Face à un parterre d’experts, de représentants d’institutions publiques, de membres de la société civile et d’acteurs du secteur de la santé, M. Benalilou a rappelé que la corruption dans les systèmes de santé est considérée, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), comme l’un des « risques systémiques » qui freinent la réalisation des Objectifs de développement durable. Il a cité à cet égard les estimations de Transparency International, selon lesquelles « 7 % des dépenses mondiales de santé sont perdus à cause de la corruption ».

Saluant la diversité des participants, l’orateur a relevé que cet atelier visait à instaurer « un espace de dialogue rigoureux, de débat approfondi et d’expression sincère d’une volonté commune », afin d’examiner collectivement les zones d’ombre du système de santé national. « Le débat sur la corruption dans le secteur de la santé ne concerne pas des dysfonctionnements isolés, mais la manière dont nous gérons la vie humaine elle-même, un droit fondamental, non négociable », a-t-il déclaré.

Partant du constat que les citoyens considèrent la santé comme l’une de leurs principales préoccupations, M. Benalilou a rappelé les conclusions de l’enquête menée par l’INPPLC, selon laquelle de nombreux citoyens signalent des obstacles liés à la corruption, à la qualité des soins, à l’opacité des procédures, et même à des discriminations dans l’accès aux traitements. Voilà pourquoi l’Instance nationale a lancé ses travaux à travers deux axes jugés prioritaires à savoir la chaîne de valeur des médicaments et des produits médicaux, d’une part, et le secteur médical privé, d’autre part. « La chaîne de valeur des produits médicaux reste vulnérable aux risques de falsification, de favoritisme et de corruption, malgré les efforts consentis », a expliqué le patron de l’INPPLC. Quant au secteur privé, son essor rapide s’est accompagné de failles réglementaires et d’un manque de mécanismes de contrôle, « créant parfois un terreau favorable à des pratiques telles que la facturation fictive ou les interventions médicales non nécessaires ».

Le président de l’Instance a annoncé que la prochaine phase de ce chantier se penchera sur le « parcours du patient », comme troisième volet structurant. Comme il a insisté sur l’importance d’aborder la problématique de la corruption non seulement sous un angle moral ou juridique, mais également structurel et institutionnel. « La corruption dans le secteur de la santé n’est pas toujours le fait d’actes individuels. Elle est aussi le reflet d’une vulnérabilité des systèmes, avec ses manifestations bien connues : gouvernance faible, manque de transparence, insuffisance des mécanismes de contrôle, conflits d’intérêts », a-t-il précisé.

« Ce que nous faisons aujourd’hui ne consiste pas uniquement à dresser une cartographie des risques, mais à construire une immunité institutionnelle durable. De même que le corps humain résiste aux virus grâce à une immunité biologique, le système de santé affronte la corruption avec une immunité politique, institutionnelle et participative », a-t-il affirmé.

M. Benalilou a insisté sur la nécessité de formuler, à l’issue de cet atelier, des recommandations concrètes. « Nous devons passer d’une phase de diagnostic à une phase d’engagement, où nous pouvons proposer des solutions précises, des trajectoires claires de changement », a-t-il lancé. Comme il a remercié le ministre de la Santé et de la Protection sociale pour son implication « totale » dans le projet. Il a salué un « engagement politique affirmé » qui intègre la lutte contre la corruption dans une vision de réforme globale du secteur, fondée sur la bonne gouvernance, la valorisation du capital humain et l’amélioration de l’offre de soins.

Le chef de l’institution a conclu sur une note d’espoir et de mobilisation en soulignant que « les efforts collectifs peuvent faire de la prévention contre la corruption non pas un simple engagement légal, mais un indicateur d’efficacité des politiques publiques, et un fondement d’un système de santé juste, équitable, et respectueux de la dignité des citoyens ».

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