée. Les fidèles palestiniens qui priaient ont été sortis de force de la mosquée par le corps expéditionnaire israélien dont des membres ont procédé à des tirs de balles en caoutchouc et de gaz contre les Palestiniens. Des arrestations ont suivi dans la foulée…
Cette barbarie n’a pas manqué de faire réagir les factions de la résistance que ce soit depuis Gaza ou du Sud du Liban. C’est ce qui fait craindre l’explosion du baril de poudre dans la région à cause de l’attitude butée des extrémistes israéliens qui ont fait main basse sur les institutions israéliennes.
Aux dernières nouvelles, Israël a bombardé jeudi le sud du Liban après avoir été visé par des roquettes tirées depuis cette région, a annoncé l’Agence nationale d’information (ANI, officielle), sans faire état de victime. Selon l’agence officielle libanaise, l’artillerie israélienne a tiré « plusieurs obus depuis ses positions à la frontière » sur les abords de deux villages du sud du Liban, après le lancement de « plusieurs roquettes de type Attoucha » sur Israël. L’armée libanaise et la FINUL tentent de déterminer d’où sont parties les roquettes libanaises alors que les services de sécurité s’attachent à évaluer les dégâts causés par les artilleurs israéliens. En Israël, on a vite fait d’évoquer le tir d’une centaine de projectiles depuis le Liban alors que des informations provenant de sources proches de la résistance évoquent moins d’une vingtaine de roquettes.
Depuis Gaza, deux roquettes ont été tirées mercredi soir 5 avril vers le territoire israélien, rapporte l’AFP en citant l’armée israélienne et des témoins, après des tirs similaires la nuit précédente auxquels Israël avait répliqué avec des frappes, sur fond de violences dans la mosquée Al-Aqsa à Jérusalem. D’après des témoins à Gaza, deux roquettes ont été tirées depuis le nord du territoire vers le sol israélien. L’armée israélienne a indiqué que l’une d’elles était tombée du côté de Gaza et l’autre « dans le secteur de la barrière frontalière » séparant le territoire palestinien d’Israël.
Pour la deuxième journée consécutive, la police israélienne est violemment intervenue sur l’esplanade des Mosquées, troisième lieu saint de l’islam, officiellement « pour rétablir l’ordre ». La veille, plus de 350 personnes ont été arrêtées. La police a lancé des grenades assourdissantes pour disperser les Palestiniens retranchés dans la mosquée Al-Aqsa. Certains ont riposté, en lançant des feux d’artifices. La situation a ensuite complètement dégénéré. Des roquettes ont été tirées de la bande de Gaza, en direction du territoire israélien. Elles ont été interceptées par la défense anti-aérienne de l’État hébreu. Les musulmans appellent cela « Itikaf », c’est-à-dire passer ses jours et ses nuits dans une mosquée. « Le ramadan est un mois sacré durant lequel nous accomplissons l’Itikaf, nous explique un vieil homme. C’est une retraite dans la mosquée. Mais les juifs rejettent cette pratique religieuse musulmane, et nous envoient leurs policiers pour nous déloger. Ils lancent des grenades assourdissantes et des gaz lacrymogènes. Ils peuvent nous tirer dessus à balles réelles s’ils le souhaitent. On ne bougera pas d’ici et on défendra Al-Aqsa. » Mais pour les forces d’occupation israéliennes, il s’agit « de troubles à l’ordre public ».
La police explique garantir « la liberté de culte », mais elle décrète l’interdiction de cette présence continue à Al-Aqsa. Les fidèles expliquent avoir reçu, il y a 48 heures, un avertissement par texto : « Nous savons que vous passez la nuit à Al-Aqsa, vous devez quitter les lieux. »
Sur des images publiées par la police israélienne, on peut voir des explosions de ce qui semblent être des feux d’artifice à l’intérieur du lieu de culte, et sur laquelle on devine des silhouettes en train de lancer des pierres. Une autre séquence vidéo de la police montre des policiers anti-émeutes avancer dans la mosquée en se protégeant des tirs de fusées avec de boucliers. Les images montrent ensuite des batteries de feux d’artifices et des policiers évacuer au moins cinq personnes les mains menottées dans le dos.
C’est un « crime sans précédent » a dénoncé le Hamas après les échauffourées. Le mouvement palestinien a appelé les Palestiniens de Cisjordanie « à se rendre en masse vers la mosquée Al-Aqsa pour la défendre ».
Mercredi soir, début de Pessah, Pâque juive, les Palestiniens redoublent de vigilance durant cette période, car des organisations nationalistes juives appellent à sacrifier des agneaux sur l’esplanade des Mosquées. Un rite biblique, selon eux, mais interdit à la fois par le rabbinat et par les autorités israéliennes.
Après l’annonce des affrontements à la mosquée, plusieurs roquettes ont été tirées à partir du nord de la bande de Gaza en direction du territoire israélien, selon des journalistes de l’AFP et des témoins. Au moins trois roquettes ont été vues partir de loin alors que l’armée israélienne a fait état du déclenchement de sirènes d’alerte dans plusieurs zones urbaines israéliennes des environs de la bande de Gaza. L’armée israélienne a indiqué de son côté que cinq roquettes tirées en direction du territoire israélien avaient été « interceptées par la défense anti-aérienne » dans la zone de Sderot (sud d’Israël), et que quatre autres roquettes étaient tombées dans des zones inhabitées. À Gaza, des dizaines de manifestants sont descendus dans les rues en plusieurs endroits dans la nuit, en brûlant des pneus. « Nous jurons de défendre et de protéger la mosquée d’Al-Aqsa », ont-ils proclamé.
Le ministère des Affaires étrangères égyptien a publié un communiqué « condamnant l’irruption de la police israélienne à l’intérieur [de la mosquée] Al-Aqsa et l’agression contre les fidèles ». « L’Égypte tient Israël, puissance occupante, comme responsable de cette dangereuse escalade qui pourrait saper les efforts de trêve », ajoute le texte. La Jordanie a fait de même et la Turquie a dénoncé les agissements d’Israël qui dépassent les « lignes rouges ».
Ces violences surviennent alors que le conflit israélo-palestinien connaît un net regain de violence depuis le début de l’année après l’entrée en fonctions, fin décembre, d’un des gouvernements les plus à droite de l’histoire d’Israël. Les violences ont fait près de 110 morts depuis le début de l’année et ont repris pendant le week-end, après un semblant d’accalmie observé depuis le début du ramadan, le 23 mars.