Cela faisait douze ans que les chefs de la diplomatie turque et syrienne ne s’étaient pas rencontrés. Les efforts déployés par Moscou ont fini par aboutir, les ministres syrien Fayçal Mekdad, turc Mevlüt Cavusoglu, ainsi que leurs homologues russe Sergueï Lavrov et iranien Hossein Amir-Abdollahian, ont chargé leurs adjoints d’« élaborer une feuille de route pour faire avancer les relations entre la Turquie et la Syrie ».
Ankara présente cette réunion comme un préalable à un sommet entre les dirigeants turc et syrien. La Turquie s’était posée dès le début du conflit en soutien de l’opposition et des rebelles désireux de renverser le président syrien Bachar al-Assad. Mais le président turc Recep Tayyip Erdogan s’efforce désormais de retisser des liens avec Damas, avec le but affiché de renvoyer une partie des 3,7 millions de Syriens réfugiés sur le sol turc, une question centrale dans les élections présidentielle et législatives qui se tiendront dimanche en Turquie.
Selon Sergueï Lavrov, chef de la diplomatie russe, le document signé mercredi doit permettre à Damas et Ankara de « fixer clairement leurs positions sur les sujets prioritaires pour eux » pour pouvoir « rétablir le contrôle du gouvernement syrien sur l’ensemble du territoire du pays et assurer de manière solide la sécurité de la frontière avec la Turquie de 900 km de long ». « Il est également important d’évoquer le rétablissement des liaisons logistiques qui ont été rompues entre les deux pays voisins et la reprise de la coopération économique sans obstacle », a déclaré le chef de la diplomatie russe au début de cette réunion. « Nous avons tous intérêt à ce que les relations entre la Syrie et la Turquie reprennent sur la base de l’égalité et du respect » mutuels, a-t-il souligné.
Après la réunion des ministres turc et syrien de la Défense en décembre, et la réussite de la rencontre de mercredi, Moscou peut envisager très sérieusement la troisième étape de ce processus de réconciliation entre Ankara et Damas, à savoir la rencontre au sommet entre les deux dirigeants des deux pays.
A rappeler que la Syrie conditionne toute réconciliation officielle avec la Turquie par le retrait des troupes turques du nord de la Syrie, outre l’arrêt de tout soutien à l’opposition syrienne. Conditions jugées difficiles, côté turc.
Washington ne désarme pas
Le trouble jeu US en Syrie n’en finit pas. Déjà à la manœuvre pour siphonner le pétrole du pays, Washington tente désormais de former de nouvelles unités, en s’appuyant sur des terroristes. Les États-Unis se sont mis à élaborer une « Armée de Syrie libre » en y incorporant des militants de Daech, a déclaré le ministre russe des Affaires étrangères.
« Les Américains ont commencé à créer une armée de Syrie libre dans les environs de Raqqa, avec la participation de tribus arabes locales, de combattants de l’État islamique et d’autres organisations terroristes. Le but est évidemment d’utiliser ces combattants contre les autorités légitimes de la République arabe syrienne, pour déstabiliser la situation dans le pays », a affirmé Sergueï Lavrov lors de pourparlers avec ses homologues syrien, turc et iranien.
Le diplomate a assuré que les hauts gradés russes et syriens discutaient ensemble de ce problème, pour mettre en place des « plans d’actions communs ». Moscou dénonce « une ingérence extérieure flagrante dans les affaires de la région », a-t-il ajouté.
Ce n’est pas la première fois que les États-Unis sont soupçonnés de s’appuyer sur des terroristes en Syrie, depuis la défaite de Daech. En février, le renseignement russe avait ainsi affirmé qu’une soixantaine de terroristes étaient formés dans une base US d’Al-Tanf, pour perpétrer des attentats en Russie. Il s’agirait de combattants de groupes djihadistes affiliés à Daech et à Al-Qaïda.
Le Pentagone jouerait d’ailleurs un jeu similaire dans le dossier ukrainien, invitant des mercenaires et terroristes afghans, somaliens ou irakiens à aller se battre contre la Russie…