L’Australie s’est notamment engagée à limiter les rejets de pesticides issus des activités agricoles sur le littoral, et en y interdisant la pêche au filet maillant, très destructrice des récifs coralliens. Annonce qui intervient alors que le gouvernement travailliste continue de promouvoir l’extraction d’énergies fossiles, dont elle est le troisième producteur mondial.
Dans un courrier à l’institution onusienne, Tanya Plibersek, ministre de l’Environnement, annonce ainsi un « investissement » de 4,4 milliards de dollars australiens (soit 2,7 milliards d’euros) « pour assurer le futur de la Grande Barrière de corail », c’est du jamais vu.
Une excellente nouvelle pour Scott Heron, spécialiste du corail, de l’université James Cook, même s’il note aussi que le gouvernement doit en faire bien plus. « Les efforts pour limiter le réchauffement climatique vont être essentiels pour la Grande Barrière de corail. Cela implique de se fixer des objectifs de réduction des émissions bien plus ambitieux mais aussi d’imposer un moratoire sur tout nouveau site d’extraction d’énergies fossiles », assure le spécialiste.
Un pas que les travaillistes au pouvoir à Canberra ne sont pour l’instant pas prêts à franchir, bien au contraire. Le mois dernier, il a même autorisé l’ouverture d’une nouvelle mine de charbon, en contradiction totale avec les recommandations du Giec et de l’Agence internationale de l’énergie.
Par ailleurs, comme ses prédécesseurs conservateurs, il continue de verser près de 7 milliards d’euros par an de subventions au secteur des énergies fossiles et si ses objectifs de réduction des émissions ont été revus à la hausse, ils restent bien en deçà des efforts nécessaires pour que l’Australie prenne toute sa part dans la lutte contre le réchauffement climatique. L’île-continent émet en effet par habitant trois fois plus de CO2 que la moyenne des pays du G20, loin devant la Chine et même devant les États-Unis, selon la Banque mondiale.
Outre sa valeur inestimable d’un point de vue naturel ou scientifique, on estime que l’ensemble corallien, qui s’étend sur 2 300 kilomètres de long, génère 4,8 milliards de dollars de revenus pour le secteur touristique australien. En décembre 2021, l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) avait affirmé que le changement climatique constituait la plus grande menace pour les merveilles de la nature et la Grande Barrière avait rejoint la liste des sites classés « critiques ». Trois mois plus tard, l’UICN et l’Unesco, dans un rapport commun, établissaient une liste de mesures, désormais reprises par Canberra, dont « la mise en place rapide pourrait améliorer considérablement »la préservation du site « pour les générations futures ».
Le gouvernement travailliste a également annoncé en octobre dernier l’abandon de deux projets de barrages et en février celui d’une mine de charbon, tous trois proches de cette splendeur marine. La Grande Barrière de corail a déjà connu trois périodes de blanchissement en cinq ans, alors que la moitié des coraux a disparu, depuis 1995, en raison de la hausse de la température de l’eau.
Des experts du patrimoine mondial feront savoir en juillet, après une visite de la Grande Barrière, s’ils recommandent ou non son placement sur la liste des sites « en péril », ce que validera en septembre le Comité du patrimoine mondial de l’Unesco.