L’appel a été lancé avant l’escalade militaire entre Israël et l’Iran, distants de plus de 1.500 km, qui fait craindre un conflit prolongé susceptible d’engloutir la région, selon des experts. CFDT, CGT, Unsa, Solidaires et FSU ont appelé en commun à mobiliser « massivement » le 14 juin à Paris et en France, dans le cadre d’un week-end mondial de mobilisations.
Les syndicats ont été rejoints par les partis de gauche comme LFI, PS, PCF et EELV. Le collectif national pour une Paix Juste et Durable entre Palestiniens et Israéliens (CNPJDPI), Attac ou encore Urgence Palestine s’associent à cet appel à mobilisation. « On manifeste pour demander un cessez-le-feu immédiat, l’arrêt du génocide, l’entrée de l’aide humanitaire, l’application du droit international tout simplement », explique Linda Sehili, secrétaire nationale de Solidaires.
Des rassemblements sont prévus à Paris en début d’après-midi, Montpellier, Bordeaux, Rennes, Lyon ou encore Strasbourg. A Marseille, environ 300 personnes se sont réunies samedi, selon une journaliste de l’AFP.
« La cause palestinienne j’ai grandi avec et puis il y a aussi nos livres d’histoire qui nous disent +plus jamais ça+. Il est important que les gens ouvrent les yeux : c’est juste un projet impérialiste et il faut que ça s’arrête », a déclaré l’une des manifestantes, Myra Gharbi, professeure d’anglais.
Si le chef de l’Etat Emmanuel Macron a rappelé vendredi soir la « détermination » de la France à reconnaître l’Etat de Palestine « quelles que soient les circonstances », l’enseignante se dit « très pessimiste, il y a une grande hypocrisie. Macron a fait quelques déclarations pour nous calmer mais là c’est reparti de plus belle ».
Plusieurs personnalités des arts et du spectacle dont la Prix Nobel de littérature Annie Ernaux, ont appelé à rejoindre les rassemblements dans une tribune publiée dans le journal L’Humanité.
Rompant une trêve de deux mois, Israël a repris son offensive à la mi-mars sur la bande de Gaza, et a intensifié ses opérations militaires le 17 mai, dans le but affiché d’anéantir le Hamas, libérer les derniers otages restants et prendre le contrôle du territoire. Plus de 54.880 Palestiniens, majoritairement des civils, ont été tués dans l’offensive israélienne de représailles à Gaza, selon des données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l’ONU.
Les mamans de la partie !
Un collectif de mères qui ne supporte plus de voir les enfants palestiniens mourir un à un s’est formé il y a peu et organise dimanche 15 juin un rassemblement aux Invalides, à Paris. Elles appellent, comme d’autres collectifs, au cessez-le-feu, à la fin des massacres, à l’entrée de l’aide humanitaire dans la bande de Gaza et à défendre le droit des enfants palestiniens. Selon l’ONU, 15 000 d’entre eux auraient été tués par l’armée israélienne depuis le 7-Octobre, un bilan qui s’alourdit jour après jour. Alors en tant que mamans, elles veulent rappeler que la protection des enfants est une obligation internationale.
Ce sont ces tragédies, qui arrivent chaque jour dans les familles gazaouies. Elles ont poussé ces mères de France à s’unir. « Par exemple, [des tragédies comme] celle de la pédiatre Alaa al-Najjar, qui a perdu neuf de ses enfants, qui a vu arriver les corps calcinés de neuf de ses enfants à l’hôpital », explique Céline Lebrun Shaath, défenseure des droits humains qui fait partie des mères à l’initiative de ce mouvement.
Autre histoire, celle du petit Amru, paralysé depuis qu’un morceau d’obus s’est logé dans son cerveau. Céline Lebrun Shaath raconte avec beaucoup d’émotion : « Il ne peut plus respirer, manger, parler, il a perdu toute sa famille, il a été extrait des décombres, seul survivant alors que sa mère enceinte avait été tuée ainsi que son petit frère. Voilà le genre de tragédie dont on parle et, aujourd’hui, on en a marre de voir ça sur nos écrans tous les jours. On veut que ça s’arrête », martèle-t-elle.
Des milliers de mères ont déjà signé l’appel lancé par le collectif. Elles en avaient besoin, estime Celine Lebrun Shaath. « Aujourd’hui, c’est l’idée de permettre à des mères de s’exprimer en tant que mère », rappelle-t-elle. « Parce que, en tant que mère, on porte un message assez fort. On donne la vie. Donc, il y a eu ce désir de s’unir pour porter un message humaniste qui va au-delà des clivages politiques, c’est un rassemblement qui sera pacifique Il y aura une série de prises de parole de mères, qui seront lues, sur la situation que peuvent vivre aujourd’hui les mères des familles palestiniennes sous le génocide à Gaza. »
Les mères appellent à venir vêtu de noir et blanc, symbole de deuil, de colère, mais également d’espoir.