L’armée d’occupation israélienne a repris, mardi à l’aube, son agression contre la bande de Gaza en lançant une série hystériques de raids aériens et des tirs d’artillerie de grande ampleur. En 5 heures de bombardements, elle a tué plus de 413 Gazaouis, dont 174 enfants, 89 femmes et 32 personnes âgées et blessé des centaines d’autres. Un certain nombre sont portés disparus.
Selon le ministère de la Santé à Gaza, plusieurs personnes sont ensevelies sous les décombres des habitations ciblées. Le Bureau médiatique du gouvernement a déclaré qu’« un grand nombre de martyrs n’ont pas pu être transférés vers les hôpitaux en raison de la dégradation de la situation humanitaire et de la paralysie du secteur des transports due au manque de carburant dans tous les gouvernorats de la bande de Gaza ». « La plupart des martyrs et disparus sont des femmes, des enfants et des personnes âgées », a-t-il regretté. « Cette agression survient à un moment où le système de santé de la bande de Gaza s’effondre, en raison du blocus israélien et de l’interdiction de l’acheminement des aides médicales et humanitaires. Ceci menace de fermer les hôpitaux et de les rendre totalement incapables de fournir des soins aux blessés et aux malades. Le blocus empêche également l’entrée du carburant nécessaire pour les secteurs vitaux et humanitaires dans la bande de Gaza. En plus de la politique de famine massive menaçant la vie de plus de 2,4 millions de Gazaouis », a-t-il encore relevé.
Le gouvernement israélien a annoncé que ces raids, menés sur ordre du Premier ministre Benjamin Netanyahu et du ministre de la guerre Israel Katz, « font suite au refus répété du Hamas de libérer nos otages et à son rejet de toutes les propositions de l’envoyé présidentiel américain Steve Witkoff et des médiateurs ». Dans un communiqué, le gouvernement israélien a averti qu’« Israël va désormais agir contre le Hamas avec une force militaire accrue ». Pour sa part, la Maison Blanche a annoncé « qu’Israël avait consulté l’administration du président Donald Trump avant de reprendre son agression contre Gaza ». Caroline Levitt, porte-parole de la Maison Blanche, a déclaré à Fox News que « les Israéliens ont consulté l’administration Trump et la Maison Blanche au sujet de leurs attaques contre Gaza ce soir ». « Comme le président Trump l’a clairement indiqué, le Hamas, les Houthis, l’Iran et quiconque cherche à terroriser non seulement Israël, mais aussi les États-Unis, paieront un lourd tribut : les portes de l’enfer s’ouvriront grandes », a-t-elle ajouté.
De son côté, I. Katz a lancé qu’Israël « ne cesserait pas de se battre tant que les otages ne seront pas renvoyés chez eux et que tous nos objectifs de guerre ne seront pas atteints ». Avichay Adraee, porte-parole de l’armée d’occupation, a ajouté via la plateforme X que « sur la base des directives de l’échelon politique, les forces de Tsahal et le Shin Bet (service de sécurité intérieure) ont mené une attaque à grande échelle contre des cibles terroristes appartenant à l’organisation terroriste Hamas dans toute la bande de Gaza. »
En face, le Hamas a accusé le gouvernement israélien de saper l’accord de cessez-le-feu. Il a déclaré dans un communiqué que « Netanyahu et son gouvernement nazi reprennent leur agression et leur guerre génocidaire contre les civils sans défense dans la bande de Gaza ». Et d’ajouter : « Netanyahu et son gouvernement extrémiste prennent la décision de renverser l’accord de cessez-le-feu et exposent les prisonniers israéliens à Gaza à un sort inconnu. »
Izzat al-Rishq, membre du Bureau politique du mouvement, a considéré la décision de B. Netanyahu de reprendre la guerre comme « une condamnation à mort contre les captifs israéliens présents à Gaza ». « Netanyahu a décidé de reprendre la guerre d’extermination comme un canot de sauvetage face aux crises internes », a-t-il précisé.
Le Hamas a appelé les Nations Unies et le Conseil de sécurité de l’ONU à se réunir d’urgence pour adopter une résolution « obligeant l’occupation à mettre fin à son agression ». Il a également dénoncé le soutien « illimité » à Israël des Etats-Unis qui portent « l’entière responsabilité » du bilan des massacres. « Avec son soutien politique et militaire illimité à (l’entité sioniste), Washington porte l’entière responsabilité des massacres des femmes et des enfants à Gaza », a-t-il affirmé.
De son côté, le Jihad islamique palestinien a souligné que « cette agression ne donnera pas à l’ennemi l’avantage sur la Résistance, ni sur le terrain ni dans les négociations, et ne sortira pas Netanyahu et son gouvernement nazi sanguinaire de la crise interne qu’ils fuient. Au contraire, elle les affaiblira davantage et accumulera les échecs, et ils en sortiront humiliés et soumis. »
Le Hamas a en outre annonce le martyre dans ces frappes de plusieurs personnalités palestinienne de haut rand dont Issam Daalis, premier ministre, Mahmoud Abou Watfa, ministre de l’intérieur du Ahmad Abou Hatta, ministre de la Justice, et Bahjat Abou Sultan, directeur de la Sécurité interne. Un responsable du Jihad islamique a annoncé aussi le martyre du porte-parole de la branche armée du groupe, les Brigades al-Qods, dans les frappes israéliennes nocturnes sur la bande de Gaza. « Naji Abou Saïf, le porte-parole de Brigades al-Qods connu comme Abou Hamza, est mort avec sa femme dans une frappe aérienne israélienne », a indiqué à l’AFP ce responsable du groupe palestinien allié au Hamas.
Réagissant à cette escalade, le Conseil politique suprême de la résistance yéménite Ansarullah a condamné l’agression contre Gaza, tenant les « ennemis sionistes et américains pleinement responsables de la violation de l’accord de cessez-le-feu et de l’échec de tous les efforts pour passer à la deuxième phase, ainsi que de la remilitarisation des mers et de l’intensification des tensions dans la région ». Dans un communiqué publié mardi, Ansarullah a affirmé qu’Israël et les USA « doivent assumer les conséquences et les répercussions de cette situation ». L’armée de Sanaa a par ailleurs annoncé avoir ciblé, via un missile hypersonique, une base aérienne israélienne près d’Eilat. « L’objectif a été atteint », a affirmé le général Yahia Saree, porte-parole de l’armée yéménite tout en ajoutant que d’autres actions suivront dans les heures et jours à venir jusqu’à ce que l’injustice soit levée dans l’enclave palestinienne.
A signaler que les forces yéménites ont ciblé le porte-avions américain USS Harry Truman dans le nord de la mer Rouge avec deux missiles de croisière et deux drones, en plus d’un destroyer américain avec un missile de croisière et quatre drones. Y. Sarii, a déclaré que « le porte-avions est le troisième visé en 48 heures. La confusion a plongé l’ennemi, ce qui a contraint nombre de ses navires de guerre à se replier vers le nord de la mer Rouge. Une attaque aérienne en préparation contre notre pays a été déjouée. » Dans un communiqué, il a tenu « l’agresseur américain responsable de toutes les répercussions résultant de la militarisation de la mer Rouge et de l’élargissement du cercle de confrontation en continuant à lancer une agression contre le Yémen, ce qui impacte négativement le trafic maritime international ». Réitérant que « les forces armées yéménites ne cesseront pas de cibler tous les objectifs hostiles dans la mer Rouge et la mer d’Arabie jusqu’à ce que l’agression contre notre pays cesse », il a également souligné que « les forces armées yéménites continueront d’interdire le passage des navires israéliens depuis la zone d’opérations déclarée jusqu’à la levée du blocus contre la bande de Gaza ».
La reprise de l’agression israélienne contre la bande de Gaza intervient deux mois après l’annonce de l’accord de cessez-le-feu (19 janvier 2025), dont la première phase s’est terminée le 1er mars. Cette décision intervient dans un contexte de craintes d’une aggravation de la situation humanitaire dans la bande de Gaza, compte tenu du blocus israélien en cours et de l’interruption de l’acheminement des fournitures médicales et humanitaires. Le bilan des martyrs dans la bande de Gaza depuis le début de l’agression israélienne, le 7 octobre 2023, s’élève à 48 572, dont une majorité d’enfants et de femmes. 112 032 autres personnes ont été blessées, tandis que plusieurs victimes restent sous les décombres et dans les rues, inaccessibles aux ambulances et aux services de secours.
Avant la récente offensive sanguinaire israélienne qui a fait près de 1.000 martyrs et blessés en 5 heures, le cycle de négociations du Caire s’était soldé par un échec. Il n’a pas permis de parvenir à une avancée décisive concernant l’accord de cessez-le-feu dans la bande de Gaza. Selon un responsable égyptien, la délégation israélienne qui était arrivée dimanche dans la capitale égyptienne pour discuter avec de hauts responsables égyptiens de la question des captifs était « sans l’autorité nécessaire pour négocier de manière significative ». Dans un entretien pour le quotidien libanais al-Akhbar, ce responsable a indiqué sous le couvert de l’anonymat que l’Égypte et le Qatar ont œuvré ensemble à la formulation d’une vision de compromis. Selon lui « la réponse reçue par les États-Unis et Israël de la part du Hamas vendredi dernier comprenait une véritable solution de compromis comme alternative à la proposition américaine ».
Le Hamas avait accepté de relâcher le soldat israélo-américain Idane Alexander ainsi que les dépouilles de 4 soldats à la double nationalités quitte à passer à la seconde phase. Une exigence à laquelle le mouvement palestinien reste attaché car elle devrait aboutir en fonction de l’accord de trêve conclu à un retrait total des forces israéliennes de Gaza en échange de la libération de tous les captifs israéliens vivants. Mais Israël refuse catégoriquement de passer à cette seconde phase, se contentant d’accorder une prolongation de la première phase de 40 jours. Tout en réclamant la libération de 11 captifs et de 16 dépouilles.
La proposition de S. Witkoff, émissaire américain, était aussi proche de l’israélienne, en stipulant une prolongation de la trêve entre 42 et 50 jours sans assurer un engagement israélien en faveur d’un cessez-le-feu définitif. En plus de la libération de 5 captifs vivants et de 10 dépouilles. Israël et les USA avaient aussi refusé la proposition égyptienne de prolonger la trêve jusqu’à la fin du mois d’avril prochain, et de poursuivre les négociations afin de mettre fin complètement à la guerre.
Selon al-Akhbar, les deux parties cherchent à contraindre la résistance palestinienne à libérer les captifs en utilisant l’arme de l’aide, en continuant à fermer complètement le passage de Rafah, et en empêchant toute aide d’entrer dans la bande de Gaza, menaçant d’une véritable famine. Face à ce blocage, ajoute la même source, l’Égypte s’inquiète sérieusement des efforts destinés à « faciliter potentiellement » le déplacement des habitants de Gaza. D’autant que des discussions sont actuellement en cours à ce sujet, notamment avec le Soudan et la Somalie, voire la Syrie, pour les encourager à devenir des pays d’accueil des Palestiniens déplacés.
Sameh Choukry, ministre égyptien des Affaires étrangères, s’attelle aussi pour organiser dans les prochains jours une réunion avec les ambassadeurs étrangers dans le cadre de la promotion du plan de reconstruction de Gaza. Alors que le Caire s’efforce de commencer à former le personnel palestinien qui sera responsable de la sécurité dans la bande de Gaza, en plus de « la présence de forces internationales qui assureront la sécurité et la stabilité », il cherche à faire approuver ce « mécanisme » par le Conseil de sécurité. Entre-temps, la date de la conférence sur la reconstruction prévue le mois prochain reste à déterminer, faute de consensus politique.
Les chances de discuter du plan égyptien au niveau arabe se sont amenuisées en raison du manque de soutien financier des pays arabes, à l’exception du Qatar, qui a exprimé son soutien. À ce propos, la source a déclaré que « l’Égypte tente d’imposer son plan, en arguant que la seule voie possible est la reconstruction, et non le déplacement, malgré le manque de soutien saoudo-émirati à sa proposition et l’ambivalence jordanienne évidente à son égard. »
Les autorités municipales de Gaza avaient mis en garde, dimanche 16 mars, contre l’imminence d’une grave crise liée à l’eau qui pourrait affecter l’ensemble de l’enclave, alors qu’Israël continue de fermer les points de passage frontaliers et de menacer de couper l’approvisionnement en eau. « Le réseau de distribution d’eau de Mekorot assure environ 70 % des besoins quotidiens en eau de la ville de Gaza », a déclaré la mairie de Gaza dans un communiqué. « Si l’approvisionnement en eau de ce réseau de distribution est interrompu, cela pourrait entraîner une grave pénurie d’eau, menaçant la vie des civils et provoquant une détérioration de la santé publique, avec la propagation potentielle de maladies », a-t-elle averti.
Mekorot, société israélienne de distribution d’eau, est l’une des principales sources d’approvisionnement en eau de la Bande de Gaza. La société opère sous le contrôle total de l’entité sioniste, ce qui en fait un levier essentiel dans le blocus israélien toujours imposé contre la Bande de Gaza.
Depuis la fin de la première phase de l’accord de cessez-le-feu et d’échange de prisonniers début mars, Israël a de nouveau fermé tous les points de passage de Gaza et bloqué l’entrée de l’aide humanitaire. Le blocus et l’interruption de l’approvisionnement en électricité de Gaza imposés par Israël ont entraîné la fermeture d’installations essentielles de traitement de l’eau et des eaux usées, ce qui a aggravé les conditions humanitaires déjà désastreuses dans le territoire.
Les responsables israéliens ont menacé à plusieurs reprises d’interrompre l’approvisionnement en eau et en électricité de la Bande de Gaza afin d’exercer une pression sur le Hamas.
Pékin a fait part de sa « profonde préoccupation » après les frappes israéliennes meurtrières de la nuit et appelle toutes les parties à empêcher une « catastrophe humanitaire ». « La Chine est extrêmement préoccupée par la situation entre Israël et la Palestine et espère que toutes les parties (…) empêcheront une catastrophe humanitaire de grande ampleur », a déclaré la porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Mao Ning.
Antonio Guterres s’est déclaré « choqué par les frappes israéliennes » à Gaza, a indiqué mardi un porte-parole des Nations unies. « Il lance un appel pressant pour que le cessez-le-feu soit respecté, que l’aide humanitaire soit rétablie sans entrave et que les otages restants soient libérés sans condition. » Paris a également condamné l’agression sioniste, au même titre que Londres et Bruxelles. Mais la gestion du génocide en cours ne semble guère bénéficier plus que des réprobations des capitales arabes, islamiques et occidentales. Ce qui libère Israël, soutenu par les USA, de toute responsabilité à l’endroit du peuple palestinien martyrisé aussi bien à Gaza qu’en Cisjordanie…