Un raid sur une tente de déplacés dans le quartier Sabra au sud de Gaza-ville a causé ce samedi le martyre de 5 Palestiniens de la famille Tleib, dont une femme et 3 enfants. Vendredi, 8 Palestiniens ont été tués dans un pilonnage israélien de la région Tal al-Hawa au sud de Gaza-ville. 3 autres Palestiniens ont succombé dans des raids de drones israéliens dans la région Maan à l’est de Khan Younes au sud de l’enclave. Un raid sur l’entourage de l’Université islamique à l’est de Khan Younès a fait un martyr et plusieurs blessés. L’armée d’occupation a ouvert le feu sur des pécheurs au nord-ouest de Gaza, tuant l’un d’entre eux.

Juliette Touma, directrice de la communication et de l’information de l’UNRWA a déclaré que « les habitants de Gaza sont sans issue. La mort les poursuit partout. Il n’y a aucun endroit sûr. L’inaction et l’apathie caractérisent les événements actuels. C’est comme si nous normalisions la déshumanisation et fermions les yeux sur les crimes qui ont été diffusés en direct sous nos yeux et aux yeux du monde entier. À Gaza, des familles sont bombardées, des enfants sont brûlés vifs et des gens meurent de faim. » Les cuisines solidaires qui distribuent des repas chauds sont prises d’assaut.

Des images de l’AFP prises devant l’une d’entre elles à Khan Younès, dans le sud, montrent une foule, dont beaucoup d’enfants en pleurs, massée et agitant des casseroles en l’air devant un point de distribution de riz. « Aujourd’hui est le dernier jour où l’association peut fonctionner, nous sommes contraints de la fermer », explique Hani Abu al-Qasim, responsable du point de distribution. « D’ici deux ou trois jours, ils ne trouveront plus rien à manger ».

Stéphane Dujarric, porte-parole du secrétaire général de l’ONU, a souligné vendredi que « l’aide doit parvenir à tous, où qu’ils soient et selon leurs besoins » ajoutant que « la crise humanitaire s’est aggravée après près de 10 semaines de coupure de l’aide à Gaza ».

De son côté, le Bureau médiatique du gouvernement à Gaza a rapporté vendredi que « plus de 65.000 enfants risquent de mourir en raison des pénuries alimentaires et du recours par l’occupation à des politiques de famine contre les civils ». Il a souligné que « 40 jours se sont écoulés depuis la fermeture des boulangeries et 70 jours depuis la fermeture des points de passage, empêchant l’entrée de 39.000 camions d’aide, de carburant et de médicaments ».

Selon Olga Cherefko, porte-parole du Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies à Gaza, « les souffrances dans la bande de Gaza sont immenses et dépassent l’imagination, et les familles risquent leur vie pour accéder à la nourriture ».

Josep Borrell, ancien haut responsable de la politique étrangère de l’UE a déclaré qu’« Israël commet un génocide à Gaza et mène la plus grande opération de nettoyage ethnique depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. L’incapacité de l’UE à utiliser tous les moyens à sa disposition pour influencer Israël a été critiquée. Les expressions de regret ne suffisent tout simplement pas. »

Margaret Harris, porte-parole de l’Organisation mondiale de la santé, a déclaré que plus de 10.500 patients à Gaza ont besoin d’évacuation médicale urgente, dont 4 000 enfants, notant que seulement 122 patients ont été évacués depuis la reprise des hostilités. Le bilan des morts et des blessés depuis la reprise de la guerre d’extermination le 18 mars a atteint 2.687 martyrs et 7.308 blessés, portant le total à 52.787 martyrs et 119.349 blessés, depuis le 7 octobre 2023.

La résistance opérante

En parallèle, il y a lieu de souligner que l’armée d’occupation a reconnu que 9 militaires israéliens ont été blessés dans la nuit de vendredi à samedi dans la région de Chouja’iya au nord de la bande de Gaza. Le commandant du 6310e bataillon de la brigade de Jérusalem et le commandant adjoint de la 252e division font partie des militaires blessés dans l’explosion d’un engin piégée pendant une opération de ratissage, selon la version de l’armée d’occupation. Les médias israéliens avaient rendu compte d’un incident sécuritaire qui a eu lieu dans le quartier Chouja’iya et des soldats ont été transportés vers les hôpitaux après avoir été pris pour cible par des obus anti blindés.

Les Brigades al-Qassam du Hamas avaient revendiqué la double opération contre 12 militaires israéliens qui avait eu lieu mercredi dans la ville de Rafah. L’armée d’occupation a pour sa part rendu compte de la mort de deux soldats et de 6 blessés dont 4 grièvement dans « deux incidents distincts ».

Depuis la reprise de la guerre génocidaire israélienne contre la bande de Gaza le 18 mars, après une trêve de deux mois, les opérations de résistance se sont intensifiées. Elles sont baptisées Opérations Portes de l’Enfer. Elles ont causé la mort de 6 militaires israéliens.

Le gouvernement israélien a aussi annoncé lundi un plan de « conquête » de l’enclave palestinienne prévoyant un déplacement massif de sa population, suscitant de nombreuses condamnations à travers le monde.

Sur ces entrefaites, Al-Qassam a diffusé samedi une vidéo de deux otages israéliens en vie dans la bande de Gaza, dans laquelle l’un d’eux appelle à mettre fin à la guerre dans le territoire palestinien. Les médias israéliens ont identifié les deux hommes figurant dans la vidéo d’un peu plus de trois minutes comme étant Elkana Bohbot et Yossef-Haïm Ohana, enlevés en Israël lors de l’attaque perpétrée du 7 octobre 2023.

Les deux hommes sont filmés dans un petit espace confiné, l’un assis en tailleur, le crâne rasé et le bras tatoué, s’exprimant en agitant les mains, et l’autre, allongé sous une couverture, visiblement affaibli et gardant le silence. Appel a été lancé par les captifs aux dirigeants israéliens à mettre fin à la guerre à Gaza.

Des milliers de personnes se sont rassemblées vendredi dans la ville sainte d’al-Qods, « pour un rare rassemblement en faveur de la paix », selon l’AFP, alors que la guerre à Gaza entre dans son 20e mois, avec une situation humanitaire alarmante selon l’ONU. Cet évènement s’est produit lors de la « Conférence populaire pour la paix » organisée vendredi par la coalition « Il est temps », avec la participation de plus de 5 000 personnes. Cette coalition comprend environ 60 organisations locales œuvrant pour une résolution politique du conflit israélo-palestinien.

« Nous ne pouvons pas laisser les extrémistes des deux camps, qui se nourrissent de vengeance, de peur et de haine, décider de notre avenir », a dit à l’AFP Maoz Inon, entrepreneur israélien de 50 ans et militant pour la paix, coorganisateur de ce Sommet populaire pour la paix tenu vendredi. « Même s’ils contrôlent notre présent, nous devons choisir une alternative et façonner un avenir différent », a-t-il ajouté.

Le communiqué indique que les activités de la conférence comprenaient « des discours, des séances de discussion professionnelle, des performances d’artistes de renom et des réunions sur des questions de sécurité, d’économie, de diplomatie, d’éducation et de culture ». Il a souligné que ces activités découlaient d’une « croyance dans la possibilité et la nécessité de changer de cap », faisant référence au rejet du cours de la guerre d’extermination menée par Tel-Aviv, qui continue d’intensifier sa violence contre la bande de Gaza.

La conférence comprenait également des discours enregistrés du président français Emmanuel Macron, du président palestinien Mahmoud Abbas, des membres de la Knesset israélienne, ainsi qu’un discours de l’ancien Premier ministre israélien Ehud Olmert.

E. Macron a envoyé un message vidéo dans lequel il a déclaré : « Nos pensées vont aux familles israéliennes et palestiniennes. Je salue les personnes courageuses qui œuvrent aujourd’hui pour une vie commune et la paix. » M. Abbas a déclaré dans un enregistrement vidéo depuis Ramallah que « la paix est possible, et grâce à la justice, nous pouvons garantir la sécurité et un avenir pour tous les peuples de la région », selon un communiqué de la coalition. « Nous avons cru en la paix et avons œuvré pour la réaliser pendant plusieurs années, et nous continuerons à œuvrer pour la paix, qui s’obtient grâce à un travail acharné et à un engagement envers les principes de la justice internationale » a-t-il ajouté. « Nous rejetons la violence et le terrorisme sous toutes leurs formes, soutenons une culture de paix, rejetons le meurtre ou les abus contre des civils et soutenons la libération de tous les détenus et prisonniers », a-t-il encore soutenu tout ensoulignant que « la paix ne sera pas obtenue par l’occupation, l’agression et la destruction des maisons, des hôpitaux, des écoles et des tentes des personnes déplacées à Gaza, Jénine et Tulkarem, au mépris des femmes et des enfants. La paix et la sécurité ne seront pas obtenues en refusant au peuple palestinien son droit à la liberté, à l’indépendance, à un État et à la dignité, conformément au droit international. »

Abbas a déclaré que « la paix n’a qu’une seule voie : un État palestinien pleinement souverain et indépendant, avec Jérusalem-Est pour capitale, conformément aux résolutions internationales. La guerre doit cesser et nous devons progresser vers une paix durable, juste et globale pour tous nos peuples. »

À son tour, Ayman Odeh, membre arabe de la Knesset israélienne, a déclaré que « même au milieu de la guerre, Juifs et Arabes continuent de lutter ensemble ». Ajoutant que « ce n’est qu’ensemble que nous gagnerons. Je dis aux citoyens juifs : vous n’êtes pas seuls dans cet effort pour la paix. Nous sommes avec vous. »

Dans sa déclaration, le député arabe Ahmed Tibi a rappelé qu’à Gaza « un enfant est tué toutes les heures. J’entends la douleur de nombreuses familles en Israël, mais au milieu de cette douleur, nous devons crier : cette maudite guerre doit cesser. »

A cette occasion, l’ancien Premier ministre israélien Ehud Olmert et l’ex-chef de la diplomatie palestinienne Nasser al-Kidwa ont présenté leur plan de paix, dévoilé pour la première fois l’an dernier. Le neveu de l’ex-dirigeant palestinien Yasser Arafat, s’est exprimé par visioconférence depuis la Cisjordanie occupée. N. al-Kidwa a affirmé que leur proposition de paix reposait sur une solution à deux Etats, incluant un échange de 4,4% de territoire entre Israël et un futur Etat palestinien. Selon le plan dévoilé l’an dernier, Israël annexerait les principales colonies juives en Cisjordanie, notamment certaines zones autour de Jérusalem. En contrepartie, un territoire israélien de superficie équivalente serait cédé à un futur Etat palestinien, ont-ils dit. Leur vision d’une solution à deux Etats s’appuie sur les frontières d’Israël du 4 juin 1967, avant l’occupation de la Cisjordanie.

Le plan Olmert-Kidwa préconise également une souveraineté partagée sur la Vieille Ville de Jérusalem, avec une tutelle dont feraient partie Israël et un Etat palestinien. « Seule une solution à deux Etats peut permettre un changement radical pour notre pays et l’ensemble de la région », a affirmé E. Olmert, prédécesseur centriste de l’actuel Premier ministre, Benjamin Netanyahu. « Il faut mettre fin à la guerre et se retirer de Gaza. Gaza est palestinienne (…) et doit faire partie d’un Etat palestinien », a-t-il plaidé. Il a appelé à la mise en place d’une « force de sécurité intérieure » relevant de l’Autorité palestinienne, dotée de « pouvoirs objectifs (…) pour reconstruire la bande de Gaza sans la participation » du Hamas.

Un récent sondage réalisé auprès de l’opinion publique israélienne a montré une baisse du pourcentage des Israéliens qui soutiennent le contrôle par Israël de la bande de Gaza. Il a été réalisé par le Pew Research Center, organisation de recherche non gouvernementale américaine, qui a publié les résultats d’un sondage qu’il a mené entre le 5 février et le 11 mars 2025, au cours de la première phase de l’accord de cessez-le-feu, avant la reprise des hostilités le 18 mars.

Ledit sondage montre que seulement un tiers des Israéliens pensaient que le gouvernement israélien devrait gouverner Gaza après la fin de la guerre. En 2024, le pourcentage d’Israéliens qui pensaient qu’Israël devrait gouverner Gaza était de 40 %.

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