« Les ordres nécessaires ont été donnés par le chef de l’Organisation iranienne de l’énergie atomique (OIEA) pour lancer un nouveau centre d’enrichissement dans un endroit sécurisé », ont déclaré conjointement le ministère iranien des Affaires étrangères et cette agence, ajoutant que « d’autres mesures (…) seront annoncées ultérieurement ». Cette décision intervient après l’adoption, jeudi, par le Conseil des gouverneurs de l’AIEA d’une résolution condamnant l’Iran pour « non-respect » de ses obligations nucléaires.

Le texte, élaboré par Londres, Paris et Berlin (E3) associés à Washington, a été approuvé par 19 pays sur 35, ont indiqué à l’AFP plusieurs sources diplomatiques. C’est un nouvel avertissement avant un éventuel renvoi du dossier aux Nations unies.

« Nous remplaçons toutes (les) machines de première génération par des machines avancées de sixième génération » à l’usine d’enrichissement nucléaire de Fordo, au sud de Téhéran, a ensuite déclaré Behrouz Kamalvandi, porte-parole de l’OIEA, ajoutant que cela signifiait que la production « de matière enrichie augmentera de manière significative ». Il a fait remarquer que les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et la France n’ont pas respecté la clause 6 du traité de non-prolifération lié au désarmement nucléaire. Rappelant que l’Allemagne dispose d’armements de destruction massive et inhumaine. Et de les accuser d’exploiter l’AIEA à leurs fins politiques. « Ces quatre pays n’ont trouvé aucune lacune ou ambiguïté dans le programme nucléaire iranien pacifique raison pour laquelle ils ont eu recours à des allégations qui remontent à plus de 25 ans et qui avaient été résolues pendant l’accord nucléaire en 2015 », a-t-il aussi avancé.

Le texte de ces pays argue vouloir obtenir « des clarifications sur le sort inconnu de matières et d’équipement nucléaires résultant d’activités non déclarées menées jusqu’au début des années 2000 », rapporte l’AFP.

Le communiqué iranien déplore que les mesures prises par ces quatre Etats restent « silencieuses concernant le retrait d’Israël du Traité de non-prolifération nucléaire et son programme d’armes de destruction massive dont des armes nucléaires et qu’ils n’adoptent aucune mesure à l’encontre des menaces de l’entité aux installations nucléaires pacifiques des pays membres de ce traité ».

« Penser que les pressions politiques vont pousser l’Iran à renoncer à ses positions correctes est une erreur stratégique », a souligné B. Kamalwandi. Selon lui, « cette conduite politique à l’encontre de l’Iran nous pousse à en conclure que la politique de partenariat et de coopération est inutile ».

Mercredi, Mohammad Eslami, directeur général de l’OIEA, avait déclaré que l’AIEA devrait « faire preuve de professionnalisme et d’impartialité, et se conformer aux résolutions et règlements de l’agence ». Il a aussi révélé qu’un pays européen travaillait à la fabrication d’une bombe nucléaire en coopération avec Israël. Il a expliqué détenir cette information des documents secrets israéliens récemment obtenus par le ministère du Renseignement qui, selon lui publiera ultérieurement un rapport révélant que les États-Unis et la Troïka européenne travaillaient continuellement sur le programme nucléaire militaire israélien.

Selon l’AFP, la résolution adoptée jeudi par l’AIEA appelle Téhéran à « remédier d’urgence au non-respect » des engagements pris en vertu du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP). Dans ces conditions, l’instance onusienne « n’est pas en mesure de garantir que le programme nucléaire iranien est exclusivement pacifique ». Cette situation « soulève des questions qui relèvent de la compétence du Conseil de sécurité des Nations unies », organe habilité à prendre des sanctions, selon le texte de la résolution qui fait planer la menace d’un renvoi du dossier si Téhéran ne fait pas un geste dans les semaines à venir.

Connivence avec Israël

Les médias iraniens ont publié jeudi la première série de documents confidentiels obtenus par le ministère iranien du Renseignement, dans le cadre de l’opération de détournement de documents secrets israéliens. Il révèlent ce qu’ils décrivent être une « coopération totale et directe » entre Rafael Grossi, directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), et l’entité israélienne, dans le but de cibler le programme nucléaire pacifique de l’Iran.

Selon l’agence de presse iranienne Fars, les documents montrent que R. Grossi a non seulement coordonné ses activités avec les représentants israéliens au sein de l’agence, mais a également suivi leurs directives et veillé à ce que les rapports de l’AIEA soient orientés de manière à servir les objectifs israéliens, tout en ignorant les activités nucléaires non pacifiques et non déclarées d’Israël.

Les documents divulgués contiennent des informations détaillées sur Merav Zafary-Odiz, qui a été la représentante officielle d’Israël auprès de l’AIEA de 2014 à 2016. Elle exprimait publiquement les positions d’Israël lors des réunions officielles de l’agence et de son Conseil des gouverneurs. Durant cette période, notamment lors de la mise en œuvre du Plan d’action global commun (PAGC) en 2015, M. Zafary-Odiz a critiqué à plusieurs reprises la coopération de l’Iran avec l’agence, la qualifiant de « lente et insuffisante ». Elle a également accusé l’administration précédente de l’agence, dirigée par Yukiya Amano, d’avoir fourni de « fausses informations » sur le programme nucléaire iranien.

Les documents comprennent entre autres des courriels dont la teneur révèle une mission spécifique entreprise par l’israélienne, impliquant une coordination directe avec R. Grossi, dans le but d’influencer la position de l’agence et de détourner l’attention internationale des activités nucléaires non pacifiques et non déclarées d’Israël vers le programme nucléaire pacifique de l’Iran. Selon les médias iraniens, la nomination de R. Grossi au poste de directeur général de l’AIEA a marqué un tournant dangereux, car il a entamé sa coopération avec Israël en 2016 et coordonné la rédaction de rapports contre les activités nucléaires pacifiques de l’Iran. Un document témoigne d’une coordination entre Israël et R. Grossi pour attiser le sentiment anti-iranien, cinq mois seulement après la signature de l’accord nucléaire.

Les médias iraniens ont également rapporté que les documents révélaient une demande de M. Zafari-Odiz pour une rencontre immédiate avec R. Grossi, le 10 mai 2016, afin de discuter de « développements » non spécifiés. Des courriels ultérieurs – qui n’ont pas encore été traduits de l’hébreu au persan – faisaient état d’une correspondance entre elle et un certain Eli Rettig, dans le cadre de la coordination d’une stratégie médiatique et politique pour affronter l’Iran au sein de l’AIEA.

Se référant aux documents publiés, le ministère iranien du Renseignement en conclut que cette coopération systématique entre R. Grossi et Tel-Aviv s’inscrit dans le cadre d’une stratégie plus large visant à saper toute reconnaissance internationale de la nature pacifique du programme nucléaire iranien et à transformer l’agence en un outil politique biaisé.

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