Les dirigeants des 27 pays de l’Union européenne se sont réunis le 10 mars pour élaborer les réponses économiques et militaires au choc de l’invasion russe. «L’Europe a changé sous le coup de la pandémie, elle va changer plus vite et plus fort sous le coup de la guerre», a prédit le président français Emmanuel Macron.
Concernant l’adhésion de l’Ukraine à l’UE, «il n’existe pas de procédure rapide», a rappelé le Premier ministre néerlandais Mark Rutte, alors que Kiev a déposé une candidature dans l’espoir de la rejoindre «sans délai». « Nous allons réaffirmer que «nous voulons travailler intensivement avec l’Ukraine», a-t-il néanmoins précisé. «Est-ce qu’on peut aujourd’hui ouvrir une procédure d’adhésion avec un pays en guerre ? Je ne le crois pas. Est-ce qu’on doit fermer la porte et dire jamais ? Ce serait injuste», a résumé E. Macron.
Le président français, en campagne pour sa réélection, et qui assure la présidence tournante du Conseil de l’UE, a accueilli les dirigeants européens dans le prestigieux du château de Versailles où un dîner de travail est prévu dans la Galerie des Glaces, où fut signé le traité mettant fin à la Première Guerre mondiale. La conflit va conduire les 27 à prendre «des décisions historiques [pour] complètement redéfinir l’architecture de notre Europe», a affirmé à ses hôtes le patron de l’Elysée tout en souhaitant notamment «des décisions en matière d’énergie» qui aboutiront à des propositions fin mars lors d’un prochain sommet. Il a aussi appelé à «des décisions en matière de défense [avec] vraisemblablement un conseil exceptionnel» sur ce dossier en mai.
Le conflit en Ukraine a souligné le manque de capacités militaires européennes, les 27 Etats membres ayant très largement réduit leurs budgets depuis la fin de la guerre froide. Elle a également mis en lumière l’extrême dépendance de l’UE envers le gaz importé de Russie, qui représente 40% de sa consommation et limite sa capacité d’action contre Moscou.
Même si elle a adopté un paquet de sanctions inédit, l’Europe continue de financer la Russie par ses achats énergétiques dont elle est incapable de se priver à très court terme. Cette dépendance menace aussi son économie, qui doit se consolider après avoir déjà subi le choc historique de la pandémie de Covid-19.
Le sommet ne devrait pas accoucher de décisions, mais plutôt fixer des orientations politiques qui seront mises en œuvre dans les mois à venir. Selon un projet de conclusions, les 27, qui réaffirment le rôle clé de l’OTAN, vont souligner leur volonté d’investir «plus et mieux dans les capacités militaires», alors qu’une stratégie de défense doit être publiée avant la fin du mois.
Ils vont également examiner le projet de la Commission de réduire des deux tiers la dépendance au gaz russe dès cette année, mais aussi de diminuer les importations de charbon et pétrole de Russie, en diversifiant les fournisseurs et en développant des énergies alternatives comme les renouvelables ou l’hydrogène. Le renforcement du stockage de gaz, mais aussi «l’optimisation du fonctionnement du marché de l’électricité», réclamés par l’Espagne et la France, sont également évoqués, tout comme un engagement pour de nouvelles mesures urgentes destinées à amortir l’impact de la hausse des prix de l’énergie pour les consommateurs européens. Le litre d’essence à plus de deux euros fait craindre des révoltes sociales de type Gilets jaunes. «Nous devons soutenir le pouvoir d’achat des familles avec la même rapidité que nous avons répondu à l’action de la Russie», a déclaré le chef du gouvernement italien, Mario Draghi. Aujourd’hui, les discussions seront focalisées sur le renforcement du modèle économique de l’UE.
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