Cette interruption du partenariat entre le petit pays d’Amérique centrale et le géant asiatique suffira-t-elle à freiner les ambitions du président américain ? Un rendez-vous téléphonique entre le président panaméen et Donald Trump est programmé ce vendredi. Dimanche à l’issue de sa rencontre avec le secrétaire d’État américain Marco Rubio, José-Raul. Mulino, président panaméen, avait annoncé qu’il ne prolongerait pas la coopération avec la Chine sur le projet d’infrastructures des Nouvelles routes de la soie, axe central de la stratégie chinoise pour accroître son influence à l’étranger et sécuriser ses approvisionnements.
Pékin a déclaré vendredi « déplorer profondément » ce retrait. « La Chine s’oppose fermement à ce que les États-Unis utilisent la pression et la coercition pour dénigrer et saper la coopération » dans le cadre de ce projet, a déclaré vendredi Lin Jian, un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.
L’accord avec le Panama, renouvelé tous les trois ans, se terminait en 2026. Or, D. Trump veut que les choses aillent vite. Dès lundi, il a donc exprimé son insatisfaction, et le Panama va finalement faire jouer sa clause de sortie dès maintenant – pour un retrait effectif dans 90 jours. Mais ce retrait ne semble pas être une immense concession pour J.R. Mulino, puisqu’il avait déjà fait part de ses réserves sur le bilan de ce partenariat, démarré en 2017. Cependant, cette rupture avec Pékin ne règle pas tous les problèmes. Le président panaméen va s’entretenir vendredi avec son homologue américain, qui pourrait bien exprimer d’autres exigences.
Deux des ports de la zone du canal, Balboa et Cristobal, sont exploités par une société basée à Hong Kong, ce qui fait tiquer D. Trump qui soupçonne toutes les entreprises chinoises de travailler pour le PCC. Mais un audit est actuellement en cours, à l’initiative des autorités panaméennes, sur les conditions de la concession. Le président panaméen a prévenu que le contrat serait rompu seulement si une raison valable l’imposait à l’issue de ce processus.
Autre point de friction avec Washington, les droits de passage sur le canal. Le département d’État des États-Unis a déclaré avoir obtenu la gratuité pour le passage de la flotte militaire américaine sur le canal, ce qu’ont démenti les autorités locales peu après.
Bogota résiste
En parallèle, la Colombie a ouvert une nouvelle route maritime commerciale reliant son principal port sur le Pacifique à Shanghai, illustrant le « renforcement » de ses relations avec la Chine, sur fond de tensions diplomatiques avec les États-Unis. « La Colombie et la Chine concluent une route maritime reliant Shanghai à Buenaventura », a annoncé jeudi sur X le ministère du Commerce du pays sud-américain. Les marchandises en provenance de Buenaventura, dans l’ouest de la Colombie, sur le Pacifique, feront escale au port péruvien de Chancay, financé par la Chine, avant de se diriger vers la mégalopole chinoise.
Zhu Jingyang, ambassadeur de Pékin à Bogota, a salué sur X cette « bonne nouvelle » pour les relations commerciales des deux pays. Le projet est chapeauté par le géant du commerce maritime mondial China Ocean Shipping Company (Cosco). Luis Carlos Reyes, ministre colombien du Commerce, l’a qualifié de « grand pas dans le renforcement des relations » entre les deux nations. Cet accord commercial intervient alors que Bogota entretient des relations tendues avec Washington. Gustavo Petro, premier président de gauche de l’histoire de la Colombie, avait refusé le 26 janvier de permettre l’arrivée d’avions militaires US transportant des expulsés colombiens, inquiet pour la « dignité » des personnes à bord.
Après des heures de tensions et l’annonce de sanctions douanières réciproques, « l’impasse » avait été finalement surmontée, selon Bogota et Washington avait levé sa menace d’imposer des droits de douane sur tous les biens colombiens entrant aux USA d’abord de 25 %, puis 50 % au bout d’une semaine. Le gouvernement colombien a ensuite proposé de prendre en charge le transport aérien et maritime de ses citoyens expulsés des États-Unis, afin de garantir qu’ils ne voyagent pas menottés.
Fin janvier, le président colombien a estimé que son homologue américain défendait une « thèse fasciste » en traitant les migrants illégaux aux États-Unis comme des criminels. Il avait également estimé que son ministère du Commerce extérieur « doit contribuer à orienter nos exportations vers le monde entier, à l’exception des États-Unis. Nos exportations doivent être développées ».