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La Chine sous le prisme de Berlin : L’heure est au rééquilibrage des rapports

La Chine reste le premier partenaire commercial de l'Allemagne. Mais Berlin ne veut plus comme dans le passé miser seulement sur de bonnes relations économiques. Place à une relation plus critique et à une diversification des approvisionnements.
L’heure est au rééquilibrage des rapports

Pour la première fois, Berlin vient d’adopter une stratégie face à la Chine fruit de longues négociations au sein du gouvernement.  Sur tout un éventail de sujets, allant de la politique climatique à celle des droits de l’homme, l’Allemagne, première économie européenne, veut se doter avec ce document de 64 pages d’une « boussole » dans les relations bilatérales avec Pékin. Il fait suite à la toute première stratégie de sécurité nationale de l’Allemagne, publiée à la mi-juin. Il s’agit avant tout de mettre en garde les entreprises allemandes contre une trop grande dépendance vis-à vis du géant asiatique.

Pas de découplage, mais une réduction des risques et des dépendances. Tel est le mot d’ordre de ce document qui doit servir à l’avenir de référence au gouvernement allemand comme aux entreprises. Berlin y passe en revue de nombreux aspects de la relation bilatérale et reprend à son compte la formule lancée par l’Union européenne. « La Chine est un partenaire, un concurrent et un rival systémique ».

Par rapport à l’ère Merkel où le développement commercial figurait au premier plan, d’autres aspects doivent être pris en compte comme les droits de l’homme ou la politique étrangère offensive de la Chine. L’Allemagne doit réduire sa dépendance à l’égard de la Chine et diversifier ses approvisionnements avant tout pour des biens essentiels.

Berlin met aussi en garde contre l’augmentation des activités d’espionnage dirigées contre l’Allemagne en particulier dans le cyberespace.  « Nous nous opposons résolument à tout espionnage analogue et numérique et à des activités de sabotages organisés par des services chinois ou des groupes étatiques (contrôlés par Pékin, NDLR) contre l’Allemagne », est-il écrit. « Nous sommes réalistes, mais pas naïfs », a estimé mercredi Annalena Baerbock, ministre des Affaires étrangères. Pour autant, pas question d’une rupture, ni pour les relations économiques essentielles, ni pour des dossiers centraux comme le climat.  À Pékin, le ministère des Affaires étrangères a estimé qu’« aucun des défis auxquels l’Allemagne est confrontée n’est causé par la Chine. Au contraire, notre pays fait partie des solutions à ces problèmes ».

La publication de la stratégie allemande sur la Chine a été retardée de plusieurs mois en raison de tensions au sein de la coalition gouvernementale. Le parti écologiste de la cheffe de la diplomatie plaidait en faveur d’une attitude plus dure que les sociaux-démocrates du chancelier Olaf Scholz et des Libéraux. Ces désaccords avaient notamment été mis en lumière lorsqu’Olaf Scholz a soutenu la vente à une entreprise publique chinoise d’une participation partielle dans un terminal du port de Hambourg, malgré les objections des Verts. La capacité de « trouver des compromis » est « la force des démocraties » par rapport aux autocraties, a souligné A Baerbock à propos du document finalement négocié par les parties de la coalition.

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