L’information a été diffusée par Rafik Chekkat, avocat de F. Burgat, spécialiste du monde arabe basé dans les Bouches-du-Rhône. Ce dernier était convoqué mardi 9 juillet à 9 heures à l’hôtel de police d’Aix-en-Provence, qui abrite différents services. Il n’a quitté les lieux qu’au bout de huit heures…Son avocat avait annoncé la convocation la veille sur les réseaux sociaux. Ce qui s’apparentait à une formalité a pris une tournure étonnante, puisque la garde à vue s’est terminée seulement après 17 heures, toujours selon son avocat.
F. Burgat aurait été entendu à la suite d’une plainte déposée par l’Organisation juive européenne (OJE), lui reprochant d’avoir repartagé sur X des messages favorables au Hamas, décrivant les attaques du 7 octobre en termes élogieux. « Il répond de manière honnête » aux enquêteurs et « renvoie à son statut de chercheur et aux livres qu’il a écrits. Il a aussi rappelé qu’il a été auditionné à l’Assemblée nationale, au Sénat, à la cour d’assises antiterroriste, etc. On lui a aussi posé des questions sur le conflit et il a eu l’occasion de s’exprimer », a commenté Me Chekkat pendant la journée.
Ces derniers mois, F. Burgat a multiplié les manifestations de soutien aux Palestiniens. « J’ai infiniment, je dis bien infiniment, plus de respect et de considération pour les dirigeants du Hamas que pour ceux de l’État d’Israël », déclarait-il sur X le 2 janvier 2024.
Il venait alors de republier un message émanant du Hamas qui niait les viols commis par les Palestiniens le 7 octobre en ces termes : « Nos combattants sont des combattants de la liberté et de la dignité et ne peuvent pas commettre des actes aussi honteux », leur comportement ayant été guidé pendant l’attaque par « la virilité et l’honneur ». Ce sont ces republications et ces déclarations de début janvier qui auraient entraîné la convocation.
La longueur de la garde à vue s’expliquerait-elle par l’ensemble de l’œuvre de F. Burgat ? L’ancien chercheur de l’Institut de recherches et d’études sur les mondes arabes et musulmans (Iremam), pilier du conseil scientifique de la revue Orient XXI, souvent considéré comme un porte-voix des intérêts qataris en France, a dénoncé la « télavivision française » (contraction de télévision et de Tel-Aviv), demandé « la séparation du Crif et de l’État » et multiplié les manifestations de soutien au Hamas.
Le 26 mai encore, il repostait un communiqué à la gloire du mouvement terroriste, qui aurait « conquis les cœurs à la cause palestinienne dans le monde entier » et « gardé pratiquement tous les prisonniers capturés il y a six mois ». Il croyait voir dans l’enchaînement mortel des massacres du 7 octobre et des représailles qui ont suivi « l’une des réalisations les plus géniales et les plus incroyables de toute l’histoire militaire »…