« Les relations internationales sont compliquées aujourd’hui (…) Dans ce contexte, la coopération (…) entre la Chine et la Russie a une grande importance pour la stabilisation de la situation internationale », a déclaré le président russe, en accueillant au Kremlin le chef de la diplomatie chinoise Wang Yi.
V. Poutine ne reçoit que rarement des responsables étrangers qui ne sont pas des chefs d’État, cette rencontre soulignant une fois de plus les liens privilégiés entre le Kremlin et son allié chinois. « Nous atteignons de nouveaux horizons», s’est félicité le maitre du Kremlin, en ajoutant attendre le président chinois Xi Jinping avec une visite en Russie, envisagée au printemps.
Pour sa part, W. Yi a exprimé la volonté de Pékin de « renforcer le partenariat stratégique (…) et la coopération tous azimut » avec Moscou, selon ses propos traduits en russe. » Les relations russo-chinoises « ne sont pas dirigées contre les pays tiers et résistent à leurs pressions », a-t-il souligné.
Le chef de la diplomatie chinoise a été reçu au Kremlin, après s’être entretenu avec Sergueï Lavrov, ministre russe des Affaires étrangères. « Nos relations se développent de manière sûre et dynamique. Et malgré de fortes turbulences sur la scène internationale, nous faisons preuve d’unité, d’une volonté de défendre les intérêts de l’un et de l’autre », a déclaré, lors de cette rencontre, S. Lavrov.
La visite de W. Yi en Russie intervient alors que la Chine cherche à jouer un rôle de médiateur dans le conflit ukrainien en évoquant publiquement un plan de paix – pour l’heure très vague – pour trouver une solution politique. W. Yi est arrivé mardi à Moscou, après avoir notamment rencontré la semaine dernière le chef de la diplomatie ukrainienne Dmytro Kouleba durant la conférence sur la sécurité organisée à Munich, en Allemagne, où il lui a présenté selon Kiev « des éléments clés du plan de paix chinois » pour l’Ukraine.
La Chine a promis de publier sa proposition de « solution politique » cette semaine, à temps pour le premier anniversaire du déclenchement de l’offensive russe en Ukraine le 24 février 2022. Proche alliée de la Russie, la Chine n’a jamais appuyé ni critiqué publiquement la campagne militaire russe en Ukraine, tout en exprimant plusieurs fois son soutien à Moscou face aux sanctions occidentales. Mais elle a aussi appelé au respect de l’intégrité territoriale de l’Ukraine, alors que Moscou revendique l’annexion de cinq régions ukrainiennes.
L’Occident circonspect
La France surveille l’activité de sociétés chinoises susceptibles de fournir de l’aide à la Russie, a indiqué mardi Catherine Colonna, ministre française des Affaires étrangères, alors que le rapprochement sino-russe inquiète de plus en plus les Occidentaux.
« Il y a des sociétés privées chinoises dont nous regardons de près l’activité », a déclaré C. Colonna, interrogée sur un potentiel partenariat stratégique entre la Chine et la Russie sur la chaîne de télévision publique France 5.
Le week-end dernier, Antony Blinken, chef de la diplomatie US, avait affirmé à CBS News que des entreprises chinoises fournissaient déjà « une aide non-létale » pour l’effort de guerre russe. Il avait alors relevé qu’il n’y avait « pas de distinction entre entreprises privées et entreprises d’Etat ». Au-delà du pur armement, tout un arsenal d’aide peut être envisagé tels que des gilets pare-balles, des rations de nourriture, etc.
Interrogée sur la localisation de ces entreprises notamment sur le terrain ukrainien, C. Colonna a répondu qu’elles n’étaient « pas forcément sur le terrain ». La ministre a par ailleurs assuré que la France parlait « tout à fait diplomatiquement et tout à fait clairement » à Pékin de son souhait que Pékin « ne prête pas main forte à la Russie », soulignant aussi qu’elle préférait « retenir l’attachement de la Chine à la stabilité qui lui bénéficie sur le long terme », rapporte l’AFP. Elle a enfin estimé que les Occidentaux devraient y voir plus clair sur la position de la Chine à New York, lors de la réunion du conseil de sécurité de l’ONU le 24 février, date qui marquera le premier anniversaire de l’opération militaire russe en Ukraine.
Jens Stoltenberg, secrétaire général de l’Otan, s’est dit mardi de « plus en plus inquiet » d’un possible soutien militaire de la Chine à la Russie.
Josep Borrell, chef de la diplomatie européenne, a indiqué pour sa part que son homologue chinois, Wang Yi, lui avait assuré que la Chine ne fournissait pas d’armes à la Russie et ne prévoyait pas de le faire.