Ces exercices ont duré cinq jours dans les eaux indonésiennes et se sont terminés, samedi 23 septembre, dans un contexte de tensions croissantes dans la mer de Chine méridionale. Dix États membres du bloc, outre le Timor Oriental, candidat pour intégrer l’Association, ont participé à ces exercices.
Dans le passé, l’Asean avait organisé des exercices militaires, mais multinationaux avec les États-Unis notamment, et d’autres partenaires. La différence est que l’exercice de cette semaine était le premier qui impliquait uniquement des membres actuels et potentiels du bloc.
La Birmanie s’est contentée d’une présence symbolique, en tant qu’observatrice. Un représentant du pays a fait le déplacement lors de la cérémonie d’ouverture. Pour rappel, depuis 2021, la Birmanie est aux mains de la junte militaire et les efforts de l’Asean pour désamorcer la crise peinent à aboutir sur des avancées concrètes.
Plus globalement, « les exercices de cette semaine, étaient surtout tournés vers la sécurité maritime, la réponse aux catastrophes, et les opérations de sauvetage, plutôt que sur les exercices de combat », a expliqué l’Asean. Des propos qui ne sont pas vraiment anodins.
Le lieu où devaient se tenir les exercices a été changé dans un contexte de tensions avec la Chine, en mer de Chine méridionale. Les exercices militaires devaient intervenir dans la zone économique exclusive indonésienne entourant les îles Natuna, sauf que dans cette région, il y a aussi des revendications maritimes de la part de la Chine. Ces revendications symbolisées par une célèbre carte de Pékin, celle de la « ligne en 9 traits », en mer de Chine méridionale. La Chine envoie parfois des patrouilles dans la région, pour affirmer sa revendication historique. Mais ces revendications créent des tensions avec des pays du bloc.
Récemment encore, les Philippines ont condamné les garde-côtes chinois pour avoir suivi ses bateaux ravitaillant les troupes philippines sur un atoll inhabité des îles Spratley, théâtre de tensions et de revendications. De son côté également, l’Indonésie a protesté à plusieurs reprises, contre la présence des bateaux chinois dans sa zone économique exclusive.
Dans cette affaire d’exercices militaires de l’Asean, les Indonésiens semblent marcher sur des œufs. En juin dernier, l’Indonésie, à la tête de l’Asean cette année, a déplacé l’opération vers des eaux non contestées, proches de Batam. Selon un porte-parole de l’armée indonésienne, le nouveau site était mieux adapté à la conduite d’opérations de secours en cas de catastrophe. Mais plusieurs rapports laissent entendre que ce changement de lieu s’est produit en raison de désaccords au sein de l’Asean.
Le Cambodge, partenaire le plus proche de la Chine, en Asie du Sud-Est, se serait ainsi opposé à la tenue des exercices dans les eaux contestées, de peur que cela ne nuise aux relations entre la Chine et l’Asean. Et cette semaine, les déclarations indonésiennes ont voulu arrondir les angles. « Il ne s’agit pas d’une opération de combat car l’Asean est davantage axée sur l’économie », a déclaré le chef militaire indonésien dès la cérémonie d’ouverture des exercices sur l’île de Batam.