Ladite correspondance appelle en effet les élus de la nation à activer le rôle de l’Hémicycle dans la mise en œuvre des Objectifs de développement durable (ODD), notamment en soutenant l’autonomisation des femmes et des filles par l’accès à l’emploi. L’ADFM se réfère aux résultats de l’analyse intersectionnelle du Haut-Commissariat au plan (HCP) parue en mars 2024, sur la participation des femmes au marché du travail marocain. Elle appelle à prendre acte des conclusions de cette étude, pour évaluer et responsabiliser les différents secteurs gouvernementaux concernés par l’autonomisation socioéconomique des femmes. Pour l’ONG, il s’agit ainsi de « s’attaquer aux causes profondes de la faible participation des femmes et des filles ».
A ce titre, elle rappelle que les femmes mariées, âgées de 25 à 34 ans, non-diplômées ou moyennement qualifiées connaissent le taux d’inactivité le plus important et le plus inquiétant, entre 87,7% et 90,9%. Les femmes mariées, titulaires d’un diplôme de l’enseignement supérieur et âgées de 25 à 34 ans, avec au moins un enfant, ont 60% de chances d’être inactives. Par conséquent, « la participation des femmes à l’activité économique est très modeste et ne répond pas aux ODD ainsi qu’aux objectifs à même de consacrer la justice sociale escomptée », déplore l’association.
En 2021, le HCP a déjà révélé que depuis 2010, l’accès au marché de l’emploi pour les femmes et les filles, y compris celles diplômées et qualifiées, suit de moins en moins la courbe de l’accès à l’éducation, à la formation, ou même à la santé. De ce fait, le processus d’autonomisation est rendu obsolète par le fait que la composante féminine reste de plus en plus longtemps sans activité économique. Pour certaines, cette situation censée être transitoire devient permanente, accentuant ainsi les vulnérabilités, dans l’esprit des ODD.
Alors qu’elles étaient 38,7% à accéder à un emploi jusqu’en 2010, les femmes instruites et âgées de 25 à 59 ans ne sont que 33,7% en 2020. Le taux de chômage des femmes a enregistré une augmentation, surtout au cours de l’année 2020, atteignant 16,2% contre 9,6% en 2010. Chez les hommes, ce taux est passé de 8,9% en 2010 à 10,7% en 2020. De même, le taux global d’activité des femmes et des filles (15 ans et plus) a considérablement baissé, passant de 28% en 2000 à 25,9% en 2010, puis à 19,9% en 2020.
Dans ce sens, l’ADFM s’adresse aux élus pour exiger du gouvernement « un statut économique et politique» plus équitable et égalitaire pour toutes les femmes, «en phase avec leur statut social et leur niveau d’instruction ». Elle préconise également une mobilisation de l’institution législative et des élus, pour « activer le huitième objectif des ODD, portant sur la promotion d’une croissance économique soutenue, inclusive et durable, le plein emploi productif et la garantie d’un travail décent pour tous », en particulier pour les concitoyennes. A cet effet, l’association appelle à « mettre à disposition de toutes les équipes parlementaires des rapports d’évaluation périodique des différents programmes d’autonomisation économique, afin de leur permettre de suivre l’évolution de la participation des femmes ».
L’ONG propose de « permettre au Parlement avec ses deux chambres de participer à la formulation et à l’évaluation des examens volontaires et des examens thématiques liés aux ODD, en vue de réaliser des avancées dans les segments de l’égalité et de l’autonomisation économique des femmes ». Il est également question que l’Hémicycle puisse « produire des rapports de suivi sur l’impact de l’aide au développement initiée par le gouvernement et liée à la mise en œuvre des ODD, en particulier le huitième objectif » en la matière.
Par ailleurs, des « mesures claires » pourront « faciliter l’accès des femmes aux opportunités économiques et aux diverses ressources afin d’encourager et de promouvoir leur activité, tout en développant des indicateurs significatifs pour évaluer le niveau d’efficacité des mesures prises » à cet effet. L’ONG recommande, enfin, des actions émanant du Parlement pour soutenir les programmes de « renforcement de l’entrepreneuriat féminin des petites et moyennes entreprises, tout en facilitant l’accès à diverses prestations bancaires et prêts à un taux préférentiel ».