Faisant écho à ce qui se dit à Alger, le mouvement séparatiste du Polisario voit en le séjour privé du chef du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) un soutien à la position du Maroc sur le Sahara. Abdullah Arabi, représentant du Front en Espagne, a déclaré mercredi que le voyage de Pedro Sánchez à Marrakech traduisait un « appui incontesté de l’Espagne » à Rabat, mais aussi à ce qu’il a qualifié de « violations systématiques et impunies des droits humains » au Sahara occidental. « Malgré l’insistance pour que ce voyage soit complètement limité à la sphère privée, il implique une grande dimension politique qui dépasse la sphère privée », a-t-il dit.

A. Arabi a ajouté que la presse marocaine considérait les vacances de P. Sanchez comme un indicateur du « soutien absolu » du gouvernement espagnol aux revendications du Maroc sur le Sahara. « Tout au long de cette année et demie, le caractère unilatéral du changement radical de position de Sánchez à l’égard du Sahara occidental s’est confirmé… une position que la société civile espagnole a immédiatement rejetée », a-t-il poursuivi.

Mais que disent les médias algériens à ce sujet ? Echourouk voit en le déplacement privé de P. Sánchez un révélateur des « antécédents de la subordination du gouvernement espagnol sortant » au Maroc. Et d’ajouter que le changement de position de l’Espagne sur la question du Sahara occidental tenait « à des considérations personnelles plus que politiques ».

« Malgré les doutes politiques qui pèsent sur son séjour au Maroc », P. Sánchez « n’a pas apporté plus de transparence » pour dissiper les doutes, surenchérit Echourouk, notamment en ce qui concerne « les dates, le programme de la visite et la nature des mesures de sécurité qui l’accompagnent ». Le journal va jusqu’à avancer que P. Sanchez « aurait pu ne pas passer ses vacances dans le royaume alaouite » et plutôt « se rendre dans un autre pays », pour « éviter toute controverse médiatique et politique, compte tenu de sa relation douteuse avec Rabat ». Le journal suggère même un éventuel « chantage » que le numéro un du PSOE aurait subi du Maroc.

 

L’ultragauche s’en mêle

A la veille des tractations que P. Sánchez devrait mener pour former un gouvernement, à son retour du Maroc, la polémique enfle contre le PSOE. A l’extrême gauche, Podemos a amplifié la réaction du Polisario et de l’Algérie, en reprochant au président de l’exécutif par intérim de « montrer sa complaisance avec le Maroc ».

Candidate en coalition avec Sumar lors du scrutin du 23 juillet, Idoia Villanueva, eurodéputée et responsable du secrétariat international de Podemos, a réagi avec ces mots arguant que le Maroc « continue de violer les droits fondamentaux en toute impunité », concernant la question du Sahara. Par ailleurs, elle a exprimé son « soutien au peuple sahraoui et au Polisario dans leur lutte pour l’autodétermination ». Durant ces élections, Sumar, allié de Podemos, a permis à une militante du Polisario d’être élue.

Mardi, la Moncloa a affirmé aux médias espagnols que P. Sánchez avait financé son séjour familial privé de ses fonds personnels et non du budget public. Elle a ajouté que ce voyage n’incluait aucun agenda institutionnel.

Félix Bolaños, ministre par intérim de la Présidence de l’Espagne, des relations avec les tribunaux et de la mémoire démocratique, a réagi à la polémique sur le séjour, à Marrakech, du Président du gouvernement, en soulignant que le sujet des vacances familiales est « une affaire strictement personnelle ». Depuis mardi, le numéro un du PSOE est arrivé à Marrakech, dans le cadre d’un voyage privé. La Moncloa a alors indiqué aux médias que le déplacement avait été payé des fonds personnels de P. Sánchez et qu’aucun agenda institutionnel n’était prévu dans ce cadre.

Depuis, les critiques ont fusé du côté des détracteurs du PSOE, dans le contexte des élections législatives anticipées du 23 juillet dernier, qui n’ont pas permis de dégager une majorité absolue. Dans une réponse à une question des médias avant sa visite des travaux de la ligne à grande vitesse Murcie-Almería, F. Bolaños a rappelé que « le président du gouvernement a tout à fait le droit de passer quelques jours avec sa famille ». « C’est une affaire strictement personnelle et, bien entendu, je n’ai rien à dire », a ajouté le responsable. Le ministre a par ailleurs souligné qu’il avait « quelque chose à dire » aux « propagateurs d’intox ». « Ils doivent assumer leur triste sort, car ils ne sont pas majoritaires dans ce pays, ils ne conditionnent pas non plus la vie de qui que ce soit », a-t-il insisté.

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