Bannis hier, K. Wade et K. Sall peuvent se porter candidats à la présidentielle prévue en février 2024. Telle est la décision prise par la Commission politique du dialogue national, initiée par le président M. Sall, discussions boycottées par une partie de l’opposition, dont Ousmane Sonko. K. Wade du Parti démocratique sénégalais (PDS) avait été condamné en 2015 pour enrichissement illicite, et K. Sall, ancien maire de Dakar, en 2018 pour « escroquerie sur les deniers publics ».
Au dialogue national, un consensus a ainsi été trouvé sur la possibilité pour ceux qu’on surnomme parfois « les 2 K » de participer à ce scrutin. Leurs candidatures avaient été retoquées par le Conseil constitutionnel pour la présidentielle de 2019 du fait de leurs condamnations. K. Wade et K. Sall avaient tous deux bénéficié d’une grâce présidentielle.
Les délégués au dialogue national – du pouvoir, de l’opposition, de la société civile et des « non-alignés » –, représentés par Déthié Faye, se sont accordés sur une modification du code électoral : « C’est l’article L28. Nous avons ajouté la grâce présidentielle comme étant un moyen aussi pour qu’on ne puisse pas refuser à un citoyen de figurer sur les listes électorales. Ils ont la possibilité maintenant de se présenter. »
Pour Nafissatou Diallo, porte-parole du PDS, K. Wade est de toute façon bel et bien « électeur et éligible » depuis 2020, le délai de 5 ans après une condamnation ayant expiré. Le parti réclame une révision du procès du fils de l’ancien président. Demande « actée » par les délégués au dialogue, affirme la députée. Concernant le cas d’O. Sonko, leader du parti Pastef, condamné le 1er juin à 2 ans de prison ferme, il reste en suspens.
Les conclusions du dialogue, attendues au plus tard le 24 juin, devront au final être validées par le chef de l’État. Il n’y a par ailleurs pas eu de consensus sur la question d’une éventuelle troisième candidature du président M. Sall pour 2024 : chaque camp est resté sur sa position.
Alors qu’une déclaration à la nation de M. Sall est très attendue après les violences meurtrières qui ont suivi la condamnation d’O. Sonko, le chef de l’État est en France pour le sommet « sur un nouveau pacte financier mondial ». Il a rencontré le 21 juin 2023 la diaspora et a relancé le débat sur une éventuelle candidature. Une vidéo du président devant ses militants à Paris a été largement diffusée sur les réseaux sociaux, mais également par la présidence à Dakar. « Le Sénégal suscite la convoitise », dit-il, alors que le pays s’apprête à exploiter le gaz et le pétrole. « Vous avez vu les démarches de provocation », « d’intimidations » contre le pays. « Je peux garantir que ces tentatives seront vaines », affirme le chef de l’État. Et il ajoute : « Nous nous maintiendrons au pouvoir », « restez unis, restez mobilisés. Nous aurons à faire, beaucoup à faire pour aller vers la marche du progrès et la victoire en 2024 ».
Ce n’est pas une annonce officielle de candidature, mais une nouvelle allusion à ce débat crucial en vue de l’élection présidentielle prévue dans 8 mois. Pour l’opposition, un troisième mandat ce serait une « ligne rouge », dans un climat politique déjà électrique. M. Sall a promis de s’adresser à la nation après les conclusions du dialogue national attendues ce week-end, mais « il reste maître du jeu » pour se déclarer, indique simplement son entourage, avec comme date limite le début de la procédure de parrainages des candidats, qui devrait débuter fin août.