Les ministres des Affaires étrangères allemand, français, égyptien et jordanien ont appelé jeudi à la désescalade après plusieurs jours d’échanges de tir entre des groupes armés de la bande de Gaza et Israël. « L’effusion de sang doit s’arrêter maintenant », a déclaré la chef de la diplomatie allemande Annalena Baerbock lors d’une rencontre avec ses trois homologues à Berlin. « Nous devons nous opposer ensemble aux opérations militaires, la violence doit cesser », a ajouté le ministre jordanien Ayman Safadi lors d’une conférence de presse. Cela intervient alors qu’Israël vient d’ajouter une victime de choix à son palmarès en ayant liquidé, dans une frappe, Le Jihad islamique a annoncé le décès d’Ali Hassan Ghali, commandant de l’unité balistique des brigades al-Qods et membre de son conseil militaire lors d’une frappe israélienne à Khan Younes.
A rappeler que la riposte des factions de résistance palestinienne ne s’est pas fait attendre. Moins de 36 heures après le massacre perpétré à l’aube du mardi 9 mai au cours duquel 13 palestiniens ont été tués dont 5 femmes, 3 enfants et 3 chefs du Jihad islamique, près de 300 roquettes ont été tirées en près de deux heures depuis la bande de Gaza. La riposte baptisée « Vengeance des libres » a été réalisée avec la participation de la Chambre conjointe des factions de résistance. Celle-ci comprend en plus des bras armés du Jihad islamique et du Hamas, les Brigades Abou Ali Moustafa du FPLP, celle du FDLP, certaines brigades d’al-Aqsa du Fatah, celles des Moudjahidine…« Cette opération est une riposte à l’attentat contre les chefs des Brigades al-Qods », a-t-elle annoncé.
Des centaines de roquettes ont été tirées de la bande de Gaza vers Israël mercredi, peu de temps après de nouvelles frappes israéliennes ayant fait sept morts dans le territoire palestinien, portant à 22 le nombre de personnes y ayant péri depuis mardi. En Cisjordanie, deux membres du Jihad islamique ont été tués. Il s’agit de l’escalade la plus importante entre Palestiniens et Israël depuis août 2022.
Benyamin Netanyahu, Premier ministre israélien, a indiqué que « l’opération Bouclier et Flèche se poursuit ». Des sirènes d’alerte à la roquette ont retenti dans le secteur de Tel-Aviv, ainsi que dans des villes du sud d’Israël comme Sdérot, Ashdod et Ashkelon dans la journée. Les services de secours n’ont pas fait état de blessé. Les engins présentant un danger ont été interceptés par les batteries « Dôme de fer » et le nouveau système de défense « Fronde de David ». D’après l’armée israélienne, plus de 270 roquettes ont été tirées vers Israël. Dans un communiqué commun, les groupes armés à Gaza ont indiqué avoir tiré « des centaines de roquettes » en ajoutant que « la résistance est prête pour toutes les options », ont-ils affirmé. Les Israéliens se félicitent que le Hamas n’a pas pris part de manière active à cette nouvelle confrontation.
Le Jihad islamique, ciblé par les frappes israéliennes depuis mardi, avait promis une « réponse de même ampleur que les crimes contre notre peuple et nos combattants ». À Gaza, le ministère de la Santé a fait état jeudi de 27 morts et plus de 87 blessés, en majorité des civils, femmes et enfants. Quatre combattants du Front populaire de libération de la Palestine ont également été tués, a indiqué cette organisation dans un communiqué. L’armée israélienne a indiqué avoir ciblé « plus de 40 rampes de lancement de roquettes et d’obus de mortier » appartenant au Jihad islamique, après avoir visé des combattants. L’aviation a continué en fin d’après-midi à viser de nouveaux objectifs à Gaza.
Le Jihad islamique, qualifié de « terroriste » par Israël, l’Union européenne et les États-Unis, a annoncé que plusieurs de ses combattants avaient été tués. Le même jour, en Cisjordanie, Ahmed Assaf, 19 ans, et Rani Qatanat, 24 ans, ont été tués par balles par l’armée israélienne à Qabatiyah, une localité proche de Jénine, a indiqué le ministère palestinien de la Santé, mercredi. Un adolescent de 17 ans a également été gravement blessé par balles à l’abdomen et à la poitrine, d’après cette même source.
Mercredi avant l’aube, des assaillants à bord d’une voiture ont ouvert le feu sur ses soldats à Qabatiyah, lors d’une opération pour arrêter un « suspect recherché », a indiqué l’armée israélienne dans un communiqué. « Les soldats ont riposté en tirant sur les deux assaillants et les ont tués », précise le communiqué de l’armée sioniste.
Opération critiquée
Tzachi Hanegbi, chef du Conseil israélien de sécurité nationale, avait affirmé mercredi, que l’occupation « n’a aucun intérêt à poursuivre la bataille avec les factions palestiniennes ». Au micro de Channel 13, il a déclaré que « l’incident n’est pas encore terminé », ajoutant « nous sommes toujours confrontés dans une bataille dont il est difficile de savoir combien de temps elle perdurera ».
« Les chances de parvenir à une dissuasion à long terme sont faibles », a-t-il avoué, notant que « l’annonce d’un cessez-le-feu est prématurée ».
Le journal Haaretz, citant une source politique de haut rang, a rapporté « qu’Israël a intérêt à mettre fin au conflit avec les factions de Gaza dès que possible ». Ajoutant que « toute action militaire supplémentaire de l’une ou l’autre des parties pourrait entraîner à une détérioration qui compromettrait la capacité de parvenir à un cessez-le-feu ».
Ronen Manelis, ancien porte-parole de l’armée d’occupation, a affirmé que « si le cessez-le-feu entre en vigueur dans les prochaines heures, trois parties pourront crier victoire : Israël, le Jihad et le Hamas ». Il a expliqué que « bien que le Jihad islamique ait perdu trois de ses dirigeants et de nombreuses autres victimes, il a réussi à paralyser un pays entier pendant 48 heures, rien qu’en lançant des missiles sur le centre de Tel-Aviv ».
Des sources de la résistance ont déclaré à Al-Mayadeen que « le récent bombardement de Tel-Aviv, Beer Sheva et d’autres villes est venu confirmer qu’il n’y a pas de trêve sauf aux termes de la résistance », notant que « dans le cas où l’ennemi n’adhère pas aux conditions de la résistance, nous allons élargir le cercle de feu. »