Tout a commencé avec la proposition portée par l’eurodéputé portugais, João Oliveira, du Groupe de la Gauche, pour inscrire les décisions de la CJUE à l’ordre du jour de la séance. Il a expliqué que son initiative a pour objectif « de discuter des mesures concrètes pour mettre en œuvre cette décision, ainsi que des mesures nécessaires que doit prendre l’Union européenne afin de contribuer à la réalisation du droit à l’autodétermination du peuple sahraoui, dans le respect des résolutions des Nations unies ».
Or la demande a été rejetée par 254 parlementaires contre 189 voix pour, alors que 8 ont opté pour l’abstention. Ont voté contre la proposition, les eurodéputés du Parti Populaire Européen (PPE), des partis d’extrême droite, réunis au sein du Groupe Patriotes pour l’Europe, du Groupe Renew (lancé en 2019 par le président français Emmanuel Macron), et des sociaux-démocrates.
L’eurodéputé suédois, Jörgen Warborn, du PPE, a pris la parole pour justifier le rejet de l’initiative de J. Oliveira. « Comme les arrêts de la CJUE ont été rendus le vendredi (4 octobre), nous pensons qu’il est trop tôt pour les débattre en plénière. Cette question devrait plutôt être évaluée et analysée au sein de la commission de pêche, à la commission agriculture ou à la commission INTA (du commerce international). Il n’est donc pas nécessaire de tenir un débat en plénière à ce stade », a-t-il expliqué.
Pour rappel, le Parlement européen avait avalisé, en février 2019, l’accord de pêche conclu entre le Maroc et l’UE, intégrant les eaux du Sahara occidental, par 415 voix en faveur, 189 contre et 49 abstentions.
Il y a lieu de signaler que Luis Planas, ministre espagnol de l’Agriculture, de la pêche et de l’alimentation, a réaffirmé, mardi, l’attachement de Madrid à maintenir « des relations stables » avec Rabat, suite aux récents arrêts de la CJUE. En marge de de l’inauguration de la 16e édition du Salon Fruit attraction, avec la participation du Maroc, le responsable a signalé à la presse que l’accord agricole avec le pays était toujours en vigueur pour douze mois supplémentaires.
Vendredi dernier, José Manuel Albares, chef de la diplomatie espagnole, avait réitéré son attachement au « partenariat stratégique » avec le Maroc et sa détermination à le « préserver et [à le] promouvoir ». Et a mis en exergue l’importance du partenariat stratégique entre l’UE et le Maroc pour les deux parties, ainsi que les « avantages » que ce partenariat apporte aux secteurs de la pêche et de l’agriculture.
A souligner aussi que N. Bourita, a exprimé la volonté du royaume de rapatrier « dès demain » ses ressortissants mineurs non accompagnés, qui se trouvent dans les pays de l’Union européenne. Le chef de la diplomatie a fait cette déclaration, tout en soulignant en revanche les complexités sur ces retours, à cause de « lacunes dans les lois et les procédures » au sein des pays de l’UE plutôt qu’au Maroc. N. Bourita a exhorté les pays de l’UE à combler ces « lacunes », notant avoir discuté de la question du retour des mineurs avec la France et l’Espagne. Par ailleurs, le ministre a souligné que ces « lacunes juridiques et administratives » incitaient les passeurs à exploiter la situation. Il a affirmé que si des solutions étaient trouvées, la situation s’améliorerait et rappelé que la migration était une « responsabilité partagée » entre les pays d’origine, de transit et de destination. A ce titre, il a mis en garde contre toute pression excessive sur les pays de transit, au vu des conséquences imprévues que cela pourrait avoir.