Il n’y a pas de place pour « les organisations terroristes ou les éléments affiliés dans l’avenir de la nouvelle Syrie », a-t-il dit lors d’une réunion à Ankara avec Mansour Barzani, Premier ministre de la région kurde irakienne, a indiqué le bureau du président turc dans un communiqué. Recep TayyipErdogan a déclaré à M. Barzani que la Turquie s’efforçait d’empêcher que la chute de Bachar al-Assad en Syrie ne provoque une nouvelle instabilité dans la région.
La veille lundi, le président turc avait mis en garde contre toute division de la Syrie et s’était dit prêt, en cas de « risque », à prendre « les mesures nécessaires ».
Un peu plus tôt, Hakan Fidan, ministre turc des Affaires étrangères avait assuré que « l’élimination » des combattants kurdes du PKK en Syrie était une « question de temps ». Il avait aussi évoqué « la possibilité que le PKK et les YPG rejoignent le nouveau gouvernement (syrien) en déposant les armes ».
L’armée turque lance régulièrement des frappes contre les combattants kurdes en Syrie et en Irak, les accusant d’avoir des liens avec le PKK, listé parmi les organisations terroristes.
Rami Abdel Rahmane, directeur de l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) basé à Londres, a accusé la Turquie de se comporter comme si elle est « la tutelle du peuple syrien » et d’essayer « d’influencer le pouvoir en Syrie ». Selon lui, la situation est instable à Ain al-Arab (Kobané) en raison des attaques turques incessantes et des combats entre factions proturques et factions kurdes. 101 combattants ont été tués le week-end dernier dans des affrontements aux alentours de la ville de Manbij, dans le nord de la Syrie, dont 85 parmi les membres des groupes syriens proturcs et 16 des FDS, avait indiqué dimanche l’ONG.
Selon l’AFP, le ministère turc de la Défense a de son côté affirmé dimanche sur X avoir « neutralisé » 32 combattants du « PKK/YPG » dans le nord de la Syrie.
R. Abdel Rahmane a en outre fait part que la communauté alaouite syrienne vit dans la peur des représailles, assurant qu’il a recensé 64 assassinats. 3 hauts dignitaires religieux de la communauté alaouite ont été tués mardi, lorsque des hommes armés ont ouvert le feu sur leur voiture sur la route menant de Tartous à Damas, a révélé son site, indiquant que les causes de ce crime sont inconnues. Les trois religieux sont le chef de l’Initiative syrienne de réconciliation en Syrie, cheikh Jaber Issa ainsi que cheikh Haytham Maala et cheikh Mohamad Watfa. Et de rappeler que le 24 décembre dernier, des hommes armés avaient assassiné trois juges de cette communauté. D’après le recensement de l’OSDH, 108 assassinats ont été commis depuis la chute de l’ancien pouvoir, ils ont causé la mort 187 personnes dont 8 femmes et 5 enfants. « Les régions syriennes sont le théâtre de chaos, d’insécurité et de représailles en raison du vide sécuritaire », a déploré cette ONG basée au Royaume-Uni.
Selon l’AFP, en raison de climat d’insécurité, des habitants de Damas, d’Alep et de Homs montent la garde dans leurs quartiers, munis d’armes légères souvent fournies par les nouvelles autorités syriennes.
L’OSDH a en outre rendu compte de deux attaques perpétrées par Daech contre les FDS dans le gouvernorat de Deir Ezzor, à l’est de la Syrie. La plus récente a eu lieu mardi, lorsque deux hommes armés au volant d’une moto ont ouvert le feu sur un point militaire des FDS causant la mort de quatre d’entre eux. La précédente avait eu lieu, au cours de laquelle des éléments ont attaqué un autre point militaire au moyen d’obus RPG et de tirs de mitrailleuses. L’ONG n’a pas indiqué comment elle a pu identifier que les hommes armés appartiennent à Daech. Les cellules de Daech semblent ressuscitées depuis la chute de l’ancien régime syrien, sachant que les FDS les combattent depuis dix ans avec l’aide des Etats-Unis qui disposent d’une douzaine de bases et de deux mille militaires dans l’est et le nord syrien, pour cette mission encore inachevée.
H. Fidan a également évoqué le rôle des États-Unis en Syrie. « Les États-Unis étaient là pour diverses raisons. Aujourd’hui, 85 % des raisons qu’ils avancent pour maintenir leur présence en Syrie, en particulier sous l’administration du président américain Joe Biden, sont caduques. Ils invoquaient la présence iranienne et russe pour justifier leur présence. Aujourd’hui, c’est la question de Daech qui se pose. Ils soulèvent maintenant la question de la lutte contre Daech », a-t-il dit.
Le ministre turc a souligné que « le PKK assure des services pénitentiaires aux États-Unis dans la lutte contre Daech », tout en ajoutant que des Européens capturés dans le cadre de cette lutte n’avaient pas été restitués à leur pays et qu’ils étaient donc « gardés » par le PKK. Il a affirmé que le nouveau gouvernement syrien était prêt à assumer le contrôle des combattants de Daech, avec le concours de pays et acteurs, y compris la Turquie. La lutte contre Daech ne saurait être utilisée « comme excuse pour protéger » le PKK/YPG, a-t-il noté.
Le 20 janvier, Donald Trump, le président américain élu, prendra ses fonctions. H. Fidan a rappelé que le milliardaire américain avait ordonné le retrait des troupes américaines de Syrie lors de son premier mandat, mais que le système américain ne l’avait pas permis. Comme il a souligné la volonté d’Ankara de résoudre le problème de l’organisation terroriste PKK/YPG « sans effusion de sang ». « Les mesures à prendre si le PKK/YPG s’opposait à la nouvelle administration de Damas sont claires. Leur intention [du PKK] n’est pas d’être en paix avec un pays, mais de créer la terreur et le chaos partout où ils se trouvent. Personne ne le permettra » a-t-il martelé. Il a invité la nouvelle administration syrienne à prendre les mesures nécessaires pour garantir l’intégrité nationale et régionale de la Syrie.