Complétant son discours sur les avancées russes sur le front ukrainien, Vladimir Poutine était jeudi 29 février également à l’offensive sur le terrain économique. « L’an dernier, l’économie russe a progressé à un rythme supérieur à la moyenne mondiale », a notamment déclaré le président russe, au cours d’un discours de plus de deux heures à l’Assemblée fédérale. « Nous avons dépassé, non seulement, les pays majeurs de l’Union européenne, mais tous les pays dits « du G7 » », a-t-il ajouté, mettant en avant une Russie « première économie d’Europe, en termes de produit intérieur brut en parité de pouvoir d’achat, et cinquième économie mondiale ». « Le rythme et surtout la qualité de la croissance nous permettent d’espérer et même d’affirmer que dans un avenir proche nous pourrons faire un nouveau pas en avant », a déclaré le maitre du Kremlin. Avant de poursuivre : « Nous deviendrons l’une des quatre plus grandes puissances économiques du monde.»
Une croissance que le chef de l’État russe entend voir « se convertir concrètement dans les revenus de la population ». Une population russe, elle-même intimement liée à l’essor économique du pays, aux yeux du président russe, qui entend doper son dynamisme. « En 2030, le pays comptera 8,3 millions de citoyens âgés de 20 à 24 ans, et en 2035, 9,7 millions », a-t-il déclaré, soit « 2,4 millions de plus qu’aujourd’hui. »
À cet égard, V. Poutine a mis en garde contre le fait qu’un manque de personnel qualifié pourrait à l’avenir entraver le développement du pays. « Nous réalisons les rêves de l’ancienne génération et demain nous allons devoir aider les nouvelles », a-t-il notamment déclaré, liant l’avenir du pays au succès de l’enseignement des jeunes générations. Saluant le travail « altruiste » des enseignants, le président russe a estimé que la formation des jeunes générations constituait « la garantie la plus importante de la souveraineté de la Russie, la continuation de notre histoire ». Au cours de son discours, le chef de l’Etat a ainsi annoncé le lancement de plusieurs nouveaux projets nationaux. Trois d’entre eux, intitulés « famille », « vie longue et active » et « jeunesse de Russie», aspirent à améliorer l’espérance et la qualité de vie des familles avec enfants ainsi que soutenir la natalité. Un quatrième, baptisé « personnel », vise quant à lui à renforcer l’éducation et la formation des jeunes russes. Dans le cadre de ce dernier projet, le président russe a notamment annoncé la mobilisation de 400 milliards de roubles (4,06 milliards d’euros) d’ici 2030 afin de faire émerger 40 campus universitaires à travers la Fédération.
Charge contre l’Occident
« Nous avons empêché que notre pays soit démembré », s’est aussi félicité le maitre du Kremlin devant les membres du Conseil des ministres, les députés de la Douma d’État, les chefs des départements et d’autres personnalités politiques. Cette année, les participants de l’opération spéciale au Donbass participaient également à l’événement. Deux ans après le début de l’opération russe en Ukraine, le dirigeant russe a salué l’unité de la population, soutenant ses troupes. « Des millions de personnes se sont jointes aux opérations » et des « entreprises ont envoyé des milliards de roubles », a-t-il salué. Avant d’ajouter : « Nos héros dans les tranchées savent que tout le pays est avec eux. »
« L’Occident colonialiste veut freiner notre développement, veut une Russie mourante et dépendante, et faire avec la Russie ce qu’ils ont fait avec d’autres régions du monde, y compris en Ukraine », a fustigé le dirigeant russe, opposant à cet adversaire « la résistance forte » d’un pays multiethnique et dont l’armée est le reflet : « Des soldats chrétiens, musulmans, bouddhistes, juifs, représentants de différentes ethnies et confessions ont montré l’unité du peuple russe. »
« Notre armée a acquis une expérience de combat considérable », a de surcroît fait valoir V. Poutine, jugeant avec satisfaction que « l’art tactique », mené par « une pléiade de chefs de guerre » et « à tous les niveaux de l’armée », s’était développé. Si le président russe admet l’existence de « problèmes » au sein de l’armée, le travail est, selon lui, « mené en conséquence » afin de les résoudre. « Nous avons une technologie qui a montré son efficacité », a-t-il enchaîné, évoquant l’emploi au combat des systèmes de missiles hypersoniques Zirkon et Avangard, et les tests du missile balistique Poseïdon.
« Notre armée passe à l’offensive et libère des territoires », a ainsi tenu à souligner V. Poutine, deux semaines après la victoire à Avdeïevka dans le Donbass, et alors que l’armée russe est à l’offensive en plusieurs endroits du front. « Nous n’avons pas commencé cette guerre, nous faisons tout pour la finir, pour déraciner le nazisme, défendre la souveraineté et la sécurité de nos citoyens », a-t-il martelé.
« Les États-Unis continuent de mentir », a-t-il ensuite dénoncé, regrettant les « menaces occidentales » qui créent un « réel risque de conflit nucléaire ». « Tout ce qu’ils inventent en ce moment, ce avec quoi ils effraient le monde, tout cela constitue une réelle menace d’un conflit avec une utilisation d’armes nucléaires, ce qui signifie la destruction de la civilisation », a-t-il souligné. Et d’ajouter : « Nous avons des armes qui peuvent frapper leur territoire. Il faut qu’ils sachent que leurs actions peuvent avoir ces conséquences. C’est comme des dessins animés pour eux. »
« Sans Russie souveraine et forte, il n’y aura pas d’équilibre mondial », a poursuivi V. Poutine, saluant l’essor « irréversible » des BRICS et la volonté des pays du Sud de parvenir à une « véritable souveraineté ». Un nouveau monde se dessine, selon le dirigeant russe. « Les membres des forces armées ne reculeront pas, n’échoueront pas, ne trahiront pas », a-t-il enfin promis.