Un imposant dispositif de sécurité a été déployé aux abords du domicile d’O. Sonko dans le quartier de Cité Keur Gorgui, avec barrières et accès filtrés. Des députés de sa coalition Yewwi Askan Wi qui voulaient lui rendre visite à la mi-journée ont été repoussés par des tirs de gaz lacrymogène. Guy Marius Sagna affirme avoir été blessé à la jambe par un projectile. L’entourage d’O. Sonko dénonce « une mise en résidence surveillée illégale ». Dans un communiqué, son parti le Pastef a appelé ses militants à « lever le blocus ».
Sur la place de la Nation, où était annoncée la marche de Dakar, plusieurs véhicules blindés de la police étaient visibles mercredi. Dans son arrêté, la préfecture a justifié l’interdiction par des « menaces de troubles à l’ordre public » et la présence d’un chantier sur l’itinéraire. Des marches ont en revanche été autorisées dans d’autres localités du pays, notamment Guediawaye, Pikine, Mbacké ou encore Zinguinchor. Mais la démonstration de force de l’oppositioon a eu lieu mardi dans la commune des Parcelles Assainies. Ce grand rassemblement était « un signal envoyé au pouvoir » et « une des étapes », selon des partisans de la coalition Yewwi Askan Wi qui comptent toujours « maintenir la pression ».
Même reporté jeudi, le procès d’O. Sonko pour diffamation du ministre du tourisme, n’a pas empêché les partisans de l’opposant de battre le pavé. Les manifestations ont même débordé les forces de l’ordre. Ledit procès pourrait lui barrer la route pour la présidentielle prévue en février 2024, si jamais il était condamné. Cela sans parler de la deuxième procédure engagée contre lui pour viol. L’opposition dénonce, entre autres, « une instrumentalisation de la justice », pour, selon elle, éliminer O. Sonko de la course à la présidentielle. La coalition Yewwi Askan Wi accuse également les autorités d’« arrestations arbitraires » et de recruter des hommes de main, aux côtés des forces de sécurité.
Du côté de la coalition au pouvoir, Benno Bokk Yaakar a accusé ces derniers jours l’opposition d’être « irresponsable », de chercher à « déstabiliser les institutions » par « la violence » et a appelé ses partisans « à faire face aux tentatives de troubles ».
Les discours menaçants se multiplient donc des deux côtés. Plusieurs responsables religieux et de la société civile ont mis en garde contre le risque d’escalade.