Jusqu’ici, le chef-lieu de la province, Wad Madani, a servi de refuge à un grand nombre d’habitants de Khartoum ayant fui la guerre qui a débuté le 15 avril. Au Soudan, les habitants d’al-Jazirah, situé en périphérie de Khartoum, affichent leur crainte que les affrontements ne s’étendent à leur État. Wad Madani, son chef-lieu, situé à 200 km au sud de la capitale soudanaise avait été jusque-là épargné par les affrontements. La ville a d’ailleurs accueilli un très grand nombre de déplacés de Khartoum.
Al-Jazirah, troisième État le plus peuplé sur les 18 que compte le Soudan, est en état d’alerte après la multiplication des affrontements au sud et à l’est de l’État. L’inquiétude est ainsi palpable à Wad Madani, qui vit au rythme de la menace des FSR. La semaine dernière, la milice locale « bouclier » a fait défection de l’armée pour rejoindre les FSR. Cette milice qui compte des milliers d’hommes est dirigée par Abou Akla Kikel. Son repositionnement a surpris tout le monde et a mis en alerte les habitants et l’armée.
Fortes de ce soutien, les FSR ont tenté une attaque contre Wad Madani, mais elles ont été stoppées par les frappes aériennes de l’armée. Des affrontements s’y sont suivis sur le chemin menant à Wad Madani. Selon le gouverneur d’al-Jazirah, les FSR ont fait par ailleurs une incursion dans le nord de l’État et des affrontements ont eu lieu avec les habitants dans des villages comme al-Noba, attaqué à deux reprises.
L’armée a multiplié les mesures sécuritaires autour et dans Wad Madani en renforçant les points de contrôle et en arrêtant toute personne soupçonnée de soutenir les FSR à al-Jazirah. Parmi les personnes arrêtées, des vendeurs de thé ou des réfugiés originaires de l’ouest du Soudan. Un couvre-feu nocturne a été imposé à Wad Madani. Dans l’État d’al Jazira, près de 15 000 jeunes volontaires ont intégrés les camps d’entrainement de l’armée, selon des sources tribales.
D’ailleurs, toute activité qui n’est pas en faveur de l’armée est interdite dans la ville. Une association de femmes, qui organisait une conférence contre la guerre, a été interdite et les organisatrices ont subi des interrogatoires.