L’armée israélienne a affirmé avoir ciblé, mercredi, un commandant du Hamas dans une frappe à Gaza-ville qui, selon la défense civile locale, a touché un immeuble résidentiel tuant au moins vingt personnes. Interrogée par l’AFP sur la frappe dans le quartier de Choujaïya, l’armée a déclaré avoir « frappé un terroriste de haut rang du Hamas, responsable de la planification et de l’exécution d’attaques terroristes » dans le secteur, ajoutant que « des mesures ont été prises pour limiter les dommages causés aux civils ». Pas moins de 35 martyrs ont été recensés dans cette frappe sur un total de 45, outre 55 blessés. Le ministère de la Santé de Gaza a signalé par ailleurs que le bilan des victimes depuis le 18 mars 2025 s’élève à 1 482 martyrs et 3 688 blessés, avec les 36 martyrs et 41 blessés recensés ces dernières 24 heures. De violents raids israéliens ont été par ailleurs signalés contre la zone de Mouraj, au nord-est de Rafah, dans la bande de Gaza.
Le Hamas affirme que les atrocités intensifiées de l’armée d’occupation israélienne à Gaza font partie de la politique de « vengeance » de Benjamin Netanyahu contre le peuple innocent du territoire palestinien assiégé. Le groupe de résistance palestinien a déclaré, mardi 8 avril, dans un communiqué que cette « politique de vengeance contre les enfants, les femmes et les personnes âgées n’est pas un plan pour obtenir une prétendue victoire, mais plutôt une voie menant à un échec inéluctable ». Mercredi, un appel à la mobilisation a été lancé. « Nous appelons les pays qui entretiennent encore des relations avec l’occupation criminelle sioniste à rompre ces relations et à fermer les ambassades de l’entité nazie », rappelle le Hamas. « Il n’est plus acceptable que les positions arabes et islamiques restent prisonnières de déclarations et de condamnations timides. Il est inacceptable que notre peuple palestinien soit laissé seul dans cette confrontation fatidique sans un véritable soutien à la hauteur du défi », rappelle le mouvement palestinien qui appelle « les dirigeants arabes et islamiques doivent prendre des mesures urgentes pour faire pression sur l’occupation et son allié à Washington » et invite aussi « les masses de notre nation arabe et islamique et les peuples libres du monde à poursuivre leur mouvement béni de solidarité et de soutien à Gaza ».
Les crimes brutaux commis au vu et au su du monde contre des civils innocents et sans défense « ne resteront pas impunis et ne seront pas soumis aux délais de prescription », relève encore le Hamas qui souligne que « les massacres continus commis contre notre peuple, avec le soutien des USA, constituent une honte pour la communauté internationale.»
D’après les informations fournies par la Défense civile de Gaza, les frappes aériennes israéliennes de mardi ont causé la mort d’au moins 19 civils, dont plusieurs enfants, à travers le territoire palestinien.
Le Hamas a de nouveau appelé la communauté internationale à intervenir pour de mettre fin aux bombardements israéliens contre Gaza, tout en avertissant que l’intensification des offensives militaires ne garantirait pas la sécurité des prisonniers israéliens. Il a en outre fermement dénoncé les bombardements israéliens persistants contre la bande de Gaza et souligné que « ces actions dépassent le cadre d’une simple pression militaire et s’apparentent à un crime organisé visant des civils innocents ».
Le Hamas a également insisté sur le fait qu’il incombe à la communauté internationale de prendre des mesures claires et immédiates pour mettre un terme à cette escalade de violence. Et réitéré que « l’intensification et l’ampleur croissante des agressions ne parviendront pas à ébranler la détermination du peuple palestinien. Au contraire, ces attaques ne feront qu’accroître leur volonté de résister et de lutter contre cette agression ».
Depuis le 18 mars, Israël a été responsable de la mort de plus de 1 480 Palestiniens, relançant une campagne de violence qui a mis fin à un cessez-le-feu de deux mois, lequel avait permis un répit temporaire et facilité la libération de certains captifs israéliens en échange des centaines de prisonniers palestiniens. Rappelons que plus de 50.000 Palestiniens sont tombés en martyre, dont une majorité de femmes et d’enfants, depuis le déclenchement de la guerre génocidaire israélienne contre Gaza, le 7 octobre 2023.
« Un cham de mort »
La bande de Gaza, où aucune aide n’entre plus en raison du blocage par Israël, est désormais « un champ de mort », a fustigé mardi le secrétaire général de l’ONU. « Depuis plus d’un mois, pas la moindre goutte d’aide n’est entrée dans Gaza. Pas de nourriture, pas de carburant, pas de médicaments, pas de biens commerciaux. Alors que l’aide se tarit, les vannes de l’horreur se sont rouvertes », a déclaré Antonio Guterres à la presse en s’en prenant directement à Israël. « Gaza est un champ de mort et les civils sont piégés dans une boucle sans fin de mort ».
« En tant que puissance occupante, Israël a des obligations sans équivoque en vertu du droit international, y compris le droit humanitaire international et le droit international sur les droits humains », a-t-il insisté.
Faisant référence aux Conventions de Genève, A. Guterres a notamment souligné l’obligation de la « puissance occupante » d’assurer la fourniture de nourriture et de matériel médical à la population. « Rien de cela ne se passe aujourd’hui », a-t-il dénoncé, rejetant également de nouvelles propositions israéliennes sur l’aide. « Les nouveaux +mécanismes d’autorisation+ proposés par Israël pour la fourniture de l’aide menacent de contrôler et de limiter durement l’aide, jusqu’à la dernière calorie et au dernier grain de farine ».
« Je dois être clair: nous ne participerons pas à un quelconque système qui ne respecte pas pleinement les principes humanitaires: humanité, impartialité, indépendance et neutralité », a-t-il insisté, réclamant la garantie de l’accès « sans entrave » de l’aide.
Ces déclarations font référence à des propositions faites ces derniers jours par les autorités d’occupation israéliennes qui ont indiqué à l’ONU vouloir renforcer leur contrôle sur l’aide – y compris un comptage des calories qui entrent – pour empêcher son appropriation par le Hamas, a expliqué une source onusienne à l’AFP.
A. Guterres s’est également alarmé de la situation en Cisjordanie occupée. « Le chemin actuel est une impasse, totalement intolérable aux yeux du droit international et de l’histoire. Et le risque que la Cisjordanie se transforme en un autre Gaza rend la situation encore pire », a-t-il déclaré. « Il est temps de mettre un terme à la déshumanisation, de protéger les civils, de libérer les otages, de garantir l’aide vitale et de renouveler le cessez-le-feu », a-t-il ajouté.
Offre indonésienne
Le président indonésien a annoncé que son pays était prêt à accueillir temporairement les Palestiniens affectés par la guerre israélienne contre Gaza, estimant que 1 000 d’entre eux pourraient être hébergés durant la première étape. Au début d’une tournée au Moyen-Orient et en Turquie, Prabowo Subianto a expliqué qu’il avait demandé au ministère des Affaires étrangères d’entamer rapidement des discussions avec la partie palestinienne et d’autres parties sur la manière d’évacuer les Palestiniens concernés et de les transférer en Indonésie.
« Nous sommes prêts à évacuer les blessés, les traumatisés et les orphelins », a-t-il déclaré. Selon lui, « ces personnes resteront temporairement en Indonésie jusqu’à ce qu’elles se remettent complètement de leurs blessures et que la situation à Gaza soit sûre pour leur retour ».
Le président indonésien a déclaré que son pays « veut renforcer son rôle dans la recherche d’une résolution du conflit », considérant que ce plan n’est pas facile. « L’engagement de l’Indonésie à soutenir la sécurité et l’indépendance des Palestiniens a incité notre gouvernement à agir plus efficacement », a-t-il encore ajouté.
Les remarques de S. Prabowo interviennent deux mois après que le ministère indonésien des Affaires étrangères a déclaré son rejet catégorique de toute tentative de déplacer de force les Palestiniens, suite à la proposition du président américain Donald Trump de transférer les Palestiniens de Gaza vers d’autres pays.