Cet accord entre Londres et Berlin intervient dans un contexte marqué par des tensions avec Moscou. Par ailleurs, le nouveau gouvernement travailliste britannique tente de se rapprocher de ses alliés européens, après le Brexit. Les questions de sécurité et de défense sont un axe majeur de ce rapprochement pour Keir Starmer, premier ministre britannique.
« Nous partageons les mêmes menaces (…) Cet accord envoie un signal à nos adversaires : nous dissuaderons et nous nous défendrons contre toute agression » a déclaré John Healey, ministre britannique de la Défense, lors d’une conférence de presse conjointe à Londres, avec son homologue allemand.
Cet accord « est le début de quelque chose de très précieux » et « les projets envisagés dans ce traité nous apporterons avant tout davantage de sécurité en Europe », a expliqué de son côté Boris Pistorius, ministre allemand de la défense, cité par TV5 Monde. « Face à la politique de division et de destruction du président russe Vladimir Poutine, nous proposons autre chose : de la solidarité, de la confiance », a-t-il souligné.
Baptisé le « Trinity House Agreement », cet accord est le premier du genre entre le Royaume-Uni et l’Allemagne. Il prévoit que les deux armées s’entraîneront plus souvent ensemble pour renforcer le flanc oriental de l’Otan.
Cap sur Rostock
L’Allemagne a inauguré à Rostock une nouvelle base navale de l’Otan en mer Baltique, avec pour mission de coordonner les forces des Etats membres de l’Alliance de la zone face à la Russie. Ce QG de l’Otan emploiera 180 personnes, dont des représentants britanniques, explique la même source.
Conformément à cet accord, les alliés de l’Alliance vont œuvrer ensemble à la mise au point d’armes de frappe à longue portée pouvant aller plus loin que les missiles Storm Shadow existant du Royaume-Uni.
L’accord prévoit aussi l’ouverture au Royaume-Uni d’une nouvelle usine de l’Allemand Rheinmetall, fabriquant des canons d’artillerie à partir d’acier britannique. « Cet accord trace un chemin vers une coopération industrielle plus approfondie », a soutenu J. Healey, indiquant que la coopération militaire entre les deux pays restait « sous-développée ».
Un traité bilatéral plus large devrait être signé l’an prochain entre Berlin et Londres.
À la question de savoir si cet accord bilatéral pouvait être une menace à la coopération franco-allemande en matière de défense, B. Pistorius a répliqué que c’était « le contraire », assurant que Paris avait été impliqué dans les discussions portant sur cet accord.
A signaler que la Russie a convoqué mardi l’ambassadeur allemand à Moscou pour protester contre l’ouverture d’une nouvelle base de l’Otan en mer Baltique. La diplomatie russe a indiqué que « l’ambassadeur d’Allemagne à Moscou a été convoqué au ministère russe des Affaires étrangères, auquel il a été adressé une vive protestation », rapporte Le Figaro. « Washington, Bruxelles et Berlin doivent savoir que l’expansion de l’infrastructure militaire de l’Otan sur le territoire de l’ancienne RDA aura les conséquences les plus négatives et ne restera pas sans réponse », prévient Moscou. Selon la partie russe, cette mesure de Berlin « s’inscrit dans la continuité de la révision rampante des résultats de la Seconde Guerre mondiale et de la militarisation du pays ».
Lors de sa convocation, l’ambassadeur allemand « a démenti en toute clarté que le traité 2+4 ait été violé par le gouvernement fédéral », a souligné un porte-parole du ministère des Affaires étrangères, cité par Le Figaro. La Russie accuse Berlin de violer les dispositions du traité de Moscou de 1990 qui détermine le statut international de l’Allemagne après sa réunification. Ce traité interdit le stationnement et le déploiement de forces étrangères sur le territoire de l’ancienne RDA. « Nous avons exigé de Berlin des explications immédiates et exhaustives » sur l’ouverture de cette base de l’Otan, a indiqué la diplomatie russe.
Ce QG de l’Otan, situé à Rostock en mer Baltique aura pour mission de « coordonner les activités navales » et de donner à l’Alliance atlantique « un tableau actuel de la situation maritime » dans la zone, déclare l’armée allemande. Il vise aussi à défendre les intérêts des États membres de l’Otan face aux « actions agressives, notamment en raison de la proximité de la Russie ».