Le début de semaine a été particulièrement sanglant pour les Gazaouis. Lundi, au moins 97 Palestiniens ont été tués et plusieurs autres blessés lorsque les avions et l’artillerie israéliens ont pilonné plusieurs sites de la Bande de Gaza, y compris sur des zones abritant des familles déplacées. L’armée israélienne a intensifié ses frappes aériennes et ses tirs d’artillerie sur les parties sud et est de la ville de Gaza, en particulier dans les quartiers d’Al-Zeitoun, Al-Shejaiya et Al-Tuffah, ont indiqué des témoins. L’armée a également bombardé quatre écoles abritant des Palestiniens déplacés après avoir émis des avertissements d’évacuation – trois d’entre elles dans le quartier d’Al-Zeitoun et une dans le quartier d’Al-Tuffah, à l’est de la ville de Gaza, d’après des sources locales.

Au moins 34 Palestiniens, dont des femmes et des enfants, ont été tués dans la dernière attaque et des dizaines d’autres blessés lors d’une frappe israélienne visant la plage de la ville de Gaza, selon une source médicale. Des témoins rapportent qu’un avion de chasse a tiré au moins un missile sur un café et une aire de repos à l’ouest de la ville de Gaza, les détruisant complètement.

Des ONG fustigent Tel-Aviv

Près de 170 ONG ont appelé, mardi, à mettre fin au système de distribution d’aide à Gaza, soutenu par Israël et les États-Unis, après la mort selon un ministère du Hamas de centaines de Palestiniens cherchant à se procurer de la nourriture. Les ONG humanitaires font référence au système géré depuis fin mai par l’organisation Fondation humanitaire de Gaza (GHF), entreprise au financement opaque soutenue par Israël et les États-Unis. Elles ont aussi réclamé un retour au mécanisme qui prévalait jusqu’en mars, quand la distribution de l’aide était coordonnée par diverses ONG et agences de l’ONU dans le territoire palestinien affamé, assiégé et dévasté par plus de 20 mois de guerre.

La GHF dispose de plusieurs sites de distribution de colis alimentaires dans la bande de Gaza. « Les ONG appellent à une action immédiate pour mettre fin au programme israélien de distribution de l’aide à Gaza, lequel a fait de nombreux morts », ont déclaré les organisations dans un communiqué commun.

L’ONU, ainsi que la majorité des ONG opérant dans Gaza, refuse de travailler avec la GHF en mettant en cause ses procédés et sa neutralité. L’armée israélienne a reconnu avoir ouvert le feu sur des Palestiniens près des sites de distribution d’aide, en affirmant que leur comportement constituait une « menace ».

Le communiqué des 169 ONG affirme que plus de 500 Palestiniens ont été tués, et près de 4 000 blessés, en tentant d’accéder à l’aide humanitaire en moins de quatre semaines. Le ministère de la Santé du Hamas a fait état de plus de 550 martyrs. Parmi les signataires du communiqué figurent des ONG d’Europe, des États-Unis et d’Israël actives dans les domaines de l’aide médicale ou alimentaire, du développement ou de la protection des droits humains. Les ONG ont appelé à la « levée du blocus imposé par le gouvernement israélien sur l’aide et les biens commerciaux ».

Israël a très partiellement assoupli fin mai un blocus total imposé à la bande de Gaza début mars, qui a entraîné de très graves pénuries de nourriture, médicaments et autres biens de première nécessité. « Dans le cadre du nouveau plan du gouvernement israélien, des civils affamés et affaiblis sont contraints de marcher pendant des heures sur des terrains dangereux et dans des zones de conflit. Au final, ils se retrouvent dans une course violente et chaotique avant d’atteindre des sites de distribution clôturés et militarisés », indiquent les ONG. L’armée israélienne a démenti la semaine dernière une enquête publiée par le journal de gauche Haaretz citant des soldats israéliens qui disent avoir reçu l’ordre de tirer sur des civils près des centres d’aide. Elle a dit « opérer pour permettre et faciliter la distribution de l’aide humanitaire » par la GHF et « pour sécuriser les routes menant aux centres de distribution, afin que l’aide parvienne aux civils plutôt qu’au Hamas ».

En Cisjordanie occupée, des colons israéliens ont déraciné lundi environ 200 oliviers dans la région de Masafer Yatta. Dans une déclaration à Anadolu, l’agriculteur Mohammed Makhamreh, de la ville de Susya dans la localité de Masafer Yatta, district al-Khalil (Hébron), a indiqué qu’un groupe de colons avait détruit et déraciné environ 200 oliviers, tous âgés de huit ans. « Je dépends entièrement de l’agriculture et, depuis plusieurs années, je suis victime d’attaques de la part des colons, notamment de passages à tabac et d’arrachage d’arbres », a-t-il ajouté. « Les colons cherchent à raser les arbres et à rendre les terres incultivables, pour faciliter le processus de confiscation sous prétexte qu’elles ne sont pas utilisées ».

« Quoi qu’il arrive, nous allons reboiser la terre et y rester, et nous ne la laisserons pas aux colons », a ajouté l’agriculteur palestinien.

B. Netanyahu devient impopulaire

Le regain de popularité dont a bénéficié le Premier ministre israélien pendant la récente guerre contre l’Iran s’estompe à un moment où la pression monte en Israël pour mettre fin à la guerre à Gaza, selon l’AFP.

Un sondage publié au lendemain du cessez-le feu avec l’Iran le 24 juin, a révélé que 52% des personnes interrogées souhaitaient la fin du mandat de Benyamin Netanyahu, contre 24% estimant qu’il devait rester en poste. Près de deux tiers des sondés se prononçaient par ailleurs en faveur de la fin de la guerre à Gaza, contre 22% pour une poursuite des combats dans le territoire palestinien, selon cette étude de la chaine publique Kan 11.

Lors d’une des premières manifestations depuis la fin de la guerre avec l’Iran, des milliers de personnes ont exigé samedi soir un accord de cessez-le-feu permettant le retour des otages toujours retenus à Gaza et la fin de la guerre.

« J’en appelle au Premier ministre Netanyahu et au président Trump », a lancé dans la manifestation Liri Albag, ex-captive libérée en janvier dans le cadre d’une trêve entre le Hamas et l’entité sioniste. « Vous avez pris des décisions courageuses sur l’Iran. Prenez-en une tout aussi courageuse pour arrêter la guerre à Gaza et pour ramener (les otages) chez eux », a-t-elle dit.

Pour la première fois depuis le début de la guerre le 7-Octobre, Naftali Bennett, ancien Premier ministre et rival de B. Netanyahu, a accordé un entretien à la presse israélienne. « Face à l’incapacité du gouvernement à trancher, à la stagnation terrible et à la confusion au niveau politique, je propose maintenant de conclure un accord global comprenant la libération de tous les otages », a dit Bennett à la chaîne 12. « Netanyahu doit quitter ses fonctions. Il est au pouvoir depuis 20 ans, c’est bien trop long, tout le monde est d’accord là-dessus. Il doit rentrer chez lui. Le peuple veut du renouveau, il veut la paix », a ajouté l’ancien dirigeant, qui ne cache pas son intention de se présenter aux prochaines élections, prévues fin 2026.

Yaïr Lapid, chef de l’opposition, a déclaré qu’Israël n’avait « plus aucun intérêt à poursuivre la guerre à Gaza », lors de la réunion hebdomadaire de son groupe parlementaire. « L’Etat d’Israël n’a plus aucun intérêt à poursuivre la guerre à Gaza, elle ne fait que causer des dommages sur les plans sécuritaire, politique et économique », a-t-il ajouté.

Il a également affirmé que l’armée partageait son point de vue, tout en rappelant que des soldats israéliens mourraient régulièrement dans le territoire côtier palestinien.

Les opérations de résistance effectuées par les Brigades al-Qassam et al-Qods du Hamas et du Jihad islamique ont connu une importante recrudescence ces derniers jours. Les deux groupes ont revendiqué lundi deux attaques qui ont détruit un char Merkava et un bulldozer D9 dans la région de Absane à l’est de Khan Younes

« Le chef d’état-major Eyal Zamir s’est présenté hier (dimanche) devant le cabinet et a déclaré que les instances politiques devaient décider du prochain objectif. Cela signifie que l’armée n’a plus aucun objectif à Gaza », a dit Y. Lapid tout en listant les conséquences néfastes de la guerre sur l’économie. « Le Hamas ne sera pas éliminé tant qu’un gouvernement alternatif ne sera pas mis en place à Gaza », a-t-il expliqué en appelant à une concertation avec des pays arabes, dont l’Egypte, pour qu’ils prennent le contrôle de la bande de Gaza – ce qu’aucun pays n’a dit souhaiter pour le moment.

Le Haaretz a rapporté lundi le point de vue d’un officier dans le commandement de l’armée qui a assuré que « la poursuite de la guerre est devenu un lourd fardeau », soit en raison de la fatigue dans les rangs des militaires ou en raison de la hausse des soldats tués depuis que le gouvernement a violé le cessez-le-feu en mars dernier.

Plus de 30 soldats ont été tués depuis le 18 mars, dont 20 dans l’explosion d’engins, selon la radio militaire israélienne. Le Haaretz a recensé 20 militaires tués pour le mois de juin.

Il n’y a plus de frappes à réaliser contre le Hamas après deux ans de guerre qui puissent changer la donne actuelle, assure l’officier pour le quotidien israélien de gauche. « Nous pouvons effectuer des pénétrations nouvelles et exercer davantage de pression mais nous faisons face à des restrictions importantes en raison de la présence des otages dans l’enclave ce qui augmente la tension dans les rangs des forces sur le terrain », a-t-il ajouté.

Après le cessez-le-feu entré en vigueur avec l’Iran le 24 juin, le chef d’état-major israélien avait annoncé que l’armée se concentrait « de nouveau sur Gaza, pour ramener les otages à la maison et démanteler le régime du Hamas ».

B. Netanyahu avait évoqué dimanche des « opportunités » pour la libération des otages à Gaza, mais aucune piste solide n’a été avancée jusqu’à maintenant. Sur les 251 personnes prises en captivité le 7 octobre 2023, 49 sont toujours retenues à Gaza, dont 27 ont été déclarées mortes par l’armée d’occupation israélienne.

Lors de la deuxième réunion du cabinet de sécurité en moins de 24 heures, les ministres et les hauts responsables militaires et sécuritaires sont toujours divisés sur la libération des captifs et de l’avenir de la guerre dans la bande de Gaza. Certains exigent une cessation des hostilités pour permettre la libération des prisonniers, tandis que d’autres rejettent tout accord, même partiel, avec le Hamas, a rapporté l’Organisation de radiodiffusion israélienne lundi.

Sursaut français

La vague de déjumelages entre villes françaises et israéliennes suscite la polémique parmi les pro-israéliens. Après Strasbourg et Montpellier, le maire écologiste de Bordeaux Pierre Hurmic a écrit, le 26 juin, à son homologue d’Ashdod, au sud de Tel-Aviv, pour l’informer de sa volonté de suspendre « toute activité de coopération » dans l’attente d’un « cessez-le-feu durable » et d’un « processus de paix » à Gaza. Dans ce courrier, le maire déplore, comme beaucoup, que « la réaction israélienne dans la bande de Gaza engendre tant de souffrances inadmissibles touchant les populations civiles palestiniennes ».

Plus de 56.000 Palestiniens dont une majorité de femmes et d’enfants sont tombés en martyre depuis le début de la guerre génocidaire israélienne contre Gaza, le 7 octobre 2023.

La décision de la ville de Bordeaux de suspendre « toute activité de coopération avec la ville israélienne d’Ashdod » a fait polémique lundi 30 juin, les pro-israéliens accusant le maire écologiste d’agir en vue des prochaines élections municipales. La semaine dernière, la ville de Strasbourg a adopté un « jumelage avec le camp de réfugiés palestinien d’Aïda » (Cisjordanie occupée) en suspendant celui qu’elle a avec « la ville israélienne de Ramat Gan ».

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