Partout le même message d’alerte sur les comptes sociaux des médias d’État : « Le commandement du théâtre de l’est de l’armée populaire de libération organise ce samedi des manœuvres de préparation au combat autour de Taïwan ». Toujours selon les médias officiels, il s’agit « d’un avertissement sévère contre la collusion et la provocation des forces séparatistes et des puissances extérieures. »
L’agence Xinhua précise que ces manœuvres sont destinées à tester la « coordination navires – aéronefs » afin de « prendre le contrôle des espaces aériens et maritimes ». Cette démonstration de force intervient alors que la Chine et Taïwan sont au centre des discussions du sommet tripartite États-Unis, Japon et Corée du Sud à Camps David. Une alliance qualifiée ici d’« Otan de l’Asie. »
Des exercices lancés également après l’escale de deux jours aux États-Unis du vice-président taïwanais Lai Ching, un geste condamné fermement par Pékin qui s’oppose à tout contact entre les autorités taïwanaises et des gouvernements étrangers. Ces manœuvres d’avertissement ou de représailles interviennent désormais régulièrement autour de Taïwan. En avril 2023, l’armée chinoise avait organisé un exercice d’encerclement total de l’île.
Taïwan a déclaré samedi avoir détecté 42 incursions d’avions militaires chinois dans sa zone de défense aérienne depuis que la Chine a annoncé le lancement d’exercices militaires. Le ministère de la Défense de l’île a déclaré dans un communiqué avoir « détecté successivement 42 » incursions « depuis 9h (1h TU) », samedi. Parmi ces incursions, 26 avions de guerre ont franchi la ligne médiane du détroit de Taïwan, a précisé le ministère.
Selon ce même document, huit navires chinois ont également participé aux manœuvres, qui visaient selon Pékin à simuler des « conditions de combat réelles ». Le ministère taïwanais a déclaré que « l’armée nationale surveille et utilise des méthodes de reconnaissance pour contrôler strictement » la situation, ajoutant avoir envoyé des avions et des navires.
Jo Biden a annoncé, aux côtés de Fumio Kishida, Premier ministre japonais, et Yoon Suk-yeol, président sud-coréen, que les trois pays se consulteraient systématiquement et « rapidement » à l’avenir face aux « menaces » les visant.
« Nous entendons partager nos informations, coordonner nos messages et nos réponses », ont assuré les trois dirigeants dans un communiqué publié vendredi à ce sujet. En conférence de presse à Camp David, le ocataire du Bureau Ovale a loué plusieurs fois le « courage politique » de ses invités qui ont travaillé au rapprochement de leurs deux pays en dépit du passé douloureux de la colonisation de la Corée du Sud par le Japon.
F. Kishida a déclaré que les trois pays « écrivent une nouvelle histoire», et pas des moindres puisque Pékin est un partenaire économique crucial tant pour Tokyo que pour Séoul. La Chine absorbe 22% des exportations japonaises et 25% de celles de la Corée du Sud. Cet alignement risque d’exacerber la tension en Asie.
« Nous ne parlons pas d’un jour, d’une semaine ou d’un mois. Il s’agit de décennies » de coopération, a assuré le président américain à propos de ce dialogue renforcé, qui a déjà suscité de vives critiques de Pékin. Dans une déclaration conjointe publiée vendredi, les États-Unis, le Japon et la Corée du Sud ont d’ailleurs condamné le « comportement dangereux et agressif » et les « revendications maritimes illégales » de la Chine en matière maritime, dans un communiqué commun publié vendredi sur fond de tensions entre Pékin et les Philippines autour d’un atoll disputé.
Les trois pays vont mettre en place un programme d’exercices militaires conjoints sur plusieurs années. Mais selon Jake Sullivan, principal conseiller à la sécurité de la Maison Blanche, cette coopération renforcée n’est « pas un Otan pour le Pacifique », qui est une alliance de défense mutuelle.
Ils vont aussi mettre en place un canal de communication d’urgence au plus haut niveau, une sorte de « téléphone rouge » à trois combinés dans une région qui vit sous la menace du programme nucléaire nord-coréen et qui redoute une invasion de Taïwan par la Chine. J. Biden a toutefois indiqué qu’il comptait toujours rencontrer son homologue chinois, Xi Jinping, attendu en novembre aux États-Unis pour un sommet Asie-Pacifique (Apec).