S’exprimant à l’ouverture d’une conférence internationale organisée par le Conseil de la Concurrence sous le thème « Développement durable : défi concurrentiel et relais de croissance », P. M. Moreno a expliqué que pour de nombreux pays en développement, mobiliser des fonds pour l’action climatique est « un immense défi », en particulier en raison du poids de leur dette, ajoutant que cela leur laisse très peu de marge de manœuvre pour investir dans l’atténuation du changement climatique et l’adaptation à ses effets. Et le responsable onusien d’ajouter que pour permettre aux pays en développement de passer à des économies plus vertes, il faudra donc une transition juste et solidaire impliquant un cadre politique de réduction des émissions de gaz à effet de serre qui s’attaque simultanément aux inégalités, assure une répartition équitable des coûts de la transition et garantit que les bénéfices de la transition soient largement partagés.
P.M. Moreno a, d’autre part, indiqué que les lois et politiques relatives à la concurrence et à la protection des consommateurs jouent un rôle clé dans le soutien des initiatives de développement durable, corrigent les défaillances du marché et contribuent à garantir des conditions équitables dans lesquelles les entreprises et les consommateurs peuvent faire les meilleurs choix. Plusieurs autorités de concurrence expérimentées fournissent des orientations ou modifient leurs règles de concurrence afin de trouver un équilibre entre le soutien au développement durable et la compétitivité des marchés, a-t-il noté, expliquant qu’il est nécessaire qu’elles fournissent des orientations concrètes et claires pour assurer la sécurité juridique des entreprises et qu’elles continuent à échanger les meilleures pratiques entre les différentes juridictions.
Pour ce qui est de la consommation, le responsable onusien a mis l’accent sur la nécessité de passer de la notion de consommateur en tant que destinataire passif de biens et de services, à celle de consommateur en tant qu’agent de changement.
Ahmed Rahhou, président du Conseil de la Concurrence, a appelé dans son discours à l’intégration et à la consolidation des principes de durabilité au niveau des marchés, tout en maintenant un fonctionnement concurrentiel favorable à l’innovation, à la créativité et au bien-être du consommateur. Il a expliqué que la tendance mondiale observée s’oriente vers le renforcement des principes de durabilité au niveau des législations et des conditions d’exercice des activités économiques. Et de poursuivre que par rapport à l’accès aux marchés, « le respect des exigences de durabilité peut se présenter comme une opportunité pour certaines entreprises et comme un obstacle pour d’autres et ce, en fonction du degré de respect de certaines normes sociales et environnementales qui s’imposent de plus en plus comme des conditions d’accès à certains marchés ». Le débat durabilité/concurrence place les autorités de la concurrence dans une position de faire clairement valoir que la durabilité ne peut servir d’excuse aux entreprises pour nouer des ententes ou se livrer à d’autres comportements anticoncurrentiels, a-t-il soutenu.
Notant que la définition du développement durable la plus couramment admise provient du rapport de la Commission mondiale sur l’environnement et le développement, qui le définit comme « un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs », A. Rahhou a ajouté que le développement durable a pour objectif de redynamiser la croissance tout en changeant la qualité de la croissance. « Ce concept est porteur d’une réflexion prospective et de la volonté d’assurer le bien-être d’une population mondiale importante et qui augmente encore », a-t-il indiqué. En matière de prise de décisions, le développement durable a pour objectif d’associer l’environnement et l’économie, afin que la technologie et la gestion des risques concourent à une croissance durable, a fait observer le responsable, soulignant qu’il implique également une réorientation des relations économiques internationales, de manière à ce que les avantages du développement soient plus largement partagés.
Initiée en partenariat avec l’Union Européenne, cette conférence internationale qui connaît la participation d’un parterre d’acteurs institutionnels et d’experts nationaux et internationaux, tend à examiner plusieurs questions liées notamment à l’impact de la transition vers une économie verte sur la concurrence et le financement du développement durable, aux retombées du développement durable sur les chaînes de production mondiales, aux défis de la consommation responsable et à la problématique de l’inflation. Elle vise aussi à présenter les outils permettant aux autorités de concurrence de contribuer de manière efficace au renforcement de la durabilité et d’examiner les moyens d’intervention du secteur privé pour sa consolidation.